Refus d’embauche, de promotion ou d’accès à la formation, incitation à partir à la retraite de façon prématurée, difficultés à se maintenir dans son emploi… La Défenseure des droits est régulièrement saisie par des personnes de 50 ans et plus pour des discriminations dans l’emploi en raison de l’âge.
En partenariat avec l’Organisation internationale du travail (OIT), la Défenseure des droits a publié, le 4 décembre 2024, son 17e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi. Cette année, le baromètre est consacré aux discriminations des personnes de 50 ans et plus, également nommées « seniors » dans le cadre de cette enquête.
Le taux d’emploi des seniors en hausse depuis plusieurs années
Sur les 30,6 millions de personnes que compte la population active en France (hors Mayotte), plus d’un quart a plus de 50 ans.
La population active n’a cessé d’augmenter depuis le début des années 1990, notamment du fait d’évolutions sociétales comme le développement de l’activité des femmes.
Depuis 2008, cette augmentation provient surtout d’une plus grande participation au marché du travail des seniors. Si cette proportion croissante des seniors actifs provient d’évolutions démographiques, elle est aussi due aux politiques publiques mises en œuvre en réponse aux enjeux :
- du vieillissement de la population ;
- du recul progressif de l’âge moyen d’entrée dans la vie professionnelle.
La durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein est passée progressivement de 37,5 à 43 ans, et l’âge légal de départ à la retraite devrait atteindre 64 ans en 2030, à la suite de la réforme mise en place par la loi du 14 avril 2023.
Selon les termes de la Défenseure des droits : « la question du maintien et des conditions d’emploi des seniors se pose avec plus d’acuité encore depuis la réforme des retraites de 2023. »
Des discriminations au quotidien et dans l’évolution professionnelle
Si le taux d’emploi des seniors est en hausse depuis plusieurs années, ces derniers sont toutefois confrontés à de nombreuses discriminations liées à leur âge.
Ces discriminations sont dues à la « normalisation des stéréotypes âgistes » qui véhiculent notamment l’image de seniors :
- dépassés par les nouvelles technologies ;
- difficiles à intégrer au sein d’équipes plus jeunes ;
- coûtant cher aux entreprises ;
- manquant de dynamisme.
Au quotidien, les propos, comportements et attitudes qui en découlent, dégradent les conditions de travail. D’après l’enquête, la moitié des actifs âgés de 50 à 65 ans ont ressenti, au cours des cinq dernières années, un « manque de reconnaissance » (sous-estimation de leurs compétences, réalisation de tâches perçues comme inutiles, ingrates ou dévalorisantes…).
Les seniors souffrent aussi de l’absence de possibilités de progression dans leur carrière : promotion ou mobilité choisie.
Parmi les actifs de 50 ans ou plus, 33% ont vécu au moins une rupture professionnelle au cours des cinq années précédant l’enquête (licenciement, démission, rupture conventionnelle, arrêt maladie de plus de six mois). Parmi ceux qui ont vécu un licenciement ou une rupture conventionnelle à l’initiative de l’employeur, « 23% pensent que cela était lié à leur âge« .
Parmi les chômeurs de 50 ans ou plus, « 79% déclarent être en recherche d’emploi depuis plus d’un an et 45% depuis plus de trois ans » (la durée moyenne d’inscription à France Travail constatée fin 2023 étant de onze mois).
Enfin, comme le souligne la Défenseure, « un quart des seniors au chômage indiquent qu’on leur a déjà dit ou fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors d’un entretien d’embauche« .
Source: vie-publique.fr