La loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes réprime le harcèlement de rue en créant l’infraction d’outrage sexiste. Les plaintes portant sur ce type d’infraction ont augmenté en moyenne de 67% par an entre 2018 et 2023. Qu’en est-il en 2024 ?

Une étude publiée le 17 avril 2025 par le ministère de l’intérieur révèle que les infractions pour outrage sexiste ou sexuel enregistrées par les services de police et de gendarmerie diminuent pour la première fois en 2024 depuis la mise en place de la loi du 3 août 2018.

Baisse de 5% des outrages sexistes ou sexuels déclarés

Le nombre d’infractions pour ce motif progresse de 63% en 2021 puis de 21% en 2022 et de 19% en 2023. En 2024, 3 200 infractions sont recensées en France (contre 3 400 en 2023). Elles décroissent pour la première fois depuis la mise en place du dispositif, en 2018.

Cependant, les outrages sexistes enregistrés par la police et la gendarmerie ne représentent qu’une partie des violences sexistes et sexuelles commises dans l’espace public. Ces actes donnent rarement lieu à un signalement auprès des forces de sécurité.

Parmi les outrages sexistes ou sexuels déclarés en 2024 :

  • 74% ne comportent pas de circonstance aggravante (-11% en un an). Ils relèvent des contraventions de 5e classe, passibles d’une amende maximale de 1 500 euros ;
  • 26% sont des outrages aggravés, qualifiés de délits depuis 2023 (+15%). Les circonstances aggravantes les plus répandues sont l’outrage sexiste d’un mineur de 15 ans (8% des infractions), l’outrage dans un transport collectif (6%) ou en raison de l’orientation sexuelle de la victime (5%).

Des infractions concentrées dans les grandes villes

En 2024, les signalements pour outrage sexiste sont plus fréquents :

  • dans les villes de plus de 200 000 habitants (5 outrages sexistes pour 100 000 habitants) et l’agglomération parisienne (8 pour 100 000). Ce taux oscille entre 3 et 5 infractions pour 100 000 habitants dans les villes de 2 000 à 50 000 habitants, et atteint 3 pour 100 000 hors des unités urbaines ;
  • dans le Centre-Val de Loire (9 infractions pour 100 000 habitants) et l’Île-de-France (7 pour 100 000). Les autres régions ont un taux égal ou inférieur à la moyenne nationale (5 infractions pour 100 000 habitants). Sur les 101 départements, 74 affichent un taux inférieur à ce niveau moyen, dont les cinq départements d’outre-mer. Dans 13 départements, les infractions sexistes continuent d’augmenter en 2024.

15% des outrages sexistes enregistrés par la police nationale ont lieu dans les transports en commun (métro, bus, tramway, train).

Qui sont les victimes et les mis en cause ?

La police nationale recense en 2024, sur son périmètre, 1 500 victimes d’outrage sexiste ou sexuel. Il s’agit principalement de :

  • femmes (89% des victimes, une proportion stable par rapport à 2023). Les hommes sont surtout concernés par des outrages sexistes en raison de leur orientation sexuelle (42%) ou sans circonstance aggravante (38%) ;
  • ressortissants français (91%). 4% des victimes sont des ressortissants d’un pays africain ;
  • jeunes. 68% des victimes de délit et 54% des victimes d’infraction contraventionnelle ont moins de 30 ans.

Les 1 300 individus mis en cause par la police sont en majorité :

  • des hommes (environ 97%) ;
  • de nationalité française (79% dans le cas des contraventions et 76% pour les délits)

Source: vie-publique.fr