Chaque soir, en France, environ 3 000 femmes et autant d’enfants dorment dans la rue. Un rapport du Sénat formule plusieurs recommandations afin de mieux protéger les femmes sans domicile, souvent invisibles et qui font face à de nombreuses difficultés, entre violences et traumatismes.

La délégation aux droits des femmes du Sénat a publié, le 8 octobre 2024, un rapport sur la situation des femmes sans domicile et sans abri en France.

Une hausse du nombre de femmes sans domicile en dix ans

Aujourd’hui, on compte 330 000 personnes sans domicile en France, un chiffre qui a doublé en dix ans. Parmi elles, 120 000 sont des femmes (elles étaient environ 50 000 en 2012).

Si la majorité est hébergée dans des établissements financés par l’État, ces hébergements d’urgence ne leur offrent qu’un répit temporaire. Les femmes sans domicile doivent retourner dans la rue, parfois pendant plusieurs jours, avant de trouver un nouveau refuge. Chaque nuit, environ 3 000 femmes sans abri dorment dans la rue.

Les femmes sans domicile sont exposées à de nombreux risques liés à leurs conditions de vie précaires : vieillissement prématuré, problèmes de santé liés à une mauvaise alimentation et à un manque d’hygiène, complications médicales, troubles dépressifs, grossesses et naissances à risques…

Elles subissent également des violences physiques et sexuelles dans la rue qui s’ajoutent à celles qu’elles ont souvent déjà vécu dans leur enfance, dans leur foyer ou au cours de leur parcours migratoire. Ces femmes sont particulièrement vulnérables à l’exploitation, qu’elle soit sexuelle ou par le travail (hébergement contre « services« , prostitution).

Saturation des hébergements d’urgence

L’offre d’hébergement pour les personnes sans domicile a doublé en dix ans, atteignant :

  • 203 000 places dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et les centres d’hébergement d’urgence (CHU) et dans les hôtels sociaux ;
  • 110 000 places dans le cadre du dispositif national d’accueil (DNA) des demandeurs d’asile.

Malgré cette augmentation, le parc est saturé et il n’existe pas de solution de sortie vers un logement pérenne. Pour gérer la pénurie de places, certaines préfectures ont instauré des critères d’accès de plus en plus restrictifs, malgré le droit pour toute personne d’accéder à un hébergement de manière inconditionnelle.

Ainsi, les personnes qui ne relèvent pas du niveau 1 de vulnérabilité (femmes victimes de violences, femmes enceintes de plus de six mois, enfants de moins de trois mois) se voient souvent refuser une solution d’hébergement, faute de places disponibles ou compatibles avec leur composition familiale.

La présence de personnes étrangères en situation irrégulière contribue à la saturation des dispositifs d’hébergement. Pour résoudre durablement la situation des femmes sans abri et désengorger ces structures, les rapporteurs jugent essentiel de régulariser le statut administratif de ces personnes, souvent bloquées dans les hébergements d’urgence pendant des années.

Le rapport recommande notamment :

  • d’appliquer la circulaire Valls pour permettre des régularisations au cas par cas pour les femmes sans domicile en situation irrégulière ;
  • de créer 10 000 places d’hébergement supplémentaires pour assurer une prise en charge immédiate et d’au moins un mois pour les femmes et les familles ;
  • d’augmenter la construction de logements sociaux et de prioriser les femmes seules et les mères isolées sans domicile dans l’attribution de ces logements.

Source: vie-publique.fr