Les États membres de l’Union européenne (UE) ont adopté un accord pour faciliter leurs achats en commun d’armements, dans le cadre d’un programme européen doté de 150 milliards d’euros. Son nom est « Safe » (Security for action for Europe). Des pays non membres de l’UE comme la Norvège, le Royaume-Uni ou l’Ukraine peuvent y participer.
Le 27 mai 2025, le Conseil de l’Union européenne (UE) a donné son feu vert au programme Safe, un mécanisme inédit de prêts de 150 milliards d’euros destiné à financer des achats conjoints d’équipements militaires. Safe, pour Security for action for Europe, fait partie d’un programme plus important présenté en mars 2025 par la Commission européenne qui a pour objectif de mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros en vue de réarmer le continent européen face au désengagement américain et à la menace russe.
Créer un marché européen de la défense
Dans le cadre de Safe, la Commission mobilisera jusqu’à 150 milliards d’euros sur les marchés de capitaux, fournissant ainsi des leviers pour accroître leurs investissements dans des domaines clés de la défense : défense antimissile aérienne, drones, munitions, mobilité militaire…
Les États membres se sont ralliés à la recommandation de la Commission selon laquelle, pour bénéficier des fonds de l’UE, un minimum de 65% de la valeur du système d’arme acquis doit être réalisé dans un État membre de l’UE, en Ukraine ou dans un pays de l’Espace économique européen ou de l’Association européenne de libre-échange.
Sécuriser les chaînes d’approvisionnement
Certains pays tiers pourraient participer à hauteur de 65%. Pour cela, ils doivent avoir conclu un partenariat de sécurité et de défense (PDS) avec l’UE, condition préalable à la conclusion d’un second accord bilatéral qui leur permettrait d’accéder à ce programme spécifique.
L’UE a conclu plusieurs PDS de ce type avec la Norvège, la Moldavie, l’Albanie, le Royaume-Uni, la Corée du Sud ou encore le Japon.
L’UE met en effet l’accent sur la nécessité d’encourager l’industrie de défense européenne à investir, alors que la majorité des achats actuels d’armement par les pays de l’UE se font hors d’Europe, essentiellement aux États-Unis.
Les États membres disposent à présent d’un délai de six mois à compter de l’entrée en vigueur du règlement pour présenter leurs plans nationaux. Si la réponse de la Commission est positive, les États membres pourront demander le versement d’une première enveloppe pouvant aller jusqu’à 15% du coût total estimé. Ils devront ensuite tenir la Commission informée de l’évolution du projet tous les six mois, ce qui pourrait donner lieu à d’autres déboursements. La dernière approbation de déboursement peut avoir lieu jusqu’à fin 2030.
Des projets majoritairement réalisés par l’industrie de défense européenne
Les projets devront être majoritairement réalisés par l’industrie de défense européenne. Le reste pourra provenir de pays non membres du programme Safe, comme les États-Unis, à hauteur de 35%.
Dans le souci d’éviter qu’un pays tiers ne puisse contrôler à distance l’armement produit grâce à l’un de ses composants, une autorité centrale sera chargée de s’assurer que cela restera impossible. L’idée est, par exemple, d’empêcher que le fabricant américain d’un logiciel intégré à un drone européen, développé grâce au programme Safe, ne puisse être contrôlé à distance depuis les États-Unis.
Safe définit également des conditions d’éligibilité pour les contractants et les sous-traitants afin de garantir que les investissements servent les intérêts de l’UE en matière de sécurité et de défense et renforcent la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE).
Source: vie-publique.fr