L’Hôtel de ville de Paris a traditionnellement accueilli, ce mercredi 2 avril 2025, la 5e édition des Trophées des chiens héros. La cérémonie s’est déroulée en présence d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, de Christophe Nadjdovski, adjoint à la maire de Paris et membre du jury, d’Alexandre Balzer, président de la Centrale canine, du général de corps d’armée Olivier Kim, commandant de la région de gendarmerie Grand Est et membre du jury, du général de division Éric Lamiral, Sous-directeur de l’emploi des forces (SDEF) à la Direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN), ainsi que de nombreuses autres autorités civiles et militaires, des professionnels, des bénévoles et des amoureux des chiens.

Organisé par la Société centrale canine (SCC), cet événement biennal vise à mettre en lumière les exploits des chiens au sein de notre société et à honorer les services qu’ils rendent au quotidien, qu’ils soient employés au sein des forces de sécurité intérieure, des pompiers, des armées, des cours de justice, des maisons de retraite ou au sein de nos foyers.

Cette année, des récompenses ont été décernées dans douze catégories, couvrant ainsi un large champ d’action en matière de cynotechnie : chien de sauvetage civil (secourisme et reconnaissance, recherche de personnes disparues, etc.) ; chien de recherche de matières illicites (stupéfiants, billets, tabac, etc.) ; chien de recherche d’explosifs et d’armements ; chien d’intervention (officiant dans les armées, les unités de gendarmerie, de police, etc.) ; chien d’assistance ; chien et environnement (formé à des détections spécifiques liées à notre environnement : champignons, nuisibles type punaises de lit, fuites d’eau, etc.) ; chien détecteur de maladies ; chien de famille (non spécialiste ayant réalisé un exploit) et chien visiteur / médiateur (apportant du réconfort dans les maisons de retraite, les hôpitaux, les écoles, les cours de justice, etc.). Une catégorie dédiée aux « Partenaires des chiens héros » récompense également un organisme œuvrant pour la santé, le bien-être, l’entraînement, la formation ou encore la promotion du chien au service de l’homme ou du chien en général. La catégorie « Mémoire » récompense à titre posthume un chien, spécialiste ou non, qui s’est particulièrement distingué par son courage. Enfin, cette année, le jury a également souhaité mettre en lumière l’engagement des équipes cynophiles lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

La gendarmerie mise à l’honneur dans trois catégories

Après les allocutions des autorités, le major Franky et ses deux chiens, Phantom, un berger allemand de travail âgé de 5 ans, et Oulligan, une Saint-Hubert de 6 ans, opérant tous deux en pistage opérationnel, ont ouvert le bal des récompenses dans la catégorie « chien de sauvetage civil ». Mis à l’honneur pour l’ensemble de ses interventions, le trinôme du Groupe d’investigations cynophile (GIC) de Châteauneuf-sur-Loire, dans le Loiret, cumule depuis quatre ans plus de 300 missions de recherche de personnes disparues et de criminels en fuite. Le flair des deux chiens a permis de retrouver 46 personnes, dont 22 en vie, et d’identifier ou d’interpeller dix auteurs de crimes et délits. Pour le militaire, maître de chien depuis 20 ans, ce trophée vient « reconnaître le travail effectué au quotidien avec mes chiens. C’est une fierté, un honneur. Ça fera partie des bons souvenirs de ma carrière ».

Phantom et Oulligan sont plus que des compagnons de travail, ce sont des compagnons de vie, puisqu’ils vivent au domicile de leur maître et partagent sa vie de famille depuis l’âge de deux mois. Et c’est avec fierté que le major Franky parle d’eux : « Phantom est un chien très fusionnel et très respectueux. Il fait preuve d’une grande disponibilité et d’une grande abnégation. Il s’investit beaucoup et sur la durée ; il faut d’ailleurs être vigilant à ce qu’il ne s’épuise pas. Plus indépendante que Phantom, Oulligan est une chienne très sensible, dotée d’un grand nez. Elle réfléchit beaucoup et elle est capable de démêler des situations complexes, détaille le militaire. J’ai vraiment plaisir à travailler avec eux sur le terrain et de les avoir à la maison. Tous les deux sont vraiment complémentaires : Phantom peut travailler en pistage jusqu’à 24 heures après une disparition. Il est aussi plus polyvalent. Étant dressé au mordant, il est prioritairement engagé sur les recherches de malfaiteurs, jusqu’à la phase d’interpellation. Il possède aussi un module de détection, c’est-à-dire qu’il peut travailler sur une zone ou dans un bâtiment et détecter une présence suspecte sans avoir d’odeur de référence ciblée, comme c’est d’usage pour le pistage. Oulligan est ce qu’on appelle un chien de piste froide. Elle peut intervenir dans des conditions plus compliquées, c’est-à-dire au-delà de 24 heures et dans une limite longue de 7 à 10 jours après la disparition, ou sur des terrains complexes, comme en zone urbaine. »

Hier soir, Oulligan et Phantom ont vu leur travail en faveur de la sauvegarde de la vie humaine récompensé, recevant chacun une médaille, respectivement des mains de la ministre, Madame Genevard, et du GCA Kim.

