La France respecte le rythme de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Toutefois, les forêts et les sols n’absorbant pas autant de CO2 que prévu, la France n’atteint pas ses objectifs climatiques de neutralité carbone.

En charge de l’inventaire des gaz à effet de serre en France pour le ministère de la transition écologique, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) a publié, le 23 mai 2024, un bilan actualisé des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France en 2023.

La stratégie nationale bas carbone est-elle respectée ?

Le budget carbone 2019-2023 de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) est respecté hors utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF), c’est-à-dire sans prendre en compte les puits de carbone (systèmes capables de capter et stocker du CO2 présent dans l’atmosphère).

Sur ces cinq années, les émissions de GES atteignent 400 millions de tonnes (Mt) de CO2 par an en moyenne alors que le budget carbone (plafond d’émissions) était fixé à 420 Mt de CO2 en moyenne annuelle.

En revanche, si l’on prend en compte les puits de carbone, le budget carbone 2019-2023 n’est pas respecté. Il était prévu que 41 Mt de CO2 par an devaient être séquestrées dans la biomasse et les sols, alors que seulement 20 Mt l’ont réellement été.

Cela s’explique notamment en raison de l’effet :

  • des sécheresses à répétition depuis 2015 ;
  • de maladies affectant le taux de mortalité des arbres ;
  • et d’une hausse des récoltes de bois.

L’atteinte de la neutralité carbone impliquera un effort encore plus conséquent de la part de tous les secteurs émetteurs de GES.

Les émissions de GES par secteur

Selon les données du Citepa, en France hexagonale et dans les territoires d’outre-mer inclus dans l’Union européenne, les émissions de GES (hors puits de carbone) ont baissé de 5,8% (-22,8 Mt de CO2entre 2022 et 2023.

Pour le secteur de l’industrie de l’énergie, le niveau d’émissions est en baisse de 17,9% par rapport à 2022. La hausse de la production d’électricité bas carbone et la poursuite de la baisse de la consommation d’électricité expliquent principalement cette tendance.

Pour les bâtiments, les émissions sont en baisse de 8,8%. Cette baisse est due à la poursuite des comportements de sobriété des ménages et entreprises et à la rénovation thermique des bâtiments, ainsi qu’à l’installation de pompes à chaleur.

Pour l’industrie, les émissions se réduisent de 8,7% avec une baisse dans les secteurs les plus émetteurs (minéraux non métalliques, chimie, métallurgie des métaux ferreux).

Pour le secteur du transport routier (premier secteur émetteur), la baisse est estimée à -3,4%. L’augmentation du prix des carburants l’explique en partie, ainsi que le renouvellement du parc par des véhicules moins énergivores ou électriques, le covoiturage, les mobilités douces.

Pour le secteur du transport aérien, si les émissions des vols domestiques reculent de 3,4% (suppression des vols de courte durée inférieure à 2h30 si une alternative ferroviaire directe existe – décret du 22 mai 2023), celles du trafic international augmentent de 16%.

Pour l’agriculture, les émissions sont en baisse de 1,6% (recul des apports d’engrais minéraux, recul du cheptel bovin).

Source: gendinfo.fr