Dimanche 12 mai 2024, les gendarmes de la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Brieuc vont répondre à un appel concernant un forcené défavorablement connu de la justice et réputé pour être particulièrement agressif. Une interpellation risquée qui vient rappeler la dangerosité des missions auxquelles les gendarmes sont chaque jour confrontés.

C’est une de ces interventions particulièrement sensibles, auxquelles sont régulièrement confrontés les gendarmes sur l’ensemble du territoire, qui s’est déroulée dimanche 12 mai 2024, dans les Côtes-d’Armor. En plein week-end, deux gendarmes de la Communauté de brigades (CoB) de Châtelaudren-Plouagat, rattachés à la compagnie de gendarmerie départementale de Saint-Brieuc, sont appelés pour un individu retranché à son domicile avec des armes.

Un forcené particulièrement dangereux et déterminé

L’homme, âgé de 32 ans, est déjà largement connu des services de gendarmerie. Condamné à cinq reprises, il a notamment écopé d’une peine d’un an d’emprisonnement, dont six mois avec sursis probatoire, par le Tribunal judiciaire de Saint-Brieuc, pour des faits de violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, rébellion, outrages et violences sur ascendant en date du 14 novembre 2022.

Au vu de ce palmarès, les gendarmes de la CoB comprennent très vite qu’ils ont affaire à quelqu’un de dangereux. Après s’être rendus sur place pour évaluer la situation, ils demandent sans attendre le renfort des militaires du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Saint-Brieuc.
Sur place, le forcené, toujours retranché, tire à plusieurs reprises sur les gendarmes et lance des projectiles contenant du gaz lacrymogène. Ne comptant pas se laisser interpeller, ce dernier dit avoir piégé les lieux avec une grenade offensive et une bouteille de gaz, avant de mettre le feu à son domicile.

Pour permettre aux pompiers de maîtriser l’incendie, protéger l’individu de lui-même et éviter que le feu ne se propage, les militaires du PSIG doivent intervenir en urgence.
Afin de maîtriser l’homme, un premier gendarme va alors faire usage à deux reprises du pistolet à impulsion électrique, sans succès. À ses côtés, un second militaire, lui aussi du PSIG, va alors lâcher le chien d’attaque sur le forcené, qui va réussir à l’éviter, n’hésitant pas à blesser l’animal au passage.

Face à la situation et au vu de la dangerosité et de la détermination de l’individu, ce même gendarme décide, après les sommations réglementaires, de faire usage de son arme. Lors du premier tir, la balle touche l’une des jambes de l’individu. Loin de le calmer, cela va le faire réagir. Alors qu’une dizaine de gendarmes sont présents sur les lieux, il fait le geste de passer la main derrière son dos, pouvant faire croire à la récupération d’une nouvelle arme susceptible d’être cachée. Face à cette réaction et au vu des circonstances, le même gendarme va tirer une seconde balle dans son autre jambe. L’individu est maîtrisé.

Saisie de nombreuses armes

Pris en charge par les pompiers et par le SAMU, l’homme est immédiatement hospitalisé, puis opéré. Son pronostic vital n’étant plus engagé, et au vu de son état, il est pris en charge dans un établissement psychiatrique. L’expertise réalisée pour évaluer son état psychologique conclut à sa responsabilité pénale, alors que l’expertise toxicologique révèle un taux de 2,40 grammes d’alcool par litre de sang.

À son domicile, les gendarmes retrouvent plusieurs armes (toujours en cours d’évaluation), six armes de type air-soft projetant des projectiles en caoutchouc, dont l’une, particulièrement puissante, a servi à blesser le chien d’attaque, ainsi qu’un dispositif s’apparentant à un cocktail Molotov, confectionné dans une bouteille en verre.
Les enquêteurs découvrent également une bouteille de gaz portant des traces de ripage à proximité du bouchon, et constatent que le forcené a pris le temps d’entraver volontairement les entrées de son habitation dans le but de gêner la progression des intervenants. À chaque ouverture, il a également disposé des réserves de munitions et de gaz pour ses armes. Dans un message adressé à sa mère et à sa sœur, l’homme avait clairement affirmé son intention de tout faire pour être tué par les gendarmes. Ce ne sera pas le cas !

Ouverture d’une enquête

Conduite par le parquet de Saint-Brieuc, l’enquête pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique est confiée à la Brigade de recherches (B.R.) de Saint-Brieuc. Elle permettra de « faire la lumière sur les circonstances exactes des faits et évaluer l’état psychique du suspect », explique le parquet de Saint-Brieuc dans un communiqué. L’individu devrait être placé en garde à vue dès que son état le permettra.

En parallèle de l’enquête menée par la B.R. de Saint-Brieuc, la Section de recherches (S.R.) de Rennes a quant à elle été saisie pour déterminer le cadre précis d’usage des armes par la gendarmerie. Une procédure habituelle, dont les premiers éléments montre un usage des armes réglementaire et proportionné à l’attaque dont le militaire a été victime.
« La répression des atteintes à l’autorité est une priorité de politique pénale du parquet. La présente affaire illustre l’importance des risques qu’ils [les gendarmes, NDLR] encourent lors de leurs interventions », conclut ainsi le parquet.

Grâce au sang-froid et au professionnalisme des gendarmes de la compagnie de Saint-Brieuc intervenus ce jour-là, aucun blessé n’a été à déplorer au cours de cette intervention, au sein de l’unité ou parmi les pompiers mobilisés.

Source: gendinfo.fr