Les progrès en faveur de l’égalité entre les sexes restent limités malgré les politiques publiques menées en ce sens. Les inégalités nourrissent les représentations genrées. Après un net recul, l’adhésion à certaines d’entre elles s’observe à nouveau chez les jeunes adultes.

Un rapport publié le 12 mai 2025 par France Stratégie présente l’évolution des stéréotypes et des inégalités entre les sexes depuis dix ans et identifie les actions à engager d’ici 2030.

Des stéréotypes persistants

Ils assignent aux femmes et aux hommes des aptitudes et des rôles différents, et sont à l’origine de comportements et de violences sexistes. En France, l’adhésion à ces représentations :

  • décline à partir des années 1990. La part de la population pour laquelle les femmes devraient rester à la maison chute de 44% en 2000 à 22% en 2014 ;
  • stagne depuis le milieu des années 2010. Les présupposés sur le partage genré des tâches économiques et domestiques continuent de refluer. En revanche, en 2022, 59% des Français pensent que les mères savent mieux répondre aux besoins des enfants que les pères (contre 54% en 2014), et 41% que les femmes font de meilleures infirmières (35% en 2014).

En 2022, un quart de la population hexagonale adhère aux préjugés sexués. Ils sont moins répandus chez :

  • les femmes (58% les rejettent) ;
  • les jeunes, malgré la résurgence de tels clichés chez les 18-24 ans (53% pensent que les filles ont autant l’esprit scientifique que les garçons, contre 62% en 2014).

Préjugés et inégalités s’installent très tôt

Les stéréotypes se diffusent :

  • dès la petite enfance. La prise en charge des jeunes enfants est assurée essentiellement par des femmes. Seuls 0,5% des pères prennent un congé paternité à temps plein. L’enfant observe une asymétrie des rôles parentaux qui forge chez lui une vision stéréotypée ;
  • à l’école (manuels scolaires, projections inconscientes des enseignants, interactions entre élèves, orientation). Au collège et au lycée, les garçons sont plus souvent victimes de violences physiques, les filles de violence psychologique. Filles et garçons réussissent dans des disciplines différenciées, ce qui traduit des préjugés sur les capacités (compétences langagières supposées féminines, compétences mathématiques présumées masculines) ; les écarts se creusent depuis dix ans. Les jeunes femmes choisissent davantage des formations d’aide et de soin, les jeunes hommes des filières techniques et scientifiques ;
  • sur le marché du travail. La maternité pénalise la trajectoire professionnelle des femmes. Elles sont plus souvent à temps partiel, moins promues, et occupent des postes moins qualifiés. La segmentation sexuée des métiers reste forte ;
  • dans les pratiques culturelles et sportives ;
  • via le numérique, qui les amplifie.

Intensifier la lutte contre les stéréotypes, levier de l’égalité femmes-hommes

Le rapport appelle à :

  • faire de cette lutte une priorité politique ;
  • réduire la pénalité à la maternité et renforcer la coparentalité (congé paternité allongé à dix semaines dont six obligatoires, congé parental plus court, mieux indemnisé et partagé entre les deux parents…) ;
  • consolider la culture de l’égalité à l’école (formations…) ;
  • « dégenrer » l’orientation scolaire, les formations et les métiers ;
  • agir contre les représentations stéréotypées sur les réseaux sociaux et les plateformes.

Source: vie-publique.fr