Ce dernier a d’abord souligné qu’il s’agissait de féliciter un quadrinôme, « car il ne faut pas oublier le maître de chien suppléant », en l’occurrence le gendarme adjoint volontaire Alexis. Le GCA Kim a ensuite expliqué le coup de cœur du jury, interpellé par « ces deux chiens de race différente, qui ont été élevés et dressés par le même maître. Et en fonction des races, les techniques de dressage sont différentes. La deuxième chose qui nous a interpellés, c’est le fait que ces deux chiens sont complémentaires : l’un travaille plutôt sur les pistes chaudes, et l’autre sur les pistes froides. (…) Enfin, cette équipe nous a marqués par ses résultats. (…) Elle a permis de retrouver 46 personnes, dont 22 personnes vivantes ».

Le général a ensuite rapidement évoqué quelques actions marquantes, dont l’interpellation, en 2021, grâce au flair d’Oulligan, de l’auteur d’une série d’incendies en remontant jusqu’au domicile de l’incendiaire. La même année, après avoir été héliportée en Dordogne avec son maître, la chienne Saint-Hubert a permis de retrouver la trace d’un forcené auteur de violences intrafamiliales qui avait pris la fuite. Au cours de cette mission, l’équipe cynophile avait été exposée au feu, « ce qui avait valu au binôme une citation à l’ordre du régiment avec attribution de la médaille de la défense nationale. »

Phantom, quant à lui, a notamment permis de retrouver un homme de 73 ans plus de 24 heures après sa disparition et de lui sauver la vie. De même pour un jeune homme suicidaire, retrouvé avant qu’il ne passe à l’acte. « Chaque fois que l’on évoque les faits d’armes de ces deux chiens, du major qui est leur maître et de son suppléant, on ne peut être que sensible à autant de courage et à autant d’humilité dans l’action. Au sein de la gendarmerie, nos équipes cynophiles ont vraiment un rôle très important. On crée d’ailleurs des groupes d’intervention cynophiles dans diverses spécialités », a-t-il conclu, non sans annoncer l’arrivée prochaine de deux nouvelles spécialités en gendarmerie : « des chiens qui réussissent à détecter les gens détenteurs de stupéfiants en mouvement » et « des chiens spécialisés dans la découverte de supports numériques ».

Hommage aux héros disparus

Cette année, deux chiens de la gendarmerie sont arrivés ex aequo dans la catégorie « Mémoire » : Ninja, décédé en 2011, et Narko, décédé en 2003. Leurs récompenses ont été remises à leurs maîtres respectifs, l’adjudant-chef à la retraite Franck Gelpi, notamment ancien instructeur au Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie nationale, et l’adjudant Philippe, du GIC de Nîmes dans le Gard.

Ces deux chiens ont eu la particularité d’opérer dans la même spécialité : la recherche de billets. Ninja était d’ailleurs le précurseur en France et en Europe dans ce domaine, a rappelé son maître, avant de souligner que l’argent saisi aux malfaiteurs était reversé à la MILDECA, permettant de mener des actions d’éducation et de prévention des conduites addictives. Retraité à l’âge de 11 ans et demi, Narko, doté d’un « flair exceptionnel », avait quant à lui à son actif la découverte de plus de 4 millions d’euros, dont 2 242 000 € lors d’une même perquisition, et plusieurs centaines de kilos de produits stupéfiants.

Paris 2024 : 360 équipes cynophiles gendarmerie mobilisées

La gendarmerie nationale a également été mise à l’honneur aux côtés des différentes administrations ayant contribué à la sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, à l’instar de l’armée de Terre, de l’armée de l’Air et de l’Espace, de la Marine nationale, des douanes, de la police nationale, de l’administration pénitentiaire… Le Prix Spécial J.O. Paris 2024 a ainsi été remis à l’adjudante Anne-Laure et à son chien Phalko, du GIC d’Ambérieu-en-Bugey, dans l’Ain, accompagnée sur scène par le GDI Lamiral.

Sorti du Centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG) de Gramat en juillet 2021, ce jeune binôme spécialisé dans la recherche d’explosifs a été engagé dans les opérations de sécurisation lors de l’arrivée de la Flamme olympique, puis paralympique, à Marseille, ainsi que lors des différentes étapes des relais des deux flammes en région Auvergne Rhône-Alpes, avant de participer, pendant les Jeux, à la décontamination du stade de l’Olympique Lyonnais.

Au total, du 26 juillet au 11 août 2024, ces différentes administrations étatiques ont mobilisé 1 160 binômes sur les JOP ; la gendarmerie ayant engagé pour sa part plus de 360 équipes cynophiles, tant en Île-de-France qu’en province et en outre-mer.

« C’est une belle reconnaissance pour Phalko et une belle occasion de mettre en lumière cette technicité un peu méconnue par rapport à d’autres, qui permet quand même d’assurer la sécurisation de milliers de personnes chaque année », confie la militaire. C’est un peu sans y croire que cette dernière a déposé son dossier de candidature, une semaine avant la clôture des inscriptions, car « Phalko n’a pas encore six ans, il est jeune dans sa carrière et n’a pas encore de découverte à son actif ».