La France fait partie des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui emploient le moins de seniors. Ce faible taux d’emploi tend à limiter la création de richesses et le système de retraite par répartition dépend de la croissance. L’emploi des seniors est-il donc une clé pour préserver le système de retraite ?
Un rapport d’information remis le 14 mai 2025 par la commission des finances du Sénat souligne qu’une hausse du taux d’emploi des seniors améliorerait le solde du système de retraite et avance des pistes en ce sens.
La France emploie 60,4% de 55-64 ans
En 2023, le taux d’emploi en France baisse de 77% à 38,6% entre 55 et 64 ans à cause :
- du départ en retraite des individus atteignant l’âge légal ;
- de l’accroissement du nombre de personnes ni en emploi ni en retraite (NER) qui sont au chômage ou inactives.
En 2024, 60,4% des 55-64 ans sont en emploi en France (contre 75,2% en Allemagne et 75,3% aux Pays-Bas). Ils quittent plus tôt le marché du travail car :
- l’âge légal de départ en retraite est plus bas en France que dans d’autres pays de l’OCDE. Les réformes visant à le relever y ont été plus tardives et « plus prudentes » ;
- les moins diplômés, dont la majorité des NER en bonne santé et pas au chômage, ont du mal à rester en emploi, et les entreprises hésitent parfois à embaucher les plus qualifiés (exigences salariales) ;
- les employeurs peinent à proposer des postes répondant aux aspirations des seniors (près de leur domicile, à temps partiel ou à durée limitée) ;
- des filières seniors incitent les entreprises à licencier ou à accepter des ruptures conventionnelles avec les salariés approchant de l’âge de la retraite ;
- le taux de remplacement net, c’est-à-dire le rapport entre le montant de la pension perçue et le salaire net précédent, est plus élevé en France qu’en Allemagne notamment (un nouveau retraité Français gagne près de 71,9% de son salaire précédent contre 55,3% pour un nouveau retraité Allemand).
L’incidence positive d’un taux accru d’emploi des seniors
Trois chiffrages, reposant sur des méthodes différentes, permettent d’évaluer à environ 10 milliards d’euros le gain brut potentiel d’une hausse de 10 points de ce taux d’emploi des seniors pour le système de retraite.
En 2023, on compte environ 266 000 NER en bonne santé et pas au chômage parmi les 55-59 ans, et 323 000 entre 60 et 64 ans. Le retour à l’emploi de ces 589 000 NER augmenterait de 6,9 points le taux d’emploi des seniors. Il induirait un bénéfice net de 5,8 milliards pour les finances publiques. Ce gain ne suffirait pas à lui seul à combler le déficit du système de retraite, estimé par la Cour des comptes à près de 30 milliards d’euros en 2045.
Actionner plusieurs leviers pour sauvegarder le système de retraite
Face à ce constat, le rapport préconise de :
- clarifier le financement des organismes de protection sociale pour renforcer l’adhésion au système par répartition ;
- réabonder le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) en lui redonnant sa mission initiale d’amortisseur des chocs démographiques et économiques ;
- soutenir la natalité afin de favoriser un redressement du rapport démographique entre actifs et retraités ;
- investir davantage dans les compétences et la formation des salariés de 50 ans et plus ;
- promouvoir une culture du travail des seniors (création d’emplois adaptés à leurs besoins).
Source: vie-publique.fr