En moyenne, en France, plus d’un adulte sur quatre éprouve des difficultés pour tirer de l’information d’un support numérique indique la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dans une analyse publiée le 10 décembre 2024.
L’analyse de la Dares porte sur l’enquête « Évaluation internationale des compétences des adultes » (Piaac) qui vise à comparer les compétences élémentaires des adultes de 16 à 65 ans dans les 31 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « 18% des adultes ne maîtrisent même pas les compétences les plus élémentaires » souligne d’ailleurs l’OCDE. Cela s’explique par le développement du numérique (qui s’accompagne de nouvelles compétences à acquérir), par une inadéquation des formations avec le marché du travail et par des inégalités socio-économiques persistantes.
Des compétences globalement en baisse ou en stagnation dans les pays de l’OCDE
Ces dix dernières années, les compétences des adultes en littératie (compréhension de l’information écrite), en numératie (compréhension d’informations et d’idées mathématiques) et en résolution de problèmes stagnent ou baissent dans la majorité des pays de l’OCDE.
Certains pays font néanmoins exception :
- en littératie, seuls le Danemark et la Finlande connaissent une hausse du niveau moyen de compétences ;
- en numératie, huit pays sur 31 ont progressé, la Finlande et Singapour en tête ;
- en résolution de problèmes, la Finlande arrive en tête, à égalité avec le Japon.
En France, entre 2012 et 2023, les compétences des adultes en compréhension de l’écrit ont diminué (28% des adultes ont un niveau de maîtrise « faible » contre 22% il y a dix ans).
Ce recul est particulièrement notable « dans les segments les moins instruits de la population« , en dépit d’une « progression généralisée des niveaux d’études« . Même si les adultes diplômés de l’enseignement supérieur obtiennent « systématiquement » de meilleurs résultats que les autres, l’enquête de l’OCDE souligne aussi notamment que « les diplômés du deuxième cycle du secondaire en Finlande obtiennent systématiquement de meilleurs résultats que les diplômés du supérieur dans plusieurs pays, parmi lesquels le Chili, Israël et la Lituanie« .
Favoriser une meilleure adéquation de l’enseignement avec le marché du travail
Le lien entre emploi et compétences est moins marqué qu’en 2012 : selon l’OCDE, environ un tiers des travailleurs sont aujourd’hui « en situation d’inadéquation« (de diplôme, de compétences ou de domaine d’études) avec leur emploi. Ce décalage s’explique par le fait que les individus suivent des études pour lesquelles la demande est limitée et par la difficulté des programmes de formation à s’adapter à l’évolution des besoins de entreprises.
Pour y remédier, l’OCDE préconise :
- de considérer davantage le « rôle déterminant » de l’enseignement scolaire dans le développement des compétences ;
- d’investir dans « la reconnaissance, la valorisation et la certification » des compétences ;
- de développer la formation « tout au long de la vie« en diversifiant les moments (enfance, jeunesse, âge adulte), le cadre (scolaire, extrascolaire ou non formel) et le contenu (compétences, comportements et valeurs) des apprentissages et en améliorant les services d’orientation professionnelle.
Une accentuation des inégalités en France
« Les niveaux de maîtrise des compétences constatés en 2023 évoluent peu » par rapport à 2012 indique la Dares. Une légère accentuation des inégalités est néanmoins constatée. Elle s’explique par :
- certaines modifications dans le protocole de l’enquête affectant les résultats obtenus ;
- certaines caractéristiques sociodémographiques comme le fait d’être né à l’étranger avec une autre langue maternelle que le français ou d’avoir grandi « dans un ménage à dominante ouvrière« . Ainsi, 6% des individus ayant grandi dans un ménage de cadres ont une faible maîtrise en littératie à l’âge adulte, contre 28% de ceux ayant vécu dans un ménage d’ouvriers.
L’âge est également un facteur de différenciation. Les personnes âgées ont plus de difficultés que les autres, en raison du déclin de leurs capacités cognitives (dû au vieillissement), de l’évolution des compétences au fil des générations (élargissement de l’accès à l’éducation) et de l’introduction de nouveaux supports numériques.
Source: vie-publique.fr