C’est une opération remarquable qui a permis, dimanche 31 août 2025, l’interpellation de sept individus impliqués dans l’enlèvement et la séquestration d’un ressortissant suisse. Les enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) de Grenoble ont notamment été appuyés par des unités des Groupements de gendarmerie départementale (GGD) de la Drôme et de l’Ardèche, plus de 50 militaires du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et des enquêteurs spécialisés de la nouvelle Unité nationale de police judiciaire (UNPJ).

L’affaire commence samedi 30 août 2025, peu après 4 heures du matin. La police suisse contacte l’officier de permanence du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de la Drôme pour signaler qu’un ressortissant suisse a été enlevé et est séquestré en France, probablement dans la région de Valence. Les ravisseurs exigent qu’une rançon leur soit versée en cryptomonnaie pour sa libération.

L’officier de gendarmerie prend contact avec la Section de recherches (S.R.) de Grenoble, compétente sur ce secteur, qui sollicite aussitôt le parquet de Valence pour l’ouverture d’une enquête pour enlèvement et séquestration en bande organisée, afin de pouvoir mener les premières investigations.

L’UNPJ et le GIGN projettent leurs capacités

Six enquêteurs de la S.R. se rendent immédiatement à Valence, un septième restant à Grenoble pour traiter le volet cyber de l’enquête. Avec l’appui des GGD de la Drôme, des locaux et des moyens sont mis à disposition des militaires de la S.R., également renforcés par les Brigades de recherches (B.R.) de la Drôme. Le GGD de l’Ardèche prendra également part aux actions de contrôle de zone. Le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) est sollicité, tout comme la Division des opérations (D.O.) de l’Unité nationale de police judiciaire (UNPJ), officiellement créée le 1er septembre 2025.

Le GIGN va projeter en tout, avec ses antennes, 52 militaires. Avec des capacités d’intervention, de filature, d’observation, d’acquisition technique du renseignement, notamment avec l’appui des Forces aériennes de la Gendarmerie nationale (FAGN), et de négociation. Les capacités cyber du Groupe sont aussi mises en œuvre pour des recherches en source ouverte (OSINT, Open source intelligence) afin de « faire » l’environnement de la victime et parvenir ainsi à entrer en contact avec des personnes en lien avec l’affaire et avec les ravisseurs. L’opération présentait une double complexité pour le GIGN. Il s’agissait d’un enlèvement, nécessitant d’aller très vite pour sauvegarder une vie humaine, doublé d’une traque puisque personne ne savait où se situait l’otage. Le GIGN va également apporter aux enquêteurs ses capacités de gestion de crise, sous la coordination de l’UNPJ, au sein du P.C. de crise.

Bien que chaque affaire soit différente, et bien que la victime n’était pas liée au monde de la crypto-monnaie, les gendarmes ont pu s’appuyer sur le retour d’expérience (retex) de l’opération menée à la suite de l’enlèvement du cofondateur de Ledger.

L’UNPJ, de son côté, a projeté quatre personnels – un officier et trois enquêteurs – en plus des experts de l’Unité nationale cyber (UNC), parfaits connaisseurs des crypto-monnaies, qui ont travaillé à distance, et de l’IRCGN. « L’UNPJ a envoyé un coût complet, ils ont vraiment été au rendez-vous », souligne le commandant de la S.R. de Grenoble.

Les militaires du Groupe d’observation et de surveillance (GOS) de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Cellule départementale d’observation et de surveillance (CDOS) du GGD de la Drôme ont également été mobilisés. Ces derniers connaissant parfaitement le quartier très défavorable, imposant une forte contrainte opérationnelle, où a été localisé un individu ciblé.

Sept interpellations en deux opérations

Le 31 août 2025 au matin, une opération est déclenchée sous l’autorité du parquet, avec le concours du  Peloton spécialisé de protection de la Gendarmerie (PSPG) de Triscastin, amenant à l’interpellation du principal suspect ainsi que de deux autres individus. Les éléments découverts par les enquêteurs permettent de localiser la victime dans un lieu-dit du département de la Drôme. À 16 heures, une seconde opération est déclenchée, permettant de libérer la victime, en état de choc mais vivante, et d’interpeller quatre autres individus.

En tout, ce sont 150 gendarmes qui ont été engagés au cours d’une manœuvre remarquable, tant par sa fulgurance que par son efficacité. Sur le terrain, la S.R. de Grenoble a assuré, en plus de son travail d’enquête, un rôle important de coordination de toutes ces unités.

Les sept personnes placées en garde à vue ont été présentées, jeudi 4 septembre 2025, à un juge d’instruction dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le parquet de la JIRS de Lyon des chefs d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otage pour obtenir l’exécution d’un ordre ou d’une condition commis en bande organisée, extorsion en bande organisée avec arme et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime aggravé par la commission en bande organisée. Tous ont fait l’objet d’un mandat de dépôt et ont été placés en détention provisoire, y compris un individu mineur.

Source: gendinfo.fr