Ce mardi 19 novembre 2024, une sculpture érigée en hommage aux blessés de l’Arme, signée Jean-Pierre Rives, était inaugurée à l’école de gendarmerie de Dijon (Côte-d’Or). Offert par la Fondation maison de la gendarmerie (FMG), à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, ce monument dédié aux blessés de la gendarmerie est le premier en France. Retour sur une journée qui marquera l’histoire de l’Institution.
« Chaque année, le 16 février, la gendarmerie honore ses morts. Mais chaque jour, elle se doit d’accompagner ses blessés et leurs proches vers la voie de la reconstruction. Leurs sacrifices, ainsi que leurs blessures, visibles et invisibles, traduisent l’exigence du service, incarnant le sens profond de l’engagement et révélant toute sa grandeur », a déclaré le général de corps d’armée André Petillot, Major général de la Gendarmerie nationale (MGGN), à l’occasion du discours prononcé lors de la cérémonie d’inauguration du premier monument dédié aux blessés de la gendarmerie nationale, le 19 novembre 2024, au sein de la caserne de l’école de gendarmerie de Dijon.
C’est ici, en région Bourgogne-Franche-Comté, qu’est hébergée cette sculpture monumentale, créée par l’artiste, et ancien joueur de rugby, Jean-Pierre Rives, afin d’honorer les milliers de militaires qui, chaque année, sont blessés dans l’exercice de leur mission au service de leurs concitoyens.
Véritable « camp-école » implanté sur l’ancienne base aérienne 102, l’école de Dijon assure la formation initiale des élèves sous-officiers et gendarmes adjoints volontaires. Elle abrite en outre le Centre national de formation à la sécurité publique (CNFSP), qui dispense la formation qualifiante des sous-officiers gradés de gendarmerie, des commandants d’unité de la gendarmerie départementale, ainsi que des formations d’expertise dans les domaines de la prévention et de la sécurité publique générale. Ce lieu emblématique, où de nombreux gendarmes seront de passage un jour, au cours de leur carrière, a ainsi été retenu afin de porter, au nom de l’Arme, un message d’engagement, de résilience et d’optimisme, dans le cadre de la reconnaissance du sacrifice consenti.
De nombreuses autorités civiles et militaires présentes
Présidée par le général de corps d’armée André Petillot, la journée d’inauguration du monument des blessés de la gendarmerie nationale a débuté par une cérémonie militaire, en présence de nombreuses autorités civiles et militaires. Monsieur Paul Mourier, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, préfet de la Côte d’Or, Monsieur Jean-Claude Girard, maire de la commune d’Ouges, le général d’armée (2S) David Galtier, président de la Fondation maison de la gendarmerie,le général de division Sylvain Laniel, commandant de la région de gendarmerie Bourgogne-Franche-Comté et du Groupement de gendarmerie départementale de Côte-d’Or, le général de corps d’armée Laurent Bitouzet, commandant des écoles de la gendarmerie nationale, le général de division Christophe Dubuis, adjoint au directeur des ressources humaines de la gendarmerie nationale, et le général Hubert Charvet, commandant de l’école de gendarmerie de Dijon étaient ainsi présents sur la place d’armes de l’école de Dijon en cette matinée du 19 novembre 2024, aux côtés des vingt-sept blessés de la gendarmerie ayant pris part à l’événement, et choisis pour représenter les régions de France et les subdivisions de la gendarmerie nationale, ainsi que des deuxième et troisième compagnies d’instruction, des cadres de l’école, ainsi que des nombreux invités.
« L’état militaire exige l’esprit de sacrifice en toutes circonstances, pouvant aller jusqu’au sacrifice ultime, a rappelé le major général de la gendarmerie nationale. C’est là le prix que nous sommes prêts à payer pour la sécurité de nos concitoyens, pour l’exécution des lois, la défense de la patrie, et les intérêts supérieurs de la Nation ».
La prise d’armes s’est achevée par un défilé militaire. Les quelque 250 invités se sont ensuite dirigés vers l’espace mémoriel, au sein duquel est désormais érigé le monument dédié aux blessés de la gendarmerie. Créée par Jean-Pierre Rives, artiste mondialement reconnu, l’œuvre a été léguée par ce dernier à la Fondation maison de la gendarmerie (FMG), qui en a elle-même fait don, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, à la Gendarmerie nationale.
