Le « virage domiciliaire » soutenu par les politiques publiques fait reposer une part importante de la charge de l’aide sur les proches des personnes en perte d’autonomie. 3,9 millions de personnes aident un proche de 60 ans ou plus à son domicile. Ce n’est pas sans conséquences sur leur santé.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, le 2 octobre 2024, une étude sur la santé physique et mentale des personnes de tout âge, apportant une aide régulière à des seniors de leur famille.
Cohabiter avec une personne dépendante : le facteur le plus influent
Selon l’étude, parmi les personnes aidant régulièrement une personne âgée de 60 ans ou plus, « une sur deux déclare que l’aide apportée a une conséquence sur sa santé » :
- 47% de ces proches aidants déclarent au moins une conséquence de l’aide apportée sur leur santé ;
- 19% déclarent au moins une conséquence sur leur santé physique (fatigue physique, trouble du sommeil, problème de dos ou palpitations) ;
- 37% déclarent au moins une conséquence sur leur santé mentale (fatigue morale, solitude, sensation de dépression, anxiété).
Les aidants déclarent plus de conséquences :
- si le lien avec la personne aidée est proche (conjoints ou enfants) ;
- si la personne aidée a des troubles cognitifs (trous de mémoire…) ;
- s’ils cohabitent avec elle.
Paradoxalement, les aidants âgés de 60 ans ou plus, déclarent un meilleur état de santé que les personnes qui n’aident pas. Cela peut s’expliquer par un effet de sélection, les personnes en bonne santé étant plus susceptibles d’aider.
En revanche, les seniors cohabitant avec un autre senior en perte d’autonomie, qu’ils déclarent ou non l’aider, ont une santé plus dégradée et consomment plus de médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques.
Avoir un proche en perte d’autonomie ne touche donc pas que les aidants, mais semble avoir des conséquences plus larges sur l’entourage.
Des effets négatifs plus importants sur les femmes que sur les hommes
D’après l’étude, les femmes déclarent plus de conséquences sur leur santé, en particulier les conjointes et, dans une moindre mesure, les filles aidantes.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer les écarts entre les femmes et les hommes :
- des différences dans l’aide apportée ;
- la propension à déclarer des conséquences ;
- la prise en charge des tâches domestiques.
Selon l’étude de la Drees, « le fait d’être une femme est un facteur de risque en soi, pas seulement via les différences d’aide apportée entre femmes et hommes (qui existent). »
À l’inverse, on trouve des liens positifs entre aide et santé pour les hommes davantage que pour les femmes. Par exemple, « lorsqu’ils aident, les hommes ont des taux de mortalité plus faibles que les autres hommes de leur âge.«
Source: vie-publique.fr