Le 17 novembre 2023, un attroupement se forme au sein de la gare RER de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines : un agent de la RATP est en train de se faire agresser par un individu qui cherchait à frauder. La foule filme, mais un jeune homme, gendarme adjoint volontaire en repos, décide d’intervenir.

Lyazid a 22 ans, presque 23. Il est Brigadier-chef (BRC) à la Section de recherches (S.R.) de Versailles depuis l’été dernier. Cet après-midi du 17 novembre, il a pris un congé pour aller chez le coiffeur où il a ses habitudes avant de rejoindre sa compagne pour le week-end, celle-ci étant en école de gendarmerie.

« Arrivé à la gare RER de Saint-Germain-en-Laye, je vois un attroupement et la foule qui regarde en direction des portiques : un homme portant un gilet de contrôleur se fait plaquer violemment contre le photomaton par un individu qui le maintient par le col, et dont les mains se portent vers ses côtes », se remémore le jeune GAV. Ne sachant pas à ce moment s’il lui assène des coups de poing ou de couteau, il observe quelques secondes la scène, le temps d’analyser ce qui se passe sous yeux. « Je me porte alors au niveau de l’agresseur pour intervenir, poursuit-il, et je lui demande de se calmer à plusieurs reprises, mais il ne m’entend pas. Malgré tout, je parviens à attraper l’un de ses bras, et le contrôleur arrive ensuite à prendre l’autre et on le maintient. » Le brigadier-chef a alors le réflexe de demander aux autres membres de la RATP de trouver un coin plus calme, loin de la foule. Mais à peine a-t-il prononcé ces mots que l’homme se dégage de la prise du contrôleur et le BRC Lyazid se retrouve seul à le contenir. L’individu se débat, cherche à se défaire de son maintien. S’ensuit une lutte acharnée pendant de longues secondes…

Une application des gestes appris en formation

Le gendarme finit par le mettre au sol, ainsi qu’il l’a appris en école… alors qu’un second quidam s’en mêle et l’attrape aux épaules pour le forcer à lâcher.

« Les contrôleurs le repoussent et je peux annoncer que je suis gendarme, explique-t-il. L’agresseur commence à comprendre que ça ne sert à rien de se débattre. J’arrive à le mettre sur le ventre et à lui faire plier le coude pour l’immobiliser, un vrai cas d’école ! »

L’homme comprend alors qu’il doit obtempérer, mais explique qu’il a du mal à respirer. Le brigadier-chef Lyazid a l’habitude de ce genre de situation : avant d’arriver à la S.R., il a été affecté pendant deux ans en Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG), et a également pratiqué des sports de combat ; il a aussi été pompier volontaire. Avec la surprise, la lutte, il arrive souvent qu’une personne ait du mal à reprendre haleine. « J’arrive à l’asseoir avec l’aide du contrôleur pour qu’il puisse reprendre son souffle, tout en lui faisant comprendre qu’il ne doit pas s’enfuir et qu’on ne va pas le lâcher. »

La police arrive une dizaine de minutes plus tard ainsi que la police municipale et le Groupe de protection et de sûreté des réseaux de (GPSR) de la RATP. Les forces de l’ordre procèdent alors au contrôle et à l’interpellation du mis en cause. « À ce moment-là j’ai un peu le sentiment d’une délivrance », confie le BRC.

Une action récompensée et un avenir prometteur

Joli coup du hasard, une fois sa coupe de cheveux rafraîchie, le jeune gendarme reprend le RER et y retrouve l’équipe de contrôleurs à laquelle il a prêté main-forte. « Pendant le trajet, on a pu débriefer de ce qui s’est passé et ils m’ont gentiment remercié d’être intervenu », explique-t-il.

Le BRC Lyazid, qui a rendu compte des faits à ses chefs comme tout militaire, a reçu une lettre de félicitations du commandant de région. Le préfet des Yvelines, Monsieur Jean-Jacques Brot, lui a également remis la médaille pour acte de courage et de dévouement lors de la cérémonie de la Sainte-Geneviève, le 5 décembre dernier. « Je ne m’y attendais pas du tout. Quand on agit, on est à mille lieues de s’imaginer tout ça, on agit par réflexe. On ne réfléchit pas à intervenir, seulement à comment on va le faire. Ça me frappera toujours autant que les gens puissent laisser quelqu’un se faire agresser et filmer sans rien faire. »

Un bel état d’esprit et une belle action, soulignés par le colonel Denis Hebinger, commandant de la S.R. de Versailles : « Je suis très fier de l’action de ce jeune gendarme adjoint volontaire. Il a eu le courage d’intervenir tout en mettant en pratique des gestes appris lors de sa formation en PSIG. Il a de belles perspectives devant lui s’il s’en donne les moyens. » Ce que le GAV concrétisera en passant les concours de sous-officier de gendarmerie et de gardien de la paix !

Quant à sa compagne, bien qu’elle eût préféré qu’il ait son train pour le retrouver plus tôt, elle est évidemment très fière de lui !

Source: gendinfo.fr