« Les blessés sont la fierté de la gendarmerie »
Baptisée « Reconnaissance et résilience », la sculpture révèle une forme imposante et tortueuse, faite de rubans métalliques enchevêtrés (poutres IPN), qui symbolisent la flamme institutionnelle. La plaque apposée sur le piédestal en pierres de Bourgogne de forme hexagonale (en référence à la France), qui supporte la sculpture, a ensuite été dévoilée au public. Sur celle-ci est gravée l’inscription « À tous nos blessés, la gendarmerie reconnaissante ».
« Parce qu’ils ont payé le prix de leur engagement, nos blessés méritent toute notre reconnaissance. Ils sont la fierté de la gendarmerie, a déclaré le général de corps d’armée André Petillot. Rendre hommage à nos blessés, c’est faire vivre notre fraternité d’armes. » Si l’œuvre rend un vibrant hommage à l’engagement indéfectible des militaires, elle rappelle aussi à chacun le devoir de solidarité à l’égard des camarades blessés et de leurs familles, parfois confrontés à la solitude et à l’isolement.
« Grâce à ce monument, il existe désormais en France un endroit physique et matérialisé, honorant tous les blessés de l’Arme, en leur donnant une concrète visibilité, se réjouit le capitaine (er) Thierry Rousseaux, chargé de mission Santé, blessés, familles au sein de la Fondation maison de la gendarmerie (FMG), instigateur et responsable du projet. Tous les blessés de la gendarmerie, d’aujourd’hui et de demain, pourront ainsi se reconnaître dans cette œuvre. L’art moderne permet à chacun de se faire une interprétation de l’œuvre qui lui est propre. »
« Cette zone mémorielle est un lieu de réflexion pour les nouvelles générations de personnels, qui s’inscrit dans le cadre d’un véritable travail de mémoire et d’une prise de conscience quant à l’esprit d’engagement, pouvant aller jusqu’au sacrifice », a pour sa part estimé le général d’armée (2S) David Galtier, président de la Fondation maison de la gendarmerie.
Bien que s’adressant à tous les citoyens, au-delà même de la gendarmerie, ce monument revêt une fonction particulière pour les jeunes élèves qui rejoignent l’école de gendarmerie de Dijon., « Au-delà de l’apprentissage technique et des savoir-faire délivrés ici, le sujet fondamental pour nos jeunes gendarmes est celui de l’identité et de l’esprit de corps, asouligné le général Hubert Charvet, commandant de l’école. Ce monument témoigne du risque inhérent à l’engagement militaire, ainsi que des valeurs de dépassement de soi et de solidarité, absolument essentielles dans la vie d’un gendarme. »
9 626 gendarmes blessés en 2023
La journée s’est poursuivie par une table ronde organisée autour de trois thématiques centrales : blessure opérationnelle et ses conséquences, parcours administratif et judiciaire, reconstruction du blessé.
Lors de cette séquence, empreinte d’une forte émotion, neuf gendarmes blessés en service et en opérations extérieures, ont tour à tour pris la parole. Ont alors été évoquées, à travers l’histoire et l’expérience de chacun, les étapes déterminantes du parcours du blessé, souvent long et sinueux, vers la voie de la reconstruction. Séquelles physiques et psychiques de la blessure, stress post-traumatique, impact sur l’environnement familial, rôle des proches, embûches administratives et judiciaires, reconnaissance, accompagnement institutionnel, solidarité entre blessés, leviers de reconstruction… Accompagnés par le lieutenant Éric Genty, psychologue du travail au sein de l’école de gendarmerie de Dijon, et animateur de la table ronde, les participants ont ainsi partagé leur témoignage avec émotion, sincérité et dignité.
« Il est important que la mémoire des blessés soit enfin reconnue, au même titre que celle des militaires morts pour la Nation », a déclaré l’un des blessés, présent à la table ronde. Et l’un de ses camarades d’évoquer le lien qui le lie aux autres blessés : « C’est dans cette communauté de blessés que j’ai rencontré la plus grande fraternité d’armes. »
Comme eux, plusieurs milliers de gendarmes sont blessés chaque année dans l’exercice de leur mission.
9 626 militaires blessés ont ainsi été recensés en 2023 dans les rangs de la gendarmerie nationale, dont 4 500 au cours d’opérations. Pour 200 d’entre eux, une prise en charge ciblée est nécessaire au regard de la gravité de leur blessure.
« Un gendarme sur dix sera blessé au cours de sa carrière », a également rappelé le général de corps d’armée André Petillot.
