Depuis 2008, 52 enfants ont perdu un de leurs parents, gendarme, en mission ou en exercice. Afin de montrer à ces orphelins qu’ils font toujours partie de la famille gendarmerie, l’association les Képis Pescalunes a tout mis en œuvre pour leur offrir un week-end de rêve à Paris. L’opération, baptisée « Du bleu dans les yeux », leur permettra notamment d’assister, le 7 septembre prochain, à un match des Bleus au Stade de France.
« Du bleu dans les yeux », c’est l’histoire d’une rencontre entre deux personnes passionnées et sincèrement impliquées auprès de leurs prochains, des gendarmes, blessés ou malades, mais aussi leurs familles, touchées par ces coups du sort, et plus largement leurs concitoyens.
La force et l’engagement d’une épouse de gendarme
Épouse de gendarme, Gaëlle Robin a vécu le drame de la blessure, celle de son mari, devenu paraplégique après avoir été atteint par une balle alors qu’il était en mission en Guyane.
Avec leurs trois enfants, le couple a dû apprendre à vivre avec ce handicap, à surmonter la souffrance.
Mais son mari est toujours là, ses enfants ont toujours leur père. « Une chance que tous n’ont pas eue ». Gaëlle Robin en est bien consciente. Germe alors dans l’esprit de cette femme dynamique et persévérante l’idée de faire quelque chose pour les orphelins de la gendarmerie. Nous sommes à l’été 2018, la France vient de remporter la coupe du Monde de football, et Gaëlle Robin rêve de « surfer » sur cette vague bleue… « Des bleus pour les bleus… »
C’est alors que par un heureux concours de circonstance, alors qu’elle assiste au concert caritatif de la gendarmerie, à l’Opéra de Montpellier, le général Jean-Valéry Lettermann, ayant eu connaissance de son projet, lui présente l’adjudant-chef Christophe Caumes, président de l’association les Képis Pescalunes, convaincu que leur énergie respective permettrait de concrétiser cette envie commune de faire rêver les enfants.
Une association qui réalise les rêves d’enfants
Née il y a 14 ans sur les terres lunelloises, cette association, initialement à caractère sportif, a très vite décidé de « joindre l’utile à l’agréable », en ajoutant à ses événements sportifs une dimension caritative. Là aussi, le fruit d’une rencontre avec un certain Laurent Blanc…
Sa première opération, « un rayon de soleil pour Alexandre », permet ainsi à ce petit garçon malade de réaliser son rêve : voir les chiens de traîneau. À son décès, en 2009, Alexandre devient un peu le symbole de l’association, qui poursuit son action en sa mémoire.
Sans subvention ou aide d’aucune sorte, les projets s’enchaînent, financés grâce aux événements organisés tout au long de l’année par l’association.
Le leitmotiv de ses membres : réaliser le rêve d’un enfant malade, comme celui du petit Noa, qui rêvait de voir la fusée Ariane, mais aussi soutenir la recherche contre les maladies.
Ainsi, depuis leur création, les Képis pescalunes ont versé près de 200 000 euros au profit de différentes causes : association Espoir Foi et Vie pour la recherche sur la dystonie, association d’aide aux jeunes diabétiques, association française de la dyskératose française, travaux de recherche sur le développement du pancréas artificiel pour les personnes souffrant du diabète de type 1, association Espoir SLA, hôpital pour enfants de Palavas-les-Flots, association des maladies à exostoses multiples, association l’Aventure du cœur, ou encore soutien à un équipage du 4L Trophy, en solidarité avec l’association les Enfants du désert, pour la scolarisation des enfants.
L’association a également apporté son aide (5 000 euros) à la famille du capitaine Nicolas, militaire du PI2G d’Orange, décédé en service le 21 mai 2016, ainsi qu’à l’association Gendarmes de cœur (25 000 euros), qui aide les gendarmes et leur famille dans les moments difficiles, en complément des aides institutionnelles apportées notamment par la Fondation maison de la gendarmerie.
