Au lendemain de son audition par le Sénat sur la question des accords internationaux en matière migratoire, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est rendu sur le littoral du Pas-de-Calais, où soixante-douze migrants sont morts en mer depuis le début de l’année 2024. Accompagné du général d’armée Hubert Bonneau, Directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), il a notamment rencontré les forces de sécurité intérieure engagées dans la lutte contre l’immigration clandestine.
Arrivé dans le Pas-de-Calais, ce jeudi 28 novembre 2024, dans la journée, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pu échanger avec les élus locaux, les secours maritimes et les forces de sécurité intérieure engagés face à la crise migratoire.
Jeudi soir, à Calais, Bruno Retailleau a été accueilli par la maire de la ville, Natacha Bouchart. L’élue, à la tête d’un collectif de maires, a plaidé en faveur d’un renforcement du dispositif de sécurité, face à l’augmentation de la pression migratoire et des violences enregistrées, non sans avoir salué le professionnalisme, le courage et l’exemplarité des forces de l’ordre.
Huit cents gendarmes et policiers sont mobilisés chaque jour sur le littoral de la Manche.
C’est accompagné par le général d’armée Hubert Bonneau, que le ministre de l’Intérieur a rencontré les forces de sécurité intérieure, notamment les Brigades de gestion des événements (BGE) de Calais et d’Oye-Plage, chargées de la surveillance des côtes. L’occasion pour les forces de l’ordre de présenter la mission de lutte contre les traversées maritimes, ainsi que le matériel nécessaire à l’accomplissement de leur mission (lunettes de vision nocturne, drones…).
Des moyens supplémentaires octroyés
Le vendredi 20 au matin, le général d’armée Hubert Bonneau s’est rendu à la Communauté de brigades (COB) de Fréthun, où il a partagé un moment d’échange autour d’un petit-déjeuner avec les gendarmes de l’unité ou en renfort, avant de rejoindre le ministre de l’Intérieur, pour une visite de la Police aux frontières (PAF) de Coquelles. Les deux hommes se sont vu présenter le dispositif de lutte contre les filières de passeurs et de prise en charge des naufragés par la PAF, puis ont échangé avec les équipes de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM).
En fin de matinée, le ministre de l’Intérieur et le DGGN ont assisté à une présentation du dispositif humanitaire mis en œuvre par les services de l’État à Calais. Ils ont alors pu discuter avec différents partenaires mandatés par l’État dans le cadre de la crise migratoire : France terre d’asile (FTDA), l’Association unifiée pour le développement de l’action sociale, solidaire et émancipatrice (AUDASSE), La vie active, et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
Le DGGN était également présent aux côtés du ministre de l’Intérieur et de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à l’occasion du déjeuner organisé à Ambleteuse avec les maires des communes du littoral.
S’en est suivi un point presse à l’occasion duquel le ministre a annoncé des renforts de police, mais également la nomination d’un représentant spécial sur l’immigration au ministère et d’un préfet chargé de coordonner l’action de l’État sur le littoral.
Au total, plus de deux cents personnels supplémentaires seront déployés afin de renforcer les équipes de l’OLTIM, la police aux frontières, les commissariats de Calais et Dunkerque, ou encore pour intervenir dans les transports en commun.
Bruno Retailleau a également déclaré : «Il faut rétablir […] le délit de séjour irrégulier (supprimé en 2012, NDLR) […] Parce que cela nous donnera des pouvoirs d’enquête […] qui nous permettront de lutter beaucoup plus efficacement contre les filières illégales. »
Afin d’orienter l’action non plus seulement sur le traitement des conséquences de la crise migratoire, mais davantage sur le traitement des causes, le ministre a appelé à l’instauration d’un nouveau dialogue avec le Royaume-Uni, l’attractivité du modèle britannique constituant, selon lui, le premier facteur en cause dans cette crise migratoire.
Le ministre de l’Intérieur entend également solliciter l’aide de Londres pour cofinancer un fonds d’indemnisation à destination des habitants et des entreprises locales ayant subi des dégradations de leurs biens, mais aussi pour contribuer au financement de l’action des sapeurs-pompiers locaux – dont 12% des interventions sont liées à la question migratoire – et de la Société de sauvetage en mer (SNSM).
« Une lutte accrue contre les réseaux de passeurs est menée via des groupes d’enquête dédiés », a-t-il également indiqué.
À l’issue de ce premier déplacement sur le littoral de la Manche, le ministre de l’Intérieur a insisté sur la nécessité d’une démarche concertée avec tous les acteurs locaux.
« J’ai échangé avec les maires, et c’est avec eux, ainsi qu’avec l’ensemble des acteurs du département et de la région, que je souhaite travailler pour rendre ces mesures réellement efficaces. Ensemble, nous construirons des solutions adaptées aux réalités du terrain ».
Source: gendinfo.fr