Les immigrés nés en Europe sont 2,4 millions en France, ce qui situe les immigrés européens au deuxième rang, derrière l’Afrique, des flux de population s’installant dans l’Hexagone. Cette présence européenne se caractérise par sa diversité, tant en termes de provenance que de motifs d’immigration.

Une publication de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) présente les caractéristiques de l’immigration européenne en France qui s’inscrit dans la longue durée : passé de 2,6 millions en 1975 à 1,9 million en 1999, le nombre d’immigrés européens s’établit aujourd’hui à 2,4 millions dans l’Hexagone.

Cependant, la composition de cette immigration a évolué au fil du temps.

Prédominance de l’Europe du Sud, croissance de l’Europe centrale et orientale

En 2023, 32% des immigrés établis en France (environ 3,5% de la population) sont nés en Europe. Quelque trois quarts d’entre eux sont issus de l’Union européenne (UE).

Historiquement, l’immigration d’Europe du Sud – Portugal, Espagne et Italie – est la plus nombreuse. Aujourd’hui, elle représente encore 46% de l’immigration européenne (dont 600 000 Portugais) mais c’est une population vieillissante.

Par ailleurs, l’immigration est liée à l’intégration européenne (libre circulation des travailleurs, élargissements de l’UE) :

  • le nombre d’immigrés issus de l’UE 15 (hors Royaume-Uni et pays d’Europe du Sud) s’élève à environ 300 000  ;
  • l’immigration originaire des 13 pays ayant le plus récemment rejoint l’UE (Europe centrale et orientale principalement) a progressé de 65% depuis 2006 : à hauteur de 300 000 personnes, c’est une immigration relativement jeune (âge médian de 43 ans), issue notamment de Pologne et de Roumanie  ;
  • les immigrés issus du Royaume-Uni, hors UE désormais, sont 143 000 : âgés, leur installation relève du phénomène des « seniors au soleil« .

Enfin, 20% des immigrés européens (480 000 personnes) sont issus de pays européens hors UE (Ukraine, Russie, Serbie, Suisse). Cette proportion était de 11% en 2006. Un quart d’entre eux sont arrivés depuis 2018. En 202381 000 Ukrainiens se sont installés en France.

Les motifs de migration

Parmi les immigrés européens de 18 à 59 ans vivant en France en 2019-2020 :

  • 37% citent le travail comme raison de leur immigration. Les Asiatiques (14%) ou les Africains (23%) évoquent beaucoup moins ce motif ;
  • 34% des immigrés nés en Europe mettent en avant des motifs familiaux ;
  • 16% déclarent être venus pour étudier ou se former (25% pour les pays ayant le plus récemment adhéré à l’UE).

Le motif des persécutions ou troubles politiques est mis en avant par 28% des immigrés européens hors UE, contre 2% pour l’ensemble des autres origines. Il s’agit de personnes issues des anciennes républiques soviétiques, du Kosovo et de l’Albanie.

Enfin, 24% des immigrés européens vivant en France évoquent d’autres motifs : qualité de vie, culture… les faibles contraintes entourant les migrations intracommunautaires contribuent à ce taux, bien supérieur à celui des immigrés originaires d’Afrique (18%) ou d’Asie (13%).

Focus sur les Espagnols

Une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) s’intéresse en particulier à l’émigration des Espagnols qui est plus fréquente depuis 2008. Les départs des citoyens espagnols vers d’autres pays et notamment vers la France ont repris. En 2023, un quart des immigrés originaires d’Espagne résidant en France sont arrivés dans les dix dernières années. Ce sont les jeunes diplômés qui sont motivés pour partir. Le manque d’opportunités professionnelles pour les ingénieurs, architectes et personnels de santé les poussent à construire leurs carrières ailleurs ou à vivre une expérience temporaire bénéfique lors d’un éventuel retour en Espagne.

L’INED note, par exemple, que la « France est le pays favori d’émigration des kinésithérapeutes espagnols« . Ils représentent 23,4% des professionnels étrangers dans ce métier et environ 9% de l’ensemble de la profession. La raison n’est pas le chômage en Espagne mais des conditions de travail plus intéressantes en France comme la couverture des séances par la sécurité sociale.

Source: vie-publique.fr