En même temps que les beaux jours et malgré le confinement, le Sud-Ardèche commence à voir arriver quelques promeneurs, touristes et locaux, sur ses chemins de randonnée. Pour veiller à la bonne application du décret limitant les déplacements, les gendarmes de la compagnie de Largentière ont sorti leurs vélos pour patrouiller sur les chemins et dans les secteurs les moins accessibles.

Le Sud-Ardèche connaît généralement une forte affluence touristique, particulièrement sur les nombreux sites remarquables concentrés dans l’arrondissement de la compagnie de Largentière : Grotte Chauvet, Aven d’Orniac, Le Pont d’Arc, les Gorges de l’Ardèche et du Chazeac, le Mont Gerbier de Jonc, etc. Chaque année, la compagnie adapte son action dès le début du mois d’avril. En effet, sa circonscription ne dénombre pas moins de 20 700 résidences secondaires et de nombreux gîtes et chambres d’hôtes, sans compter les quelque 180 campings.

L’appel de la nature et du beau temps

« Le confinement demandé par le président de la République est arrivé concomitamment avec les beaux jours et le printemps. Cette période est déjà propice à l’arrivée de vacanciers retraités ou étrangers dans le Sud-Ardèche. La population locale profite également de ces belles journées pour randonner sur les chemins des Monts d’Ardèche, sur les G.R. qui longent les cours d’eau ou sur les voies vertes, anciennes lignes de chemin de fer transformées en pistes de randonnée pédestre et cyclable, qui se sont développées ces deux dernières années. La tentation de sortir est d’autant plus grande que les paysages du Sud-Ardèche invitent aux activités de pleine nature », explique le chef d’escadron (CEN) Edouard-Nicolas Derinck, commandant la compagnie de gendarmerie départementale de Largentière.

gendarme à vélogendarme à vélo
© CGD Largentière

Adapter le dispositif de contrôle

Pressentant que quelques audacieux braveraient les règles du confinement, l’officier a mis en place, dès le 23 mars, des patrouilles quotidiennes à vélo, sur des créneaux d’une demi-journée.

« Mon objectif était d’abord de pouvoir disposer d’un vecteur de déplacement adapté au terrain, mobile et discret, pour évoluer dans des lieux où nous ne sommes pas forcément attendus par la population. De plus, ce mode d’action favorise la mission de contact, même si nous maintenons bien sûr les distances de sécurité pendant les contrôles ! »

Les gendarmes veillant également à mettre en œuvre les gestes barrières entre eux, les patrouilles se font en binôme et en bordée. Dans ce cadre, certaines unités ne disposent pas de suffisamment de véhicules motorisés. Les vélos sont donc un moyen d’augmenter l’empreinte au sol, tout en limitant le nombre de personnels au bureau. En outre, en cette période de confinement, la patrouille à vélo permet également aux militaires de conserver une activité physique et donc de maintenir leur capacité opérationnelle.

Des vélos pour tous

« Nous disposons d’un total de 16 vélos pour l’ensemble de la compagnie. Deux font partie de la dotation matérielle des unités, six autres appartiennent à des militaires, qui les ont mis à la disposition de leur unité sur la base du volontariat, six ont été prêtés par des communautés de communes et les deux derniers, des VTT électriques, sont mis à disposition par l’entreprise EDF, par le biais d’une convention partenariale », poursuit l’officier.

Les patrouilles à vélo ont dès lors été intégrées dans les services des sept unités de la compagnie, à l’initiative des commandants des Communautés de brigades (COB) de Lanarce, Aubenas, Largentière, Vallon-Pont-d’Arc, Les Vans et des Brigades territoriales autonomes (BTA) de Thueyts et de Villeneuve-de-Berg.

Ce dispositif commence également à être mis en œuvre dans d’autres compagnies du groupement de l’Ardèche.

gendarme à vélogendarme à vélo
© CGD Largentière

Un constat plutôt rassurant

À l’instar des patrouilles classiques, celles à vélo ont relevé plusieurs infractions. « Nous faisons preuve de fermeté mais aussi de discernement pour apprécier l’opportunité de sanctionner les promeneurs. Certains ne respectent pas les règles et circulent sans attestation, d’autres en sont munis mais font preuve de malhonnêteté intellectuelle puisqu’ils partent en randonnée pour la journée avec un pique-nique dans le sac, d’autres encore pêchent sur les bords de rivière. Cependant, une grande partie des personnes croisées respectent les règles. Ils sont à moins d’un kilomètre de leur lieu de résidence, soit dans le cadre d’une activité sportive, soit pour promener leurs animaux de compagnie. »

Ces patrouilles sont également engagées pour contrôler les centres de certains villages, qui accueillent toujours des marchés pendant la période de confinement.

Une initiative bien perçue

« Nous avons bien communiqué localement sur ce dispositif, donc, de manière générale, notre présence sur le terrain à vélo est très bien perçue par la population et par les élus. De plus, le fait que tout le monde soit bien informé à un effet dissuasif. Désormais, les randonneurs réfléchissent à deux fois avant de pratiquer des sports de pleine nature », conclut le commandant de compagnie.

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.