En France, les pesticides sont utilisés en agriculture et dans le secteur du bâtiment ou à domicile. Ces usages multiples engendrent des rejets chroniques et diffus vers les milieux naturels et plus particulièrement les nappes phréatiques. Un rapport d’inspection fait le point.

Les pesticides désignent des substances actives chimiques contenues dans les produits :

  • phytopharmaceutiques ou phytosanitaires, utilisés en agriculture pour la protection des plantes ;
  • biocides, utilisés dans le bâtiment ou à domicile (désinfectants, insecticides, produits de protection du bois…).

Ces substances exercent une activité générale ou spécifique sur des organismes nuisibles : plantes, animaux, champignons, bactéries…

Les produits de dégradation issus de ces pesticides sont dénommés métabolites.

La présence de pesticides dans les cours d’eau et les nappes phréatiques est due à leur entraînement par ruissellement ou à leur infiltration dans les sols.

Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) et du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) alerte sur des concentrations en pesticides et en métabolites, désormais observées à des taux supérieurs aux limites de qualité réglementaire dans certains départements.

Des pics de contamination dans les zones de cultures intensives

Les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) sont produites à partir d’eaux brutes d’origine souterraine (deux tiers) ou superficielle (un tiers).

Les eaux brutes sont surveillées par les agences de l’eau.

Les EDCH font l’objet du point de prélèvement jusqu’au robinet :

  • d’un suivi permanent de premier niveau (autosurveillance) de la part des personnes responsables de la production et de la distribution d’eau (maires, présidents de syndicats d’eau, de communautés de communes, exploitants d’eau…) ;
  • d’un contrôle sanitaire par les agences régionales de santé (ARS).

Les analyses disponibles révèlent que « la qualité des eaux brutes est dégradée voire très dégradée dans plusieurs départements et pourrait impacter à court terme l’alimentation en eau potable« . Par exemple, la concentration de chloridazone desphényl, un métabolite de pesticide, dépasse 3 µg/l sur certains captages (pour une valeur seuil prise en compte de 0,1 µg/l). Près de 15% des captages dépassent la valeur seuil. Les zones concernées correspondent en grande partie à la zone de culture de la betterave industrielle (Aisne, Oise, Somme, Pas-de-Calais, Marne, Calvados, Cher, Loiret, Seine-et-Marne, Aube).

Une amélioration nécessaire de la détection des métabolites

La France compte 33 000 captages, sur lesquels sont prélevés 18 millions de mètres cubes par jour, destinés à produire des EDCH. Le rapport préconise l’instauration sans délai de mesures de protection accrues sur les 1 398 captages les plus affectés par des pollutions diffuses, entre autres par les métabolites, peu pris en compte par la réglementation européenne.

L’efficacité des filières de traitement varie selon les molécules et leur concentration. Les techniques de traitement vont impacter le prix de l’eau. Le rapport souligne que si certaines agences de l’eau ont une connaissance partielle de ces coûts, ce n’est pas le cas des ARS. Ainsi, le traitement par charbon actif est deux à trois fois moins cher que le traitement membranaire (nanofiltration).

Compte tenu de la situation, la mission estime que les agences doivent pouvoir continuer à financer des mesures curatives.

Source: vie-publique.fr