« C’est un profil qui peut faire peur, un jeune homme fasciné et obnubilé par le feu », décrit le major Olivier, adjoint au commandant de la Brigade de recherches (B.R.) de Nyons.
Un vendeur de fumée
Les 5 et 7 juillet derniers, deux incendies sont constatés sur des zones boisées de Vinsobres. S’agissant du premier, les sapeurs-pompiers sont appelés par un jeune homme qui leur signale un départ de feu dans la forêt. Sur place, alors que ces derniers tentent d’endiguer l’incendie, les gendarmes de la brigade de Nyons relèvent toutes les identités des personnes présentes et recueillent leurs témoignages. Parmi elles, un jeune homme en scooter s’avère très investi dans les opérations. Tentant d’aider les militaires pour faire la circulation, il leur confie avoir vu un conducteur jeter son mégot sur le bord de la chaussée.
Deux jours après, un deuxième incendie survient dans une pinède, toujours au bord de la route, dans la même commune drômoise. Un jeune homme en scooter a également été aperçu sur les lieux. À travers des rapprochements, les enquêteurs de la B.R. de Nyons comprennent qu’il s’agit du bon samaritain croisé sur le premier événement. Celui-ci se serait d’ailleurs également présenté au centre de secours de Nyons pour se renseigner sur le métier de sapeur-pompier. « Nous avons vraiment travaillé en étroite collaboration avec les sapeurs-pompiers, qui ont joué un rôle important dans la remontée d’informations et nous ont permis d’identifier l’individu en question », souligne le major.
Suivi à la trace
Les enquêteurs s’intéressent d’un peu plus près au jeune homme. Âgé de 18 ans, il est actuellement en vacances au camping de Vinsobres et est déjà connu des services, notamment pour un jet de cocktail Molotov sur un commissariat. Dès lors, avec l’accord du parquet, les gendarmes procèdent à sa géolocalisation, « tout en utilisant la bonne vieille méthode de la filature », ajoute le gradé. La pyromanie est un trouble mental caractérisé par un besoin impulsif de mettre le feu… Reste à s’armer de patience, et jamais deux sans trois !
Le 18 juillet dernier, un départ de feu est signalé à Venterol, à une dizaine de kilomètres de Vinsobres. Les gendarmes se précipitent sur les lieux mais, dans le même temps, les sapeurs-pompiers les appellent à la suite du déclenchement d’un feu de forêt en bordure d’un chemin, à Vinsobres. D’après la géolocalisation, le jeune homme en scooter vient de passer non loin du site. En se coordonnant, les gendarmes parviennent à l’interpeller, au bord de la route, en flagrant délit. Se disant non-fumeur, il transporte néanmoins dans son sac à dos « tout le nécessaire pour une mise à feu, à savoir un allume-gaz, une boîte d’allumettes, du papier toilette et un déodorant à spray. » Son téléphone est également perquisitionné et les enquêteurs y découvrent des dizaines de photos et de vidéos de sapeurs-pompiers luttant contre les flammes, dont certaines s’avèrent avoir été prises lors des premiers incendies et partagées avec ses proches.
Un phénomène médiatique qui met le feu aux poudres
Au cours de son audition, le jeune homme reconnaît être l’auteur des trois faits qui ont occasionné la destruction de près d’un hectare de zone boisée. Il comparaît, le 21 juillet dernier, devant le tribunal de Valence, qui le condamne à deux ans de prison, dont six mois ferme, et une obligation de soins et de travail. Il a également l’interdiction de paraître sur la commune de Vinsobres durant trois ans et de détenir une arme pendant cinq ans.
« L’engagement important des sapeurs-pompiers a permis de rapidement maîtriser les feux et de limiter les dégâts. Néanmoins, depuis le début de l’été, nous avons été confrontés à plus d’une dizaine d’incendies criminels. Des faits auxquels nous ne sommes pas habitués, bien que nous soyons situés dans la Drôme provençale. Il semblerait malheureusement que les feux constatés en Gironde et relayés par les médias donnent des idées à certains », déplore le major Olivier.
Rendez-vous sur le site de nos camarades pompiers pour savoir comment prévenir un feu de forêt et réagir le cas échéant.
Source: gendinfo.fr