Un rapport du Sénat dresse un tableau dégradé sur la situation des Ehpad. Crise financière, pénurie de personnels, maltraitance… la crise des Ehpad provient de plusieurs facteurs et suppose certains changements. Les trois rapporteures proposent des pistes d’amélioration face à un modèle qui « apparaît à bout de souffle ».
66% des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont déficitaires en 2023 (contre 27% en 2020). Les difficultés financière « inédites » se sont aggravées ces trois dernières années, constate le rapport du Sénat publié le 25 septembre 2024. Pourtant, l’augmentation prévue du nombre de personnes âgées dépendantes devrait avoisiner les 16% d’ici 2030, 36% d’ici 2040 et 46% d’ici 2050. Les besoins d’accompagnement et de prise en charge risquent de se heurter à une « situation économique fragilisée ».
Aujourd’hui, les Ehpad prennent en charge plus de 600 000 personnes.
Une situation financière « fortement dégradée »
84,4% des établissements relevant de la fonction publique hospitalière présentent un résultat déficitaire. Son montant est évalué à 800 millions d’euros en 2023 par la Fédération hospitalière de France (FHF). Les sections les plus touchées sont l’hébergement (résultat de -2,5%) et la dépendance (-6,3%). En cause, plusieurs difficultés :
un taux d’occupation des Ehpad « en berne » (88,7% au premier trimestre 2023) marqué par une baisse en 2020 et 2021 liée à la crise sanitaire du Covid-19 et à une crise de confiance (scandale Orpéa) ;
une hausse des dépenses : inflation, revalorisations salariales et évolution insuffisante du tarif hébergement ;
des ressources humaines « en forte tension » avec d' »importantes difficultés de recrutement et de fidélisation de ses personnels » et un absentéisme « élevé » ;
une organisation du financement « dépassée » : la séparation en trois sections tarifaires (soins, hébergement, dépendance) est « source de complexités et de coûts de moins en moins justifiés » ;
des aides publiques insuffisantes malgré le fonds d’urgence pour les établissements et services médico-sociaux (ESMS) en difficulté, doté de 100 millions d’euros ;
des disparités territoriales sur les prix et le reste à charge dues notamment au prix de l’immobilier et aux différences entre secteur privé et public (13,6% des places dans les établissements privés sont habilitées à l’aide sociale contre 96% pour le public).
Des recommandations pour adapter les Ehpad aux défis à venir
Le rapport propose un certain nombre de recommandations pour améliorer la situation, notamment :
faire des Ehpad des lieux de vie et non plus seulement des lieux de soins mal agencés (chambres « trop petites », en moyenne 21 m2, espaces collectifs « trop grands, ternes et inhospitaliers », par exemple) ;
adapter les établissements au changement climatique, en particulier aux fortes chaleurs (cause de 87% des décès des plus de 70 ans pendant la canicule de 2003) ;
revoir le modèle de tarification et de financement ;
renforcer les moyens financiers en créant une deuxième journée de solidarité (suppression d’un jour férié) ;
développer l' »attractivité des métiers », par rapport aux questions de rémunération, de formation et de qualification tout en améliorant les conditions de travail ;
fixer un objectif de taux d’encadrement de huit équivalents temps plein (dont six soignants) pour dix résidents d’ici dix ans.
Loi du 8 avril 2024 portant mesures pour bâtir la société du bien-vieillir et de l’autonomie
Source: vie-publique.fr