A l’occasion du 23 juin, journée internationale de la Fonction publique, la CASDEN Banque Populaire, banque coopérative de la Fonction publique, dévoile les résultats d’un sondage sur l’impact de la crise sanitaire dû au Covid-19 sur les fonctionnaires. Réalisée par l’institut BVA en mai, l’enquête apporte un éclairage sur le vécu et les perspectives des agents de la Fonction publique à travers cette période inédite.

Une crise sanitaire vécue différemment selon les métiers exercés

Face à la crise sanitaire, les agents de la Fonction publique ont vu leurs conditions de travail s’adapter de façons variées selon les types de métiers exercés et les situations personnelles.

2 fonctionnaires sur 5 déclarent avoir travaillé à distance (42%) tandis qu’un tiers a continué à se rendre sur leur lieu de travail (34%), qu’un sur dix a été en autorisation spéciale d’absence (13%) et que 3% étaient en arrêt pour garde d’enfant. Le télétravail induit par la crise a été perçu comme une expérience plutôt enrichissante par plus des deux tiers des fonctionnaires concernés (70%).

Alors que la crise a bouleversé le quotidien et les habitudes de chacun, un quart des fonctionnaires estime avoir été en première ligne dans la lutte contre le coronavirus (26%). On retrouve bien sûr des résultats particulièrement élevés au sein de la Fonction publique hospitalière (56%) et parmi ceux qui ont continué à se rendre sur leur lieu de travail (50%).

Un soutien de la part des collègues et de la population apprécié

La crise sanitaire a contribué à enrichir l’image que l’ensemble des agents du secteur ont d’eux-mêmes, lesquels ont été près des trois-quarts à s’être sentis fiers de leur mission (73%) et utiles (72%). Toutefois, seuls 37% se sont sentis reconnus par la société et 31% valorisés. Les agents de la Fonction publique hospitalière (FPH), malgré leur positionnement en première ligne face à cette crise, sont les plus positifs sur leur ressenti.

D’après leur ressenti, le soutien est surtout venu des collègues (83%) et de leur hiérarchie (64%), ainsi que de la part de usagers avec lesquels ils se sont trouvés en contact (62%). Celui des institutions a été nettement moins ressenti, que ce soit celui des élus locaux (37%) ou de l’Etat et du gouvernement (29%).

Les applaudissements des Français chaque soir ont par ailleurs été bienvenus, avec plus de la moitié des votants les ayant trouvés réconfortants (54%) ou stimulants (49%).

Focus sur la FPH, les enseignants et les jeunes fonctionnaires : comment ont-ils vécu cette crise sanitaire ?

La Fonction Publique Hospitalière a subi de plein fouet la pression de la crise sanitaire. Majoritairement présents sur leur lieu de travail à haut risque, les agents de la FPH ont ainsi été ceux qui ont le moins bien vécu la période (67% l’ont bien vécue contre 71% des agents de la FPE et 78% de ceux de la FPT). Ils ont aussi été 75% à affronter un manque de protection dans le cadre de leur travail (contre 66% pour l’ensemble des fonctionnaires) et 70% un manque de moyens. Suite à ces événements, ils sont 69% à se déclarer pessimistes concernant leur avenir en tant qu’agents de la Fonction publique et 12% à vouloir se réorienter à la fin de la crise. Toutefois, les agents hospitaliers sont aussi eux qui ont trouvé le plus de réconfort symbolique durant la crise sanitaire. Ils sont ainsi 87% à s’être sentis utiles et 84% fiers de leur mission, mais aussi 59% à avoir eu le sentiment d’être reconnus par la société. De même, 84% des agents de la FPH se sont sentis soutenus par le public avec qui ils ont été en contact. Pour finir, 70% pensent que cette crise sanitaire va améliorer à l’avenir l’image des fonctionnaires auprès des Français.

