À moins d’un an des Jeux olympiques, la France accueille, du 8 septembre au 28 octobre 2023, la 10e coupe du Monde de rugby. Si l’exercice n’est pas nouveau pour les forces de sécurité intérieure, qui seront largement mobilisées pendant près d’un mois et demi pour assurer la sécurité des équipes tout au long de leur séjour ainsi que celle des spectateurs, dans les stades comme sur les fan zones, l’heure est toutefois au rodage de nouveaux process et structures mis en œuvre dans la perspective du rendez-vous de Paris 2024. Le ministre de l’Intérieur a annoncé, ce mercredi 6 septembre, un dispositif de sécurisation conséquent pour que rien ne vienne gâcher la fête autour de cet événement sportif.
« Un niveau de sécurité maximal ». C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer (MIOM) Gérald Darmanin, à deux jours du coup d’envoi de la 10e coupe du Monde de rugby, lors de la conférence de presse qu’il a tenue ce mercredi 6 septembre, place Beauvau, aux côtés de la ministre de Sports la ministre des sports et des Jeux Olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castera, à l’issue de l’inauguration du nouveau Centre national de commandement stratégique (CNCS).
Mise en place pour la première fois à l’occasion de cet événement sportif majeur, en préfiguration des J.O. 2024, cette structure interministérielle temporaire vise à assurer une veille permanente et transmettre les informations utiles liées au déroulement de la compétition. Véritable centre de suivi des opérations et d’aide à la décision, tant politique que stratégique, il pourra, du fait de son ossature, à laquelle contribuent toutes les forces (pour la gendarmerie, un militaire hors temps de match et quatre les jours de match, NDLR), se transformer en toute fluidité en Cellule interministérielle de crise (CIC) en cas d’événement majeur lié à la Coupe du monde de rugby, laissant à la CIC classique la capacité de traiter tout autre événement. « Un nouveau dispositif de commandement intégré qui va monter en puissance pour les J.O. », a d’ailleurs indiqué le ministre de l’Intérieur.
« Une mobilisation sans précédent »
Si la sécurité à l’intérieur des stades est du ressort de l’organisateur, il en va de la responsabilité de l’État de l’assurer à l’extérieur de ces enceintes, comme l’a rappelé Gérald Darmanin. À cet effet, plus de 5 100 gendarmes et policiers en moyenne, soit 37 Unités de forces mobiles (UFM), seront mobilisés chaque jour, et jusqu’à 7 500 (39 UFM) pour certains matches clés, comme ceux de l’ouverture et de la finale au Stade de France. Les vingt équipes seront quant à elles placées sous la protection du GIGN ou du Raid. Elles bénéficieront en outre chacune de la présence d’un officier de liaison, gendarme ou policier, pour les sujets sécurité (Team Security Liaison Officer) et leur déplacement pourra, au besoin, faire l’objet d’une escorte. 160 policiers et gendarmes d’autres pays européens viendront également prêter main-forte aux Forces de sécurité intérieure (FSI) françaises, notamment pour permettre de meilleurs échanges avec leurs concitoyens. 5 000 agents de sécurité privée seront également mobilisés dans les neuf villes hôtes. Les stades feront quant à eux l’objet d’une inspection de sécurité « explosifs », de même que les hôtels et les terrains d’entraînement, qui seront contrôlés avant l’arrivée des équipes, ou encore les villages rugby.
« Une mobilisation sans précédent », a insisté Gérald Darmanin, et ce afin que ce rendez-vous sportif, au 4e rang des événements les plus regardés, se déroule dans les meilleures conditions pour les équipes, les spectateurs, ainsi que pour les riverains des différents stades.
En effet, la coupe du Monde de rugby, ce sont 48 matches, qui se joueront dans neuf stades différents, plus de 2 millions de spectateurs attendus au cours des 27 jours de compétition, dont 600 000 visiteurs venus de l’étranger, et près de 900 millions de téléspectateurs, offrant ainsi à la France une belle vitrine de ses savoir-faire, mais également une caisse de résonance d’ampleur pour des actions terroristes, voire écologistes. Par ailleurs, deux autres événements vont également mobiliser les forces de l’ordre en marge de la compétition : la visite papale à Marseille, les 22 et 23 septembre, et celle du Roi Charles III à Bordeaux du 20 au 22.
Si à ce jour, « aucune menace particulière n’a été détectée pour cette coupe du Monde ou le match d’ouverture », l’acte terroriste reste néanmoins la première menace, a indiqué le ministre, évoquant également des « menaces cyber », « technologiques », notamment via l’usage de drones à des fins malveillantes, les actes de « délinquance », ou encore les actions de « mouvements contestataires » qui voudraient « marquer le coup ».
Une préparation de longue haleine
Alors, pour que rien« ne vienne gâcher la fête », « la France se prépare depuis longtemps » à cette échéance. Par exemple, depuis plusieurs mois, 106 plans zéro délinquance ont été mis en place, notamment en Seine-Saint-Denis, afin de « multiplier les opérations d’effacement ». « 3 700 ont été menées » jusqu’à présent, pour un bilan de « 47 000 interpellations ». Un effort financier de 4,1 millions d’euros a également été consenti par l’État pour parfaire le dispositif de vidéo-protection. 550 caméras ont ainsi été achetées, au profit de 29 communes, afin de sécuriser les stades, les villages rugby ainsi que les camps de base. En revanche, les caméras « intelligentes » ne seront mises en place que dans le cadre des J.O., ainsi que le prévoit la loi JOP.
Un important travail a par ailleurs été mené en lien avec le ministère des Armées afin que tous les stades et leurs abords, mais également les terrains d’entraînement, soient couverts par un dispositif de lutte anti-drone. L’ensemble des stades a également fait l’objet d’un audit cyber, financé par le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, et un plan d’action spécifique a été mis en place par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.
Enfin, les préfectures hôtes des matchs ont établi un plan national de mobilité en lien avec la délégation interministérielle aux grands événements sportifs, afin de sécuriser les transports publics, faciliter le déplacement du public sur le territoire lors des compétitions et des festivités, anticiper l’arrivée et l’accompagnement des visiteurs étrangers, gérer les flux dans les villes hôtes les jours de matchs ou encore prévoir l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite et encourager les alternatives bas carbone pour se rendre sur les sites de compétition et de festivités.
Évoquant la finale de la Ligue des Champions du 28 mai 2022 au Stade de France, les deux ministres ont confié avoir su tirer les leçons des événements survenus. Cette fois « tous les billets sont dématérialisés » et « les cheminements pour accéder au Stade de France ont été parfaitement revus », a expliqué le ministre de l’Intérieur. Concernant le gros sujet des transports, ce dernier a indiqué l’absence actuelle de dysfonctionnement du RER et néanmoins l’existence de plans alternatifs pour pallier une éventuelle défaillance. Par ailleurs, pour une meilleure fluidité, « les contrôles se feront à l’intérieur du stade et pas juste après la billetterie ». Enfin, « nous avons quintuplé le nombre de forces de l’ordre pour lutter contre la délinquance » et « il y aura des policiers jusque dans la dernière rame de métro. »
Une mobilisation sans précédent donc, notamment permise par l’augmentation des effectifs de la police et de la gendarmerie voulue par le président de la République, mais aussi par l’annulation des congés et l’adaptation des horaires des gendarmes et des policiers, que le ministre de l’Intérieur n’a pas manqué de remercier pour ce sacrifice.
Source: gendinfo.fr