Réchauffement, pollution, perte de biodiversité… la santé des océans continue de se dégrader. Le 9e rapport sur l’état des océans publié par l’Institut européen Copernicus et l’organisation scientifique Mercator Ocean International montre que tous les océans du monde sont désormais menacés.
Alors que les océans couvrent plus de 70% de la surface du globe, « aucune partie de l’océan n’est épargnée par la triple crise planétaire : la pollution, la perte de biodiversité et le changement climatique ». Les conclusions du rapport de l’Institut européen Copernicus et l’organisation scientifique Mercator Ocean International publié le 30 septembre 2025 montrent que l’état de santé des océans continue de se dégrader.
Le rapport annuel sur l’état des océans (OSR), lancé en 2015, rend compte de l’état de la variabilité et des changements en cours dans l’environnement marin de l’océan mondial et des mers régionales européennes au cours des dernières décennies. L’édition 2025 met l’accent sur les événements extrêmes de 2023 et 2024 et sur l’interdépendance profonde des impacts du changement océanique avec les changements dans les écosystèmes marins, les sociétés humaines, la culture et l’économie.
Réchauffement, montée des eaux, acidification, fonte des glaces…
Les travaux de 70 scientifiques d’Europe et du monde entier ont permis de constater de nombreux changements océaniques :
- un réchauffement record de la température de l’océan en 2024 (il absorbe 90% de l’excès de chaleur généré par les émissions de gaz à effet de serre). La température a dépassé les 21°C en surface, atteignant un niveau record au printemps 2024 ;
- une montée sans précédent du niveau de la mer (228 millimètres entre 1901 et 2024) qui met en danger près de 200 millions de personnes installées le long des côtes mais aussi des sites du patrimoine mondial de l’Unesco ;
- le développement d’espèces invasives, comme le crabe bleu dans le delta du Pô et les vers à feu barbus (vers marins d’origine tropicale ou équatoriale) en Sicile ;
- une hausse de l’acidification des océans ;
- le déclin de la glace de l’Arctique (quatrième plus bas niveau historique entre décembre 2024 et mars 2025 avec, en mars 2025, une surface de glace inférieure de 1,2 million de kilomètres carrés par rapport à la moyenne hivernale de long terme).
Ces phénomènes menacent les espèces et les écosystèmes et affaiblissent le rôle de l’océan dans la stabilité climatique mondiale.
Intensification des canicules marines en 2023 et en 2024
Le réchauffement concerne toutes les zones maritimes mais touche plus rapidement les mers semi-fermées, en particulier la mer Méditerranée (4,3 °C au dessus des normales de mai 2022 à janvier 2023) tandis que la température des eaux de l’Atlantique Nord est passée pour la première fois au dessus des 20 °C en 2023.
Le rapport analyse plus particulièrement les vagues de chaleur marines (VCM) devenues plus intenses et plus fréquentes et plus longues. Il s’agit de « hausses extrêmes de la température de l’océan pendant une période prolongée » selon Copernicus.
En 2023, la plus longue vague de chaleur depuis 40 ans a été relevée en Méditerranée. Conséquences : des espèces invasives (crabe bleu, par exemple) se sont propagées, entraînant d’importantes pertes économiques pour la pêche en Italie.
Au Canada, au large de la Nouvelle-Écosse, la chaleur des fonds océaniques a fait fuir les homards entraînant une hausse de leur capture entre 2008 et 2023. Sur le plateau de Terre-Neuve, la faiblesse des vents mais aussi notamment la forte densité d’eau douce ont favorisé une VCM de surface aux températures « inhabituellement élevées » pendant l’été et l’automne 2023.
Source: vie-publique.fr