« Du bleu dans les yeux » voit le jour
Gaëlle Robin et l’adjudant-chef Christophe Caumes partagent la même motivation, la même passion. Ils sont de ces personnes que les défis motivent, que l’irréalisable stimule, que les difficultés n’arrêtent pas…
En décembre 2018, Gaëlle Robin écrit donc au général d’armée Richard Lizurey pour lui faire part de son désir de monter un projet « afin de montrer aux orphelins de la gendarmerie qu’ils font toujours partie de cette grande famille, qu’elle ne les oublie pas et qu’elle les soutient. Ils ont dû quitter la vie en caserne, perdre leurs repères, mais la gendarmerie est dans l’ADN de ces familles et elles demeurent dans l’ADN de la gendarmerie. »
Le projet qui est en train de germer dans l’inconscient de nos deux infatigables bénévoles est d’emmener 52 enfants, dont l’un des parents, gendarme, est décédé en mission ou en exercice, assister à un match des Bleus au Stade de France, le samedi 7 septembre 2019, à l’occasion de la rencontre France-Albanie.
« Nous sommes conscients que ce n’est pas le rêve de tout le monde, mais nous voulions leur offrir du rêve, quelques étoiles dans les yeux de nos petits bleus. »
Présenté lors de l’assemblée générale de l’association en début d’année, le projet suscite l’adhésion de tous les membres. Vient alors le temps de sa concrétisation.
Cette idée de bleus pour les bleus devient officiellement « Du bleu dans les yeux », une opération que les deux pilotes du projet espèrent aujourd’hui pérenniser, mais à un rythme biennal, au regard de l’ampleur de l’organisation.
Deux parrains de renom : Olivier Giroud et Vincent Candela
C’est en effet un travail de titan qui les attend. Il faut d’abord trouver un parrain à cette opération. Il y en aura deux : Olivier Giroud et Vincent Candela, deux champions du Monde, respectivement en 2018 et 1998.
L’association mobilise également autour de son projet de nombreux artistes, sportifs et journalistes, qui prêtent leur image et leur voix dans une vidéo promotionnelle.
Elle reçoit aussi le soutien de la gendarmerie. Le Sirpa conçoit notamment un logo, qui devient le symbole d’un challenge lancé aux unités de gendarmerie, avec l’accord du directeur général, consistant à se mettre en scène avec et à diffuser les photos. « Il s’agit de faire savoir à ces familles, à ces enfants que l’on pense à eux », insiste l’ADC Caumes, qui précise qu’exceptionnellement « les bénéfices de certaines manifestations sont reversés au bénéfice du projet, comme le Trail du brigadier à Port-Vendres et le tournoi de football de Valras-plage. »
Un week-end de rêve grâce à de nombreux soutiens
Au fil des jours, les ambitions de Gaëlle Robin et de l’adjudant-chef Christophe Caumes s’étoffent. Plus qu’un match de football, ils veulent organiser un véritable week-end de rêve. Alors, pour y parvenir, ils prospectent, démarchent et négocient, obtenant de nombreux soutiens.
Ainsi, dès leur arrivée à Paris, le 6 septembre, les enfants effectueront une croisière sur la Seine, offerte par les Bateaux Parisiens. Le lendemain, ils passeront la journée à Disneyland Paris, offerte par le Parc, avant de se rendre au Stade de France, où les 52 places des enfants sont offertes par la Fédération française de football.
« L’hébergement dans un établissement de l’IGESA est financé par la CNG-MG, la totalité des repas par UNEO, les bus fournis par la DGGN. Tous les partenaires ont fait ce geste de bon cœur, sans demander de contrepartie », explique l’ADC Caumes, précisant cependant être toujours en recherche de financement pour les billets de train, dont le montant s’élève à près de 14 000 euros.
« Le soir du match, nous espérons qu’ils pourront être accueillis sur la pelouse par Olivier Giroud et la musique de la gendarmerie mobile. Le coup d’envoi fictif devrait être donné par deux des enfants, mon souhait étant qu’ils soient applaudis par le public du Stade pour leur courage… Ils le méritent tellement », avance Gaëlle Robin.
Enfin, le dimanche 8, ils seront accueillis à Clairefontaine par l’équipe de France de football pour une séance de dédicace.
Alors le 7 septembre 2019, au Stade de France, « soyons tous bleus pour offrir un peu de rêve aux orphelins de la gendarmerie. »
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