En 2019, 37% des salariés ne se sentaient pas rester dans leur emploi jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite selon une enquête des services statistiques du ministère du travail (Dares) publiée le 9 mars 2023. Mais, quels sont les facteurs qui expliquent une telle situation ?

Exposition à des risques professionnels physiques ou psychosociaux, secteurs professionnels particulièrement soumis à des tâches pénibles, niveau de qualification des emplois, linéarité des carrières professionnelles… l’étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite a observé les facteurs qui influent sur le sentiment des salariés quant à leur capacité à tenir leur emploi jusqu’à la retraite.

Contraintes psychosociales et fatigue physique, deux facteurs cumulatifs

Alors qu’une réforme sur les retraites est en discussion au Parlement, les auteurs de l’étude estiment que « la question de la capacité des salariés à rester au travail se pose« .

L’étude trace les trois grands axes qui conditionnent le sentiment d’insoutenabilité du travail :

  • l’organisation du travail ;
  • les conditions de travail ;
  • la situation des salariés (état de santé, articulation entre vie privée et travail…)

Paradoxalement, le sentiment d’insoutenabilité du travail décroît avec l’âge. Il est plus présent chez les femmes (41% contre 34% chez les hommes) mais semble fortement lié à la charge familiale, notamment pour celles qui ont eu à élever des enfants (dans le cas de situations monoparentales, le sentiment est identique chez les deux sexes).

La catégorie socio-professionnelle (cadre, profession intermédiaire, employé ou ouvrier) joue peu, même si le sentiment d’insoutenabilité est moins présent chez les cadres.

En revanche, les secteurs professionnels sont plus déterminants, avec une plus grande inquiétude pour les métiers de l’accueil du public (caissiers, employés de banque, des assurances et de l’hôtellerie-restauration), de l’action sociale ou pour les ouvriers dans la manutention, le bâtiment ou la mécanique.

Les contraintes psychosociales dans le travail (insécurité économique, intensité des tâches, rapports sociaux dégradés…) exercent également une forte influence.

Quand les facteurs se cumulent (contraintes physiques et psychiques), la présence dans l’emploi occupé est plus difficile.

Les salariés ayant connu des interruptions de travail longue (chômage, arrêts maladie, congés parentaux étendus…) sont également plus pessimistes quant à leur capacité à poursuivre leur activité jusqu’à la retraite.