Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la France connaît une recrudescence de faits antisémites. Les Assises de lutte contre l’antisémitisme ont réuni du 27 février au 28 avril 2025 deux groupes de travail, l’un dédié à l’éducation, l’autre à la justice. Le point sur leurs conclusions.

Le rapport des Assises de lutte contre l’antisémitisme, remis au gouvernement le 28 avril 2025, brosse un tableau alarmant de l’antisémitisme en France et propose une nouvelle stratégie afin de mieux lutter contre la hausse des actes antisémites.

Un antisémitisme grandissant

En France, on recense :

  • 1 570 actes antisémites ayant donné lieu à un dépôt de plainte en 2024 (après 1 676 en 2023). 65% d’entre eux sont des atteintes aux personnes : 652 gestes ou propos menaçants et 106 violences physiques. Au premier trimestre 2025, on compte déjà 280 faits antisémites ;
  • 1 670 faits antisémites en milieu scolaire et universitaire durant l’année 2023-2024, contre 400 en 2022-2023 (+317%). Les équipes académiques soulignent la récurrence des apologies du nazisme.

Internet et les réseaux sociaux favorisent l’intensification de l’hostilité antijuive. La France est le pays d’Europe où la population juive est la plus exposée. Les préjugés antisémites sont plus répandus parmi :

  • les moins de 35 ans. 34% estiment que les Juifs sont plus riches que la moyenne des Français, et 30% qu’ils utilisent leur statut de victimes de la Shoah. 59% des collégiens et 50% des lycéens adhèrent à au moins un préjugé antijuif ;
  • les extrémistes politiques ;
  • les plus modestes ;
  • les moins diplômés ;
  • les musulmans.

Des réponses insuffisantes

Les équipes académiques « Valeurs de la République » et le réseau universitaire des référents « racisme et antisémitisme » œuvrent à la prévention. Les enseignants s’investissent aussi en ce sens. Les institutions mémorielles et les associations proposent des formations à des publics variés.

L’antisémitisme constitue une forme de racisme et peut être sanctionné via plusieurs qualifications juridiques, selon la nature des actes : crime de haine, diffamation, apologie de crime de guerre, négationnisme… Ces infractions, prévues par la loi de 1881 sur la liberté de la presse, la loi de 1972 sur la lutte contre le racisme et la loi de 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, sont traduites dans le code pénal.

Cependant, il est parfois difficile de distinguer l’antisémitisme de la critique politique d’Israël, ce qui contraint les juges à une analyse fine de certains propos. Une définition opérationnelle de l’antisémitisme a été adoptée en 2016 par les 31 États membres de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), mais cette définition n’a pas de définition légale.

Comment lutter plus efficacement contre l’antisémitisme ?

Le rapport préconise :

  • d’éduquer les jeunes et de former les enseignants et les agents publics à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme ;
  • de mesurer l’antisémitisme et d’utiliser la définition de l’IHRA ;
  • de sanctionner les actes antisémites et de protéger les victimes. Il s’agit notamment d’adapter la réponse pénale aux nouvelles formes d’antisémitisme, d’intégrer les infractions à caractère raciste et antisémite dans le droit pénal général, d’instituer une responsabilité pénale des directeurs de publication en matière de haine en ligne et d’engager des poursuites disciplinaires contre tout élève auteur de violences verbales racistes ou antisémites.

Source: vie-publique.fr