Activités agricoles (irrigation) ou industrielles, consommation des particuliers… En 2050, une grande partie du territoire national pourrait être en situation de tension sur la question des prélèvements en eau si la gestion de l’eau n’évolue pas. C’est ce que souligne en particulier une récente note du Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan.

Le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan a publié, le 25 juin 2025, une note sur l’eau qui confronte la demande théorique aux ressources projetées en 2050.

S’agissant de la demande en eau, la note se base sur le rapport publié en janvier 2025 qui établissait trois scénarios de consommation et de prélèvements.
Quant aux ressources disponibles, la note s’appuie sur deux modèles hydrologiques et le scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui prévoit un réchauffement moyen global en France hexagonale de +4 °C en fin de siècle par rapport à la période de référence 1976-2005.

Selon la note, « l’objectif est d’identifier, à l’échelle de la France découpée en quarante bassins versants, les périodes de l’année au cours desquelles des tensions sur la ressource en eau de surface pourraient apparaître, c’est-à-dire lorsque les besoins environnementaux ou la demande humaine en eau sont non satisfaits. »

Des besoins environnementaux difficilement satisfaits en 2050

Les besoins environnementaux en eau correspondent à la quantité et à la périodicité des débits et des niveaux d’eau douce nécessaires pour préserver les écosystèmes aquatiques.

D’après la note, à l’horizon 2050 :

  • pour une année avec un printemps-été sec, les besoins environnementaux ne seraient pas satisfaits (c’est-à-dire supérieurs aux volumes potentiellement disponibles au moins un mois de l’année) dans les quarante bassins versants ;
  • pour une année avec un printemps-été humide, les besoins environnementaux ne seraient pas satisfaits dans près de la moitié des bassins versants, situés majoritairement dans le sud-ouest et le sud-est de la France.

Ces résultats montrent que les écosystèmes pourraient subir des situations de stress hydrique dans de nombreux territoires en dehors de tout prélèvement humain.

Une planification des transformations des usages de l’eau à engager

Seul le « scénario de rupture » (sobriété dans tous les usages) mentionné dans le rapport de janvier 2025 permettrait de limiter l’aggravation de la situation hydrique, avec des périodes de tension moins longues et près de 25% du territoire bénéficiant d’une amélioration de la situation hydrique.

La note mentionne également que les tensions sur la gestion de l’eau pourraient être aggravées par la dégradation de la qualité de l’eau, qui de fait réduirait la quantité d’eau disponible pour les différents usages humains.

Face à ces constats, une planification des transformations des usages de l’eau « dès aujourd’hui«  permettrait de réduire les pressions sur les milieux naturels et d’éviter les conflits entre les différents usagers.

Pour réduire ces tensions, le Haut-commissariat recommande d’étudier tous les moyens existants, du réglementaire aux dispositifs d’accompagnement en passant par les incitations.
Il préconise aussi de conduire des études locales pour identifier plus finement non seulement les volumes potentiellement disponibles, en intégrant les nappes (la note ne concernant que les eaux de surface), mais également les différentes demandes en eau. Ce travail apparaît indispensable pour organiser un partage de l’eau « le plus juste possible« , associant étroitement toutes les parties prenantes.

Source: vie-publique.fr