Concernant les enseignants, un certain nombre a continué à se rendre sur leur lieu de travail afin d’enseigner aux enfants des personnels hospitaliers, cependant, presque tous ont assuré leur mission à distance (87%, contre 42% pour l’ensemble des agents de la Fonction publique). Seulement 46% ont trouvé cela facile à mettre en oeuvre. Globalement, les enseignants se montrent moins positifs que la moyenne des agents de la Fonction publique. Ils sont ainsi 37% à déclarer avoir mal vécu la période. Sur des points plus précis, 77% d’entre eux affirment avoir manqué d’informations durant la crise, 68% ont manqué de moyens pour effectuer leur travail et 64% à avoir eu des difficultés à concilier vie privée et professionnelle dû au télétravail.

Quant aux agents les plus jeunes, s’ils ont été bien entourés par leurs collègues (90% des moins de 30 ans se sont sentis soutenus) ils ont tout de même connu des difficultés concrètes. Moins rodés que leurs aînés, 71% des moins de 40 ans ont souffert d’un manque d’informations et 52% ont eu des difficultés à gérer vie privée et professionnelle. 52% ont également souffert de la solitude ou de l’isolement et 31% ont même rencontré une baisse de leurs revenus. En résulte une conséquence psychologique majeure : ils sont moins nombreux que la moyenne à s’être sentis fiers de leur mission (68%, contre 73%), utiles (65% vs 72%) ou reconnus par la société (28% vs 37%).

Et qu’en est-il de l’avenir de la Fonction publique : son fonctionnement, les conditions de travail ?

Les fonctionnaires sont partagés à parts égales entre optimistes et pessimistes (50% à chaque fois). Dans le détail, les agents les plus optimistes sont ceux de la FPT (58%) et de la catégorie C (54%) tandis que ceux qui le sont le moins sont les agents de la FPH (31%), ceux qui estiment avoir été en première ligne (42%) ou encore ceux de la catégorie A (44%).

Les espoirs d’amélioration liés à la crise sanitaire sont en légère majorité parmi les agents de la Fonction publique. Alors que 55% d’entre eux tendent à penser qu’elle aura permis d’améliorer leur image auprès des Français, ils sont plus rares à estimer que cela aura un impact positif sur leurs conditions de travail (34%) ou sur son fonctionnement (41%).

Pour autant, cette crise n’a pas engendré une volonté particulière de leur part de réorientation. Plus de 9 fonctionnaires sur 10 pensent continuer à oeuvrer au sein de leur branche à l’issue de la crise.

Les partenaires de la CASDEN réagissent aux résultats du sondage

Sigrid Berger, Présidente fondatrice de Profil Public
« La crise remet le service public sur le devant de la scène et redonne un sentiment de fierté aux agents : plus de 9 fonctionnaires sur 10 pensent continuer à oeuvrer pour ce secteur alors que la crise questionne bon nombre de salariés quant au sens et à l’utilité de leur travail. Mais pour raviver l’optimisme des agents quant à l’avenir de la fonction publique, il est urgent de saisir l’opportunité de faire de cette crise un accélérateur de transformations positives pour les administrations en termes de reconnaissance, de marges de manoeuvre et d’environnement de travail. »

La CORDEE, association de promotion de la diversité sociale dans les secteurs public et para-public
« Malgré leur extraordinaire dévouement pendant la crise historique de la covid19, les agents du service public restent peu reconnus pour leur engagement. Les applaudissements aux balcons doivent se traduire en actes concrets. Après des années de stigmatisation, il y a urgence à tourner la page et à lancer un grand plan de reconnaissance et de valorisation des services publics. »

FP21 (Fonction Publique du 21ème Siècle), association pour les jeunes agents publics dont l’objet est de favoriser l’accès au secteur public, d’encourager les échanges sur l’avenir du secteur public et de participer à la valorisation des métiers du secteur public
« La gestion de crise du Covid19 a mis en lumière des inégalités – profondément injustifiées – de rémunération économique et symbolique entre les jeunes agents publics fondées sur des appartenances de genre ou encore leurs origines culturelles, géographiques et sociales. »

