L’Hérault était l’an dernier le troisième département le plus touché par les feux de forêt, avec plus de 1 200 hectares partis en fumée. La gendarmerie a donc décidé de réagir, en signant une convention avec l’Office national des forêts (ONF). L’objectif : dissuader et prévenir les touristes comme les locaux des risques qu’ils font courir à des lieux historiques, pour la plupart labellisés « Grand Site de France ».

Seule une route sinueuse, au cœur d’un panorama époustouflant, typique du nord-est de l’Hérault (34), permet d’accéder au pont de Saint-Étienne d’Issensac. Situé au sud de Brissac, il enjambe le fleuve du même nom que le département. Cet ouvrage du XIVe siècle surplombe plusieurs petites criques, très prisées par les baigneurs.

Et avec les 30 degrés qu’affiche le thermomètre, autant dire qu’ils sont nombreux. Plusieurs d’entre eux profitent des éboulis de calcaire pour sauter dans l’eau. Un peu plus en aval, plusieurs petites baies de sable et de galets, protégées du soleil par des frênes, des saules et des peupliers, sont elles aussi appréciées des badauds. Un lieu aussi paradisiaque que fragile.

99 % des feux sont d’origine humaine

Depuis le début du mois de juillet, cette zone a connu 96 incendies. « 108 hectares de forêt sont partis en fumée, déplore le capitaine Romain Margail, de l’Office national des forêts (ONF). Et 99 % des brasiers sont d’origine humaine. Rien que dans la semaine du 20, nous avons eu deux feux d’origine criminelle. »

Pour lutter contre ce fléau qui embrase l’Hérault, l’ONF, la gendarmerie et l’Office français de la biodiversité (OFB) ont signé une convention sur les feux de forêt. Durant tout l’été, une demi-douzaine de patrouilles conjointes sont organisées sur plusieurs sites des gorges de l’Hérault.

Ces emplacements, comme celui du Pont de Saint-Étienne d’Issensac, sont aussi prisés par les baigneurs que par les campeurs. Quelques jeunes sautent dans l’eau depuis le haut de l’ouvrage, malgré l’interdiction de plonger. Une réglementation que les gendarmes de la brigade de Ganges veillent à faire respecter, à cause des nombreux accidents graves, voire mortels, qui surviennent chaque année.

La plupart des touristes et même des locaux préfèrent poser leurs tentes sur les berges du fleuve pour y passer la nuit, malgré, là aussi, l’interdiction formelle d’y bivouaquer. Certains profitent simplement de la journée et amènent avec eux de quoi se repaître : diverses grillades et du charbon pour les réchauffer.

Barbecue épicé, amende salée

Pourtant prohibés, les feux et autres barbecues sont nombreux sur les berges, malgré les panneaux d’informations installés un peu partout à l’entrée du parking. Et il ne faut pas longtemps aux militaires de la brigade Gignac pour sentir les premiers effluves cendrés de fumée. Il leur suffit de s’enfoncer dans un petit chemin tortueux pour tomber sur une famille en flagrant délit : la viande braisée est prête à être servie.

Un déjeuner certes savoureux, mais malheureusement pour eux, accompagné d’une amende salée : 135 euros. « Ici, c’est tolérance zéro, commente le lieutenant-colonel Jaffard, commandant la compagnie de Lodève. Mais la répression s’accompagne aussi de prévention : nous leur expliquons pourquoi c’est interdit et quels risques ils font courir à cet endroit. »

Il n’y a pas que les barbecues qui sont prohibés, « tous les combustibles le sont », précise le capitaine Margail de l’ONF : cigarette, lampes contre les moustiques, etc. Au total, sur moins d’un kilomètre de sentier et en seulement deux petites heures, 12 contraventions sont dressées.

La même opération se déroulera le soir même, cette fois-ci au célèbre Pont du Diable, situé entre les communes d’Aniane et de Saint-Jean-de-Fos. Durant cette manœuvre, qui aura duré une bonne partie de la journée et de la nuit, les gendarmes auront dressé 23 procès-verbaux, dont 20 pour des feux, deux pour camping sauvage et un pour pêche sans permis.

Mais le combat contre les incendies ne s’arrête pas là, aussi bien pour les militaires que pour les personnels de l’ONF et de l’OFB. Beaucoup de feux de forêt ne sont, en effet, pas dus à la négligence ou à l’ignorance des usagers des lieux. Sur les 203 feux de forêt qu’a connus l’Hérault en 2019, un chiffre qui en fait le troisième département le plus touché par les incendies, seuls neuf ont été causés par des mégots et seulement deux par des barbecues. 93 de ces sinistres ont pour origine des actes malveillants.

Source: gendinfo.fr / Crédit photo: © D.R.