Depuis le mois de novembre 2022, STORM (Services à très haut débit, opérationnels, résilients et mobiles) se déploie dans les unités de gendarmerie nationale. Un projet qui a vu le jour à la suite des attentats de 2015.

Interopérabilité, préemption et priorisation. Tels sont les termes qui définissent particulièrement l’application STORM, en déploiement depuis novembre 2022 au sein des forces de l’ordre, notamment la gendarmerie nationale. Après le drame que la France a connu le soir du 13 novembre 2015, le constat est fait par les forces de l’ordre de cet impératif d’interopérabilité entre leurs unités. Un projet est rapidement pris en compte par le Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure (ST(SI)2) en lien avec des industriels et les forces d’intervention spécialisée.

STORM, un outil opérationnel de coordination

Le colonel Stéphane Authier, directeur de programme pour l’application STORM, explique son fonctionnement : « STORM est une application, « team on mission » (TOM), qui est associée à une carte SIM spécifique et permet de bénéficier d’un certain nombre de fonctionnalités sur le terminal Neo 2. Les militaires qui en sont équipés accèdent à des conférences tactiques [NDLR : liaison radio commune pour l’ensemble des participants connectés] sur le smartphone. » Les militaires ont ainsi accès à plusieurs conférences, généralement celle du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) [NDLR : un GGD recouvre le territoire d’un département] et celle de l’unité d’affectation pour le quotidien et les interventions. Il est par exemple aussi possible d’ouvrir une conférence dédiée à une opération judiciaire : les personnels des unités impliquées peuvent y avoir accès mais aussi ceux du GGD, comme au Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG).

« Les gendarmes, ajoute le colonel, ont aussi accès à des fils de discussion sécurisés permettant d’échanger des informations opérationnelles de manière quasiment instantanée. Ces fils peuvent être liés à une conférence ou indépendants. Enfin, grâce à l’application, ces smartphones sont géolocalisés, ce qui est très intéressant sur un dispositif opérationnel. »
Les fils de discussion sont sécurisés mais configurables avec une grande souplesse, permettant une vraie fluidité dans la manœuvre. Par ailleurs, à chaque utilisateur correspond un profil, lequel a niveau de priorité, ce qui permet de s’organiser au sein des conférences. « Ce sont des outils de commandement, organisés à la main du chef, qui peut l’adapter à ses besoins », précise le directeur de programme.

Au-delà de l’usage quotidien propre à la gendarmerie, STORM permet aussi d’échanger directement avec les unités de police voisines, que ce soit pour diffuser la description d’un individu venant de commettre un méfait, se coordonner lors d’une opération judiciaire ou un événement particulier.

Au niveau technique

STORM passe par des réseaux 4G civils, ce qui lui offre un débit très fluide, que ce soit pour la qualité de la communication ou l’envoi des pièces jointes. Toutefois, la question de la priorisation des communications s’est rapidement posée. « À travers cette application, les transmissions des forces de sécurité intérieure bénéficient d’une préemption et d’une priorisation par rapport aux communications du grand public, ce qui est une énorme plus-value au point de vue opérationnel. Il y a une garantie sur le fait que nos échanges vont passer », explique le colonel Authier.

La carte SIM de STORM possède également une fonction d’itinérance. Elle utilise le réseau Orange, mais si les militaires entrent dans une zone où celui-ci s’avère plus faible qu’un autre, la carte va se rattacher automatiquement au réseau qui offre un meilleur service, ce qui permet au militaire de toujours bénéficier de STORM.

Le produit est également équipé d’accessoires, dont le principal est un micro-poire connecté en bluetooth et présentant deux boutons permettant d’émettre sur plusieurs conférences. L’appel d’urgence n’est en revanche pas encore déployé sur STORM et continue de passer par le réseau radio classique, RUBIS, présent dans le véhicule et devant rester allumé en patrouille. Cela en fait un réseau de secours indispensable. Au niveau du département, le CORG détient une passerelle pour faire le lien entre Rubis et STORM.

Bilan en cette fin d’année 2023

À ce jour, 37 000 gendarmes sont équipés de STORM, dont l’ensemble des militaires de la gendarmerie mobile et certains GGD. Le premier événement en cible était la Coupe du Monde de rugby.

« Nous sommes en train d’étendre l’outil aux gendarmeries spécialisées et nous poursuivons le déploiement pour la gendarmerie départementale, indique l’officier supérieur. La cible pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 est de 42 000 gendarmes équipés de STORM, et 26 GGD. Comme la mise en œuvre se fait en parallèle de celle de la police nationale, les GGD concernés ne sont pas tous « terres de jeux » et il y a un intérêt opérationnel différent si, par exemple, une Direction départementale de sécurité publique est déjà équipée. » À ce jour, l’objectif est d’armer 80 000 utilisateurs pour la gendarmerie. Un bilan sera fait après les J.O. afin d’apprécier et d’ajuster la trajectoire de déploiement.

La déclinaison de l’application pour les différents métiers de la gendarmerie, tels que les motocyclistes ou les pilotes d’hélicoptère, est également à l’étude de manière plus fine.
Depuis le début du programme, l’équipe technique et fonctionnelle est au contact des unités de terrain pour recueillir leurs avis et impressions, et lister les points qui pourraient être améliorés. « C’est vraiment un produit que l’on construit en liaison avec le terrain et qui est amené à évoluer en prenant en compte les remontées qui en sont issues, mais aussi les aléas qui y sont potentiellement rencontrés », expose le colonel.

Finalement, STORM, d’abord pensé pour les unités d’intervention spécialisée (GIGN, RAID, BRIPP), en interopérabilité, est décliné pour le quotidien des gendarmes à la suite des recherches et travaux d’expérimentation conduits.

Prochaine étape : faire entrer l’application de manière autonome dans le Réseau radio du futur (RRF), STORM ayant vocation à y constituer la brique de sécurité intérieure du réseau. L’interopérabilité mise en œuvre aujourd’hui avec la police nationale pourra ainsi être étendue aux Services départementaux d’incendie et de secours, au SAMU ou à d’autres partenaires.

Source: gendinfo.fr