Gilbert Deleuil et Catherine Gras, Président du Conseil d’administration et Présidente du conseil d’orientation de Galilée.sp
« Où va la Fonction publique ? Pour l’instant, elle ne sait pas. Et pourtant elle tourne ! Qui la fait tourner ? Les fonctionnaires en 1ère, 2ème et 3ème ligne, ni les institutions et peu les hiérarchies. Il y a le potentiel et l’opportunité pour construire, avec les fonctionnaires et tous ceux qui comptent pour eux, de véritables « administrations coactives ». Comment ? Vision partagée, créativité et innovation, soutien et accompagnement sont les conditions du succès. En tout cas, la crise que nous traversons nous enseigne que le service public doit réellement redevenir une priorité. »

Johan Theuret, Président de l’ADRHGCT (Association des DRH de Grandes Collectivités Territoriales)
« Cette enquête réalisée juste en sortie de crise est très enrichissante, car elle fait clairement ressortir la mobilisation des fonctionnaires pendant cette période exceptionnelle. Tout en soulignant les perceptions et ressentis, elle met en avant des perspectives intéressantes comme l’importance des collectifs de travail, les apports du télétravail ou le besoin de sens lié à l’attachement aux valeurs du service public. »

L’association ATRAKSIS créée en 2017 à l’initiative d’Officiers Sapeurs-Pompiers dont l’objet social est de favoriser la diversité et la richesse des profils au sein des SDIS
« Les méthodes managériales doivent évoluer pour favoriser la créativité dans les services. Les approches, objectif, planification, division des tâches, exécution ne sont plus adaptées aux exigences contemporaines. »

La Fédération hospitalière de France (FHF), représentant les hôpitaux et établissements médico-sociaux publics ainsi que leurs professionnels
« Les résultats du sondage commandé par notre partenaire CASDEN mettent en exergue la capacité d’adaptation des agents de la fonction publique hospitalière, leur sens de l’engagement, l’importance du collectif et de l’équipe dans leur quotidien de travail, tout comme l’indéniable « utilité » sociale de leurs missions. Ces spécificités, les citoyens les ont collectivement reconnues, il convient maintenant de les valoriser de manière claire et durable sur un plan institutionnel et financier. C’est pourquoi, au sortir de la phase aigüe de la crise sanitaire, la FHF, qui demandait depuis plusieurs années un choc d’attractivité pour revaloriser les métiers, mieux accompagner les parcours professionnels et améliorer le cadre de travail des hospitaliers, réitère ses propositions avec force dans le cadre du Ségur de la santé à travers son « New Deal de la Santé ». C’est là un enjeu fondamental pour l’hôpital public et, au-delà, tout le secteur de la santé ! »

Fabien Tastet, Président de l’Association des Administrateurs Territoriaux de France (AATF) « Les résultats de l’enquête témoignent une fois de plus de la pertinence de notre modèle de service public. Elle met en lumière l’engagement des millions d’agents qui se sont mobilisés, chacun.e à sa manière et bien souvent au-delà de leurs repères professionnels habituels. Je pense à une collectivité où le service des sports s’est mobilisé pour aider à mettre à l’abri les citoyens sans logement pendant le confinement, mais des exemples comme celui-ci sont innombrables. Le télétravail va aussi représenter une évolution majeure de nos rapports sociaux. Et les collectivités locales ont su innover pour adapter, avec beaucoup d’agilité, leurs services aux besoins de la population. C’est pourquoi réaliser un véritable retour d’expérience est décisif pour tirer les enseignements de cette gestion de crise. L’AATF s’y attelle actuellement avec ses partenaires, pour mieux penser, aux côtés des élus locaux, le monde territorial de demain. »

L’enquête est disponible ici