Le baromètre annuel sur les enfants à la rue d’Unicef-France fait état d’une progression du nombre d’enfants sans solution d’hébergement à la rentrée 2025. L’Unicef évoque un échec des politiques publiques en la matière et en appelle à un « plan ambitieux de production de logements sociaux et très sociaux ».
Quelques jours avant la rentrée scolaire de septembre 2025, 2 159 enfants étaient sans solution d’hébergement après un appel au 115, soit une augmentation de 6% par rapport à 2024 et de 30% par rapport à 2022 selon le baromètre 2025 réalisé par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).
Hausse des demandes en hébergement non pourvues
Pour établir ces données sur les enfants sans hébergement, l’Unicef se base sur le nombre d’appels au 115 le 18 août 2025, ce qui ne répertorie qu’une partie des situations de sans-abrisme, précise le baromètre. Parmi les demandes d’hébergement non pourvues (DNP), 60% concernent des familles (4 036 demandes) et, parmi celles-ci, 1 407 concernent des femmes seules avec enfant(s).
Les demandes non pourvues émanant de familles sont en progression avec 2 159 enfants touchés, y compris pour les familles avec enfants de moins de 3 ans (503 enfants en 2025).
Hormis les territoires nationaux ultramarins, les régions les plus touchées sont l’Île-de-France (1 760 demandes non pourvues), l’Auvergne Rhône-Alpes (452 DNP) et l’Occitanie (402 DNP).
Parmi les cinq départements hexagonaux qui concentrent le plus de DNP émanant de familles, (Paris, Seine-Saint-Denis, Nord, Haute-Garonne, Hérault), la Seine-Saint-Denis connaît la hausse la plus forte sur l’année (+30%).
Situation préoccupante dans les territoires ultramarins
Dans les territoires ultramarins il est estimé que 600 000 personnes sont concernées par le mal-logement ou le sans-abrisme.
À La Réunion, plus de 1 000 enfants se trouvent sans solution d’hébergement dont 330 sont âgés de moins de 3 ans.
À Mayotte, où l’habitat précaire concerne un tiers de la population, la situation est particulièrement critique en raison des catastrophes climatiques (cyclone Chido de 2024) et de la destruction de certains habitats informels par les forces de police sans obligation de relogement.
Dans l’analyse des causes, l’Unicef évoque d’abord une saturation des dispositifs d’hébergement qui ne permet pas de respecter les principes inscrits dans le code de l’action sociale et des familles. Avec 203 000 places disponibles, le parc d’hébergement est très inférieur aux besoins, note l’Unicef. Dans le même temps, la chaîne d’accès au logement est saturée avec 2,8 millions de ménages en attente de logements selon les données 2025 de l’Union sociale pour l’habitat. Par ailleurs, le baromètre évoque un parc privé de moins en moins accessible pour les classes moyennes et des difficultés croissantes pour les ménages afin de se maintenir dans le logement (+29% d’expulsions locatives depuis 2023).
Parmi les recommandations formulées, l’Unicef en appelle à une programmation pluriannuelle de l’hébergement et du logement afin, notamment, de relancer la production de logements abordables et de dépasser la « logique de court terme » du logement d’urgence (29 857 enfants étaient hébergés à l’hôtel dans la nuit du 18 au 19 août 2025).
Dans cette optique, l’Unicef demande que l’État garantisse les efforts nécessaires en matière de logement à travers la loi de finances et qu’une loi de finances rectificative assure le financement nécessaire au maintien des 203 000 places d’hébergement existantes.
Source: vie-publique.fr
Analyse des causes et recommandations