Les services statistiques des ministères de la justice et de l’intérieur dressent un état des lieux de la traite et de l’exploitation des êtres humains en 2023 en France. Le nombre de victimes a augmenté par rapport à l’année dernière. La majorité d’entre elles sont des femmes. Le proxénétisme reste la principale forme d’exploitation.
2 100 victimes de traite ou d’exploitation des êtres humains ont été enregistrées par la police et la gendarmerie en 2023. Les statistiques des ministères de la justice et de l’intérieur, publiées le 15 octobre 2024, montrent une hausse de 6% par rapport à 2022. Les personnes ont essentiellement été victimes :
- de proxénétisme (49% des victimes enregistrées), soit une augmentation de 5% entre 2022 et 2023 ;
- d’exploitation par le travail (36%), ce qui représente une baisse de 4,3% par rapport à 2022 ;
- de traite des êtres humains au sens strict (19%), soit +11,6% ;
- d’exploitation de la mendicité (1%).
Les femmes : premières victimes
En 2023, 64% des victimes sont des femmes, qui ont essentiellement subi :
- le proxénétisme (96% de femmes) ;
- l’exploitation de la mendicité (54%).
Les hommes sont majoritairement touchés par la traite des êtres humains au sens strict (58%) et par l’exploitation par le travail (69%).
L’âge et la nationalité des victimes varient selon la forme d’exploitation. Si la grande majorité des victimes (81%) a plus de 18 ans, une victime sur cinq est mineure (19%) :
- 59% des victimes de proxénétisme ont moins de 25 ans ;
- 42% des victimes d’exploitation de la mendicité ont moins de 10 ans ;
- la majorité des victimes d’exploitation par le travail ont plus de 30 ans malgré aussi une certaine hausse du nombre de victimes ayant entre 18 et 29 ans.
43% des victimes sont de nationalité française. La moitié des victimes de traite des êtres humains au sens strict sont originaires d’Afrique (50%, soit neuf points de plus qu’en 2022), et en majorité de nationalité marocaine (34%).
Une forte majorité de condamnations pour proxénétisme
En 2023, près de 2 600 personnes ont été mises en cause dans des affaires de traite ou d’exploitation des êtres humains. Sur 2 200 poursuites, 66% ont vu leur affaire transmise à un juge d’instruction et 34% à une juridiction de jugement.
En 2022, 880 personnes ont été condamnées au moins à une infraction pour traite ou exploitation d’êtres humains, dont 82% pour proxénétisme. Les statistiques montrent une stabilité des peines fermes et une augmentation de la durée moyenne des peines d’emprisonnement ferme (allongement de six mois, soit une durée de 27 mois).
Les peines prononcées font état de 71% de prison ferme, dont 33% avec un sursis partiel.
En 2022, les personnes mises en cause sont en majorité :
- des hommes (78%) ;
- plus jeunes (31 ans en moyenne contre 35 ans en 2016) en raison notamment du rajeunissement des personnes condamnées pour proxénétisme ;
- ressortissantes d’un pays européen (y compris la France) dans 77% des cas (60% sont de nationalité française).
Par ailleurs, les chiffres soulignent une hausse des titres et autorisations de séjours délivrés aux étrangers ayant porté plainte ou témoigné contre des personnes accusées d’infractions de traite des êtres humains ou de proxénétisme.
Source: vie-publique.fr