Chaque année au mois de juin, le Conseil d’orientation des retraites (COR) publie son rapport sur les évolutions et les perspectives des retraites en France. Le rapport 2025 vient d’être rendu public.
Présenté le 12 juin 2025, le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), présidé par Gilbert Cette, prévoit une stabilité des dépenses de retraite autour de 14% du PIB, malgré le vieillissement de la population, et une aggravation du déficit d’ici 2070. Quatre leviers sont envisagés pour rééquilibrer le système : modérer les pensions, augmenter les cotisations salariés, augmenter les cotisations employeurs ou reculer l’âge de départ à la retraite.
Les prévisions pour les régimes de retraite
En fonction d’un scénario de référence (évolution démographique, situation économique…), le COR établit des prévisions de la situation financière des régimes de retraite en 2030 et 2070 :
- part des dépenses de retraite dans le PIB : celle-ci était de 13,9 % en 2024. Cette part devrait rester stable jusqu’en 2030 où elle serait de 14,0%, puis connaîtrait une très légère hausse à l’horizon de la projection, pour s’établir à 14,2% en 2070. Malgré le vieillissement de la population, le COR prévoit une relative stabilisation de cette part des dépenses de retraite dans le PIB, en raison de la baisse de la pension moyenne servie aux retraités et de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite ;
- rapport entre le nombre de cotisants et de retraités : ce rapport continuerait à baisser en raison des évolutions démographiques et malgré une hausse de l’âge conjoncturel de départ à la retraite (qui passerait de 63,0 ans en 2023 à 64,5 ans environ à partir des années 2040). Néanmoins, la baisse du rapport entre le nombre de cotisants et celui de retraités serait contrebalancée par le fait que la pension moyenne des retraités continuerait de croître en euros constants, mais moins vite que le revenu d’activité moyen ;
- ressources du système de retraite : en 2024, les ressources du système de retraite se sont élevées à 405 milliards d’euros hors produits financiers et 413,5 milliards d’euros y compris produits financiers. Ces ressources se décomposent en quatre grandes catégories : les cotisations payées par les actifs en emploi (65,1% des ressources), les prises en charge de cotisations par l’État destinées à assurer l’équilibre financier du régime de la fonction publique de l’État et de certains régimes spéciaux, les recettes fiscales (dont la CSG) payées par les actifs et les retraités et servant notamment à compenser les exonérations de cotisations sur les bas salaires, et les transferts en provenance des organismes extérieurs (prises en charge de cotisations et de prestations famille ou chômage principalement). Les ressources devraient connaître une nette baisse (1,1 point), en raison de la réduction de l’apport de l’État ;
- solde du régime de retraite : en 2024, le solde du système de retraite (régimes de base et régimes complémentaires) était déficitaire de 1,7 milliard d’euros ( 0,1% du PIB), hors charges et produits financiers. Il demeurait toutefois excédentaire de 4,1 milliards d’euros en intégrant les charges et produits financiers. En raison du ralentissement économique, cette situation se dégraderait en 2025 et le système de retraite connaîtrait un déficit de l’ordre de 5 milliards d’euros (hors charges et produits financiers), représentant 0,2% du PIB. En projection, le déficit serait de 0,2 point de PIB en 2030 (soit 6,6 milliards d’euros courants), pour atteindre 1,4 point de PIB en 2070. À noter toutefois que le COR prévoyait un déficit de 0,4 point en 2030 dans son rapport 2024.
Les leviers d’action
Pour améliorer la situation financière des systèmes de retraite, quatre leviers d’action sont évalués :
- la modération de la progression des pensions nettes de prélèvements ;
- la hausse des contributions retraites des salariés ;
- la hausse des contributions retraites des employeurs ;
- le recul de l’âge de départ à la retraite qui permet un accroissement des taux d’emploi.
Selon le COR, la modération de la progression des pensions et la hausse des cotisations sont « récessives« . En effet, en réduisant le revenu, elles affectent le pouvoir d’achat des ménages, ce qui a un impact sur la consommation et finit par affaiblir le PIB. L’augmentation des cotisations employeurs a un effet sur le coût du travail, ce qui réduit l’investissement et l’emploi, et donc aussi le PIB.
À l’inverse, le COR estime que le recul de l’âge de départ à la retraite aboutit à augmenter l’offre de travail, et donc à terme l’emploi et le PIB, et en conséquence toutes les recettes fiscales et sociales au-delà des seuls prélèvements finançant les retraites (TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, cotisations…).
Concrètement, pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070 via le seul levier de l’âge de départ à la retraite, il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070.
Il serait aussi possible de conserver les règles actuelles sur l’âge de départ à la retraite et d’assurer l’équilibre du système chaque année par l’un des deux autres leviers. Par exemple, en agissant sur les seules pensions, la pension moyenne relative devrait diminuer de 0,6 point en 2030 et de 4,5 points en 2070. En ne retenant que les prélèvements effectués pour les retraites, une hausse du taux de prélèvement de 0,4 point serait nécessaire pour équilibrer le système de retraite en 2030 par rapport au niveau spontanément atteint, et de 3,2 points en 2070.
Source: vie-publique.fr