Dans ce contexte, l’accompagnement des gendarmes blessés en service constitue un enjeu majeur pour l’Institution. Un dispositif visant à protéger ceux qui protègent a ainsi été mis en place. L’objectif est d’accompagner les blessés vers la voie de la reconstruction et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Parmi les mesures mises en œuvre, le parcours de Reconstruction des blessés par le sport (RBS) tient une place centrale. Divers stages thématiques, à l’instar des programmes Cent’Or, Ad Refectio, Esprit de cordée ou Aquaphénix, sont ainsi proposés aux blessés.
Le dispositif d’accompagnement des gendarmes blessés n’a cessé d’évoluer et de se renforcer au cours des dernières années. Articulé autour de plusieurs volets, psychique, social et sanitaire, il s’appuie sur une organisation forte et consolidée, soutenue par le Bureau de l’action sociale des blessés et du handicap (BASBH), ainsi que par le maillage territorial du Service de santé des Armées (SSA).
Fondé sur les valeurs d’entraide, de solidarité et de fraternité d’armes, ce dispositif témoigne d’une politique volontariste de la gendarmerie, à travers l’engagement affirmé de son directeur général, pour accompagner au mieux les blessés, mais aussi leurs familles et leurs proches, dont le rôle est souvent capital.
L’action fondamentale de la Fondation maison de la gendarmerie au service de ceux qui nous protègent
« Le projet qui nous réunit aujourd’hui, celui d’une œuvre mémorielle unique, dédiée aux blessés de la gendarmerie, est ancré en moi depuis une dizaine d’années. C’est donc avec fierté que j’assiste à son aboutissement, au terme de plus de deux années de travail, a confié le capitaine (er) Thierry Rousseaux. Cette sculpture m’évoque un phare composé de deux lentilles de Fresnel. La première, de couleur bleue, symbolise la résilience des camarades, tandis que la seconde, de couleur verte, indique aux blessés et à leurs familles la direction vers le chemin de l’espoir. »
Convaincu de la nécessité de matérialiser, à travers une réalisation concrète, l’engagement et les souffrances des gendarmes blessés en service, ce dernier expose son projet au président et au directeur général de la Fondation maison de la gendarmerie (FMG) en août 2022. Il convainc alors sa hiérarchie. Ce projet sera ainsi la réalisation phare de l’année 2024, celle marquant les quatre-vingts ans de la Fondation. C’est ainsi que le chargé de mission Santé, blessés, familles se lance avec passion et énergie dans cette aventure originale et ambitieuse, soutenu par le président de la FMG, ainsi que par le commandant de l’école de Dijon, et adoubé par la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), par l’intermédiaire du directeur des opérations et de l’emploi, le général de corps d’armée Tony Mouchet. Un groupe de marque est constitué, rassemblant des blessés rattachés à l’école de Dijon, ainsi que des représentants de la DGGN et de la FMG.
Ce sont eux qui mèneront à bien cette entreprise et choisiront l’œuvre mémorielle parmi la quinzaine de sculptures proposée par Jean-Pierre Rives.
« Je salue le travail d’équipe remarquable mené avec des hommes et des femmes pleinement engagés au service de la communauté, a déclaré le capitaine (er) Thierry Rousseaux. Trois idées me viennent à l’esprit afin de qualifier l’inauguration de cette œuvre. C’est un événement unique, fédérateur et porteur d’un message fort envers la haute hiérarchie et l’ensemble de la communauté. »
Et le président de la Fondation de rendre hommage à Thierry Rousseaux, à la fois pour son investissement tout au long du projet, et son soutien sans faille à l’adresse des blessés depuis de nombreuses années. « Le capitaine Rousseaux est un homme de l’ombre qui, par son engagement, a apporté la lumière à nombreux gendarmes blessé et leurs familles. »
Cette journée illustre l’action fondamentale de la Fondation maison de la gendarmerie. Créée au printemps 1944, la FMG a pour mission d’aider, assister et secourir les veuves, les orphelins, les personnels de la gendarmerie nationale et leurs familles, confrontés à diverses situations de détresse (décès, blessure, handicap ou maladie). Reconnue d’utilité publique, elle organise et soutient de multiples actions au bénéfice de tous les ressortissants et de leurs proches.
Agissant auprès de la Direction générale de la gendarmerie nationale, elle a naturellement, et avec générosité, porté ce projet en hommage aux blessés. « La Fondation maison de la gendarmerie est un maillon essentiel de l’accompagnement dans la durée de nos camarades meurtris. Elle participe à nos côtés à protéger ceux qui protègent », a déclaré le général de corps d’armée André Petillot.
Source: gendinfo.fr