Dans un rapport, le Sénat constate que le droit à l’avortement a reculé dans de nombreux pays du monde. Environ 41% des femmes en âge de procréer résideraient dans des pays où la législation sur l’avortement est restrictive, soit près de 700 millions de femmes.

Le Sénat a organisé, en novembre 2023, un colloque consacré au droit à l’avortement dans le monde. Il a été suivi par la publication d’un rapport, fin janvier 2024 qui dresse un panorama des lois mondiales sur l’avortement.

En France, le gouvernement a présenté un projet de loi visant à inscrire le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Le texte a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale, le 30 janvier 2024.

Un recul du droit à l’avortement dans de nombreux pays

Au cours des 25 dernières années, plus de 50 pays ont modifié leurs lois pour faciliter l’accès des femmes à l’avortement. En 2023, 75 pays autorisent le recours à l’interruption volontaire de grossesse, sur demande et sans restriction, dans le respect d’un certain délai et 13 autres pour des raisons socio-économiques.

Cependant, ce droit reste restreint, voire inexistant :

  • dans 24 pays, l’avortement est strictement interdit ;
  • dans 41 pays, il est autorisé seulement pour sauver la vie de la mère ;
  • dans 49 pays, il est autorisé pour des raisons de santé.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les lois en Afrique, parmi les plus restrictives, exposent des millions de femmes à des avortements dangereux et clandestins. Chaque année, on recense 6,2 millions d’avortements à risque en Afrique subsaharienne, causant au moins 15 000 décès.

En Amérique du Sud, 97% des femmes en âge de procréer vivent dans des États dont la législation restreint l’accès à l’avortement.

Aux États-Unis, en juin 2022, la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait depuis 1973 le droit des Américaines à avorter et a rendu à chaque État sa liberté de légiférer. L’avortement est désormais interdit dans 14 États américains.

L’accès à l’avortement dans l’Union européenne est autorisé dans 25 États membres sur 27. Il est interdit à Malte et en Pologne, sauf en cas de danger pour la mère, de viol ou d’inceste.

De nombreux obstacles pour l’accès à l’IVG

Même dans les pays où l’avortement est légal, il existe des problèmes d’accès. Ces obstacles sont multiples : stigmatisation sociale, culturelle et religieuse, manque de médecins et de structures de santé et plus spécifiquement de professionnels acceptant de pratiquer des avortements, coût de l’IVG…

L’accès à l’IVG demeure fragile en Europe. Des législations restrictives ont été adoptées, notamment en Pologne, en Hongrie et aux Pays-Bas. En Italie et en Suède, les droits sexuels et reproductifs des femmes restent menacés et appliqués de manière inégale.

Selon le rapport, les mouvements anti-IVG progressent en Europe. Grâce à leur influence sur les décideurs politiques et leurs campagnes de désinformation sur internet, ces groupes parviennent à imposer de nouvelles barrières à l’IVG.

Plusieurs recommandations sont formulées dans le rapport, notamment :

  • la régulation des plateformes en ligne, en particulier des réseaux sociaux ;
  • l’inscription de l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ;
  • l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française permettrait de garantir davantage de droits pour les femmes. Le contexte actuel montre combien « ces droits sont réversibles« , surtout en cas d’alternance politique.

Source: vie-publique.fr