Secouriste en Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) depuis 10 ans, François Nicard nous entraîne dans le récit captivant de son métier, à travers les 15 missions qui l’ont le plus marqué.

Le mont Maudit porte parfois bien son nom. Du haut de ses 4 465 mètres, il toise les autres montagnes, hormis le mont Blanc, bien sûr, dont il est l’une des voies d’accès. Le 12 juillet 2012, neuf alpinistes y ont trouvé la mort lors d’une avalanche. Mercredi 15 juillet 2020, ce sont les corps de deux autres qui ont été découverts par les secouristes transalpins…

Le 17 août 2016, François Nicard est dans ses cartons. Il s’apprête à quitter le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix pour celui du Versoud, près de Grenoble. Pour son dernier jour, il est de permanence cynophile avalanche, avec le fidèle Fizzi, un berger allemand louvé qui l’accompagne depuis quatre ans, et qu’il a formé au pistage et à la recherche en avalanche. Dans le bureau, le gradé de permanence semble particulièrement inquiet. Une cordée de trois alpinistes, un guide et deux clientes, est portée disparue. Et deux témoins ont signalé une chute de séracs, ces blocs de glace de grande taille formés par la fracturation d’un glacier, dans le secteur du mont Maudit. François et Fizzi montent aussitôt dans l’hélicoptère…

Sur les traces de son père

Cette mission fait partie des quinze relatées par François Nicard dans son livre Secours en immersion. Dans un style alerte et sans fioritures, il nous plonge au cœur de l’action d’un peloton de gendarmerie de haute montagne, sur les toits enneigés de Chamonix et de Grenoble. Quinze aventures mémorables, dans des paysages d’une beauté à couper le souffle, d’une dangerosité extrême aussi.

Il est entré en gendarmerie à l’âge de 18 ans. Affecté d’abord à l’escadron de gendarmerie mobile de Pontcharra, en Isère, il intègre son premier PGHM en 2011, dans les Alpes-Maritimes, avant de rejoindre celui de Chamonix. Sa vocation est née dès son plus jeune âge. « Mon père était secouriste en montagne en PGHM et maître de chien avalanche. » Le chien s’appelait Eskimo, mais c’est une autre histoire…

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Celle de François est donc remplie de ces interventions périlleuses, à l’issue parfois dramatique. « Aucune ne se ressemble. Dans ce métier, chaque jour est différent du précédent. Certaines m’ont marqué, parce qu’elles étaient compliquées techniquement, d’autres ont été des aventures humaines inoubliables. Certaines, enfin, ont imprégné ma mémoire en raison du décor, d’un moment saisissant de beauté dans la montagne. »

« La mort fait partie de notre quotidien »

Il se souvient particulièrement de cette journée du 17 août 2016, sur le mont Maudit. « Le chien avait fait un boulot extraordinaire », se rappelle-t-il avec fierté. Mais, comme souvent dans ce métier, ce sont des corps sans vie que l’animal a retrouvés. « La mort fait partie de notre quotidien. C’est dur de découvrir des corps, mais le plus dur reste de l’annoncer ensuite aux familles. On essaye de leur expliquer concrètement ce qui s’est passé, tout en faisant preuve d’empathie. »

François Nicard avait déjà écrit un premier livre, un roman auto-édité. « C’était une pure fiction. Mes proches ont bien aimé le style et ce sont eux qui m’ont convaincu de raconter mon métier. L’idée m’a plu parce qu’on me pose souvent de nombreuses questions. Les gens confondent le rôle des secouristes du PGHM, des pisteurs, des secouristes en station, des pompiers… »

Pour Secours en immersion, le gendarme a puisé dans sa mémoire. « Je n’avais pas tenu de journal, mais les souvenirs étaient encore très présents. De toute façon, je ne voulais pas écrire un livre trop technique. Je voulais partager la façon dont les secouristes vivent ces missions si particulières, dans un milieu unique, et l’intensité des émotions que l’on peut ressentir au cœur d’une avalanche, au fond d’une crevasse… »

Si le livre a valeur de témoignage, il se lit surtout comme une aventure humaine… vertigineuse.

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.