Expert reconnu dans le domaine de l’investigation subaquatique, le CNING (Centre National d’Instruction Nautique de la Gendarmerie), qui dispense régulièrement des formations, a envoyé, début janvier, des gendarmes à près de 8 500 km de la métropole, dans l’Océan Indien, pour initier des gardes-côtes et des militaires maldiviens et sri lankais aux différentes méthodes et techniques d’investigations subaquatiques.
Dans les eaux turquoise de l’archipel des Maldives, situé au large de la pointe sud de l’Inde, des gardes-côtes et des militaires maldiviens et sri lankais écoutent attentivement les conseils de quatre gendarmes français, venus tout droit du Centre national d’instruction nautique de la gendarmerie, le CNING, situé à Antibes.
Invités pour onze jours (du 3 au 14 janvier 2023) par le CRIMARIO II, un projet d’Expertise France qui participe à la lutte contre la criminalité dans l’Océan Indien, les gendarmes ont pour mission de former douze personnels (huit gardes-côtes sri lankais et maldiviens et quatre militaires de la Navy sri lankaise) aux premières notions de l’enquête judiciaire en milieu subaquatique.
S’initier à l’enquête subaquatique
Au cours du stage, les participants découvrent ainsi les techniques de recherche, la prise de vue judiciaire, le baptême terrain d’une scène de crime subaquatique, les recherches de traces et indices sur des objets immergés et le conditionnement et le relevage de ces objets. À la fin de la formation, un exercice de synthèse, comprenant un scénario de découverte de corps, vient clore cette semaine d’apprentissage.
L’objectif est d’apporter aux stagiaires les premières notions d’investigation en milieu subaquatique. Des techniques qu’ils vont ensuite pouvoir reproduire et adapter à leur modèle et à leurs besoins, différents selon les territoires. Aux Maldives, pays touristique impacté par les accidents de bateau, les gendarmes du CNING ont ainsi renforcé la partie « relevé d’éléments sur victime ». Du côté des Sri Lankais, plus touchés par la problématique des stupéfiants, c’est le volet « relevé d’empreintes sur contenant » qui a été davantage abordé.
Afin d’adapter les formations, tout en prenant en compte les différences de niveau, les participants ont été répartis en deux groupes : l’un, comprenant les six Maldiviens, a été pris en compte au cours de la première semaine, et l’autre, réunissant les deux gardes-côtes et les quatre marins sri lankais, la semaine suivante.
Pour les stagiaires, particulièrement intéressés par la formation, il s’agit d’un changement total de méthode de travail. « Ici, les techniques d’enquête aquatique et subaquatique n’existent pas. Lors d’une enquête, les éléments sont directement remontés à la surface pour analyse, détériorant ainsi une partie des indices », explique le capitaine Julien, du CNING, chargé de la coordination. Pour compléter l’intégration de ces nouvelles techniques d’enquête et faire le lien entre les données collectées et leur traitement par la justice, deux magistrats sri lankais ont été conviés à assister à une partie des exercices, dans l’idée, pour le capitaine, de « former les plongeurs et informer les magistrats. »
Pour la gendarmerie, la plus-value de cette formation est également importante. Au-delà des échanges et des liens extrêmement enrichissants, qui se nouent au fil des jours entre les différents personnels de chaque pays, la formation permet également aux militaires français de faire connaître et de renforcer l’expertise de la gendarmerie en matière d’enquête subaquatique.