Face à la crise sanitaire touchant le pays, le Commandement des écoles de la gendarmerie nationale (CEGN) a organisé, en lien avec toutes les écoles, une manœuvre sans précédent : le déploiement de 3700 élèves en moins d’une semaine. Passés l’instant de stupeur et le départ dans l’urgence, ils témoignent ici de leurs premiers pas sur le terrain.
Le 16 mars dernier, pour répondre aux mesures gouvernementales tout en renforçant les effectifs sur le terrain, la gendarmerie nationale prend une importante décision : déployer, sur tout le territoire en moins d’une semaine, les 3700 élèves se trouvant en formation initiale.
Une manœuvre inédite pour les écoles de gendarmerie
Afin de se conformer aux mesures gouvernementales liées à l’épidémie de coronavirus tout en renforçant les effectifs sur le terrain pour faire face à..
Tout d’abord, c’est le choc ! Les élèves se posent beaucoup de questions sur ce départ précipité. « Nous n’avons même pas eu le temps de nous dire au revoir », regrette l’Élève gendarme adjoint volontaire (EGAV) Julia, affectée à la brigade d’Arès (33). « Nous avons appris du jour au lendemain que notre scolarité s’arrêtait là. Nous étions à la fois circonspects face à cette nouvelle, mais aussi heureux d’aller sur le terrain », explique l’Élève gendarme (EG) Florian, affecté à la brigade de Parentis en Born (40).
Très vite, volonté et abnégation reprennent le dessus. « En signant notre contrat de gendarme, nous avons bien pris conscience de notre engagement et de la disponibilité qui en découle. Nous avons maintenant l’occasion de démontrer que nous sommes prêts à servir quelles que soient les circonstances », reconnaît l’EG Lou, affectée à la brigade de Cozes (17).
Un corps solidaire
La gendarmerie est une grande famille et cela n’a jamais été aussi vrai au regard des élans de solidarité constatés dans les différentes unités accueillant ces jeunes recrues. Ainsi, bien souvent, les militaires et leurs familles se débrouillent pour aménager le logement du nouvel arrivant avec des meubles de base et les éléments de première nécessité. « J’ai été accueillie comme il se doit. Chacun de la brigade m’a trouvé couverts, draps, lit, canapé, télé, etc. Ils m’ont même donné des pâtes le premier soir, ne sachant pas si j’avais eu le temps de faire des courses. C’était vraiment touchant ! », raconte l’EG Alizée, affectée à la brigade de Valréas (84).
En effet, tout est mis en place dans les unités pour arranger au maximum les arrivants.
« J’ai été accueilli dans les meilleures conditions, ils ont tout fait pour me faciliter la vie : on m’a prêté un logement meublé en attendant que l’électricité soit mise dans le logement qui m’était attribué et on a aménagé mon service pour que j’ai le temps d’emménager avec ma compagne d’ici quelques jours », apprécie l’EG Florian. Cet esprit de corps vaut aussi pour les élèves sous-officiers des corps de soutien (CSTAGN) affectés en état major. C’est le cas de Mélanie qui parle d’un très bon accueil, ne rencontrant « que du positif pour le moment, et j’espère que ça le restera ! ».
Dans le grand bain
Malheureusement le travail en temps de crise n’attend pas ! À peine le temps de poser les valises, ceux qui étaient encore en école il y a quelques jours partent à présent renforcer leurs camarades sur le terrain, sous l’œil avisé de leurs ainés. « Nous sommes partis immédiatement en mission de contrôle. Je me sens plutôt à l’aise car j’étais réserviste avant mais quand j’ai un doute je pose des questions », raconte l’EG Florian.
En effet, le but n’est pas de les mettre en difficulté. Les jeunes recrues sont accompagnées au maximum pour effectuer leurs premiers pas le plus sereinement possible. « C’est un peu stressant mais j’ai un bon tuteur et ils m’ont tous dit qu’ils seraient là pour moi. Je suis aussi en colocation avec deux autres gendarmes adjoints volontaires qui m’expliquent comment faire », témoigne l’EGAV Julia. « En école c’est beaucoup de théorie, sur le terrain nous apprenons plus vite ! J’ai été binômée avec des gendarmes connaissant très bien le territoire et c’est venu ainsi assez naturellement », ajoute l’EG Alizée.
Pour l’Élève officier (EO) Tristan, affecté à la communauté de brigades de Guichen (35), c’est un plongeon dans le grand bain lui qui est arrivé tout de suite à la tête d’une grosse unité : « Je rencontre un par un mes personnels afin de mieux les connaître tout en évitant un rassemblement vu le contexte. J’ai pu compter sur mes deux adjoints qui m’ont rapidement fait un point de situation concernant les contrôles liés au confinement. J’ai commencé fort en intervenant d’ores et déjà sur un vol à main armé ! », raconte-t-il enthousiaste.
Et après ?
S’agissant des élèves affectés par anticipation, le CEGN entend compléter leur formation à travers un enseignement à distance. Un travail colossal est abattu en ce sens par le centre de production multimédia de la gendarmerie qui prépare en urgence la mise en ligne des nombreuses documentations sur la plateforme.
En outre, chaque unité accueillante a dû désigner un militaire tuteur, chargé d’accompagner la jeune recrue durant ses premiers mois d’affectation et de faire le lien avec ses anciens cadres en école.
En ce qui concerne les prochaines entrées en école, le CEGN attend la fin de la période de confinement et réfléchit déjà sur les modalités de gestion des élèves en sortie de crise.
Enfin, n’allez pas croire que les cadres des écoles sont désoeuvrés : s’ils ne sont pas déjà engagés en renfort à la brigade numérique ou au profit des groupements de gendarmerie les plus proches, ils planchent sur la reprise de formation et assurent l’@-tutorat des militaires récemment projetés!
En outre, ils restent en contact avec leurs élèves qui leur font part de leurs premiers ressentis et les remercient : « Nous étions des tout petits sans expérience et ils nous ont permis de grandir, de nous affirmer et de prendre confiance en nous. Toutes les valeurs martelées en école, cohésion solidarité, entraide, camaraderie, prennent déjà un sens sur le terrain, au contact de mes nouveaux camarades de la brigade », reconnaît l’EG Lou.