Dans la nuit du 7 au 8 janvier dernier, l’interpellation d’un couple de parents mettant en danger la vie de leur enfant a nécessité l’engagement d’une vingtaine de gendarmes départementaux ainsi que de vingt-cinq membres du GIGN.
Tout part d’une situation comme il en demeure malheureusement bien trop. Le 7 janvier dernier, à la suite de la mise en évidence de certains éléments laissant à penser qu’il existe un danger au sein de leur foyer, un couple est convoqué devant le juge des enfants afin que leurs trois enfants soient placés. Invité à se présenter avec l’ensemble de la fratrie, le père ne s’y rend qu’avec les deux aînés, refusant de remettre le benjamin, âgé de six ans. À la suite de ce refus, les militaires de la Communauté de brigades (CoB) de Joinville sont alors sollicités par un soit-transmis du magistrat, pour apporter le concours de la force publique à l’agent de l’aide sociale à l’enfance, chargé de récupérer l’enfant. Mais sur place, l’intervention se complique et nécessite rapidement l’engagement de moyens supérieurs.
Une intervention risquée
À leur arrivée devant le domicile, peu avant 19 heures, les gendarmes prennent attache avec le père, alors enfermé à l’intérieur avec sa conjointe et leur fils. Un premier contact ayant déjà été établi auparavant, les militaires connaissent l’individu. Mais rapidement, le dialogue apparaît vain. L’homme exprime son intention de garder l’enfant avec lui et menace de mettre le feu à son domicile. Les parents mentionnent aux gendarmes qu’ils n’auront pas leur fils vivant. Face aux menaces de mort réitérées, à celles de détérioration du domicile, dangereuse pour les personnes, et à la séquestration de l’enfant, la décision est prise de demander l’intervention du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), seule unité disposant des capacités humaines, techniques et matérielles pour faire face à une crise complexe. « Au vu de la configuration de la maison, dont les fenêtres étaient barricadées, et de la détermination du père, les militaires du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG) n’étaient pas en mesure d’intervenir seuls, sans se mettre en danger. Il fallait monter en intensité », explique le capitaine Christian, commandant en second de la compagnie de Saint-Dizier.
Un déploiement de forces important
L’officier décide donc de déployer un dispositif important afin de procéder à la surveillance à proximité du domicile et d’être en mesure d’intervenir si la situation venait à dégénérer avant l’arrivée du GIGN. Sur place, vingt militaires de la CoB de Joinville, du PSIG et de la Brigade de recherches (B.R) sont déployés. Deux équipes de négociateurs, en provenance de la Haute-Marne et de la Marne, sont également appelées en renfort. À quelques dizaines de kilomètres de là, une équipe de la B.R de Chaumont est également sollicitée pour se rendre à la maison de l’enfance, où se trouvent les deux plus âgés de la fratrie. Toutes les mesures sont prises pour éviter que la situation ne se complique et que ces derniers soient également mis en danger.
L’assaut du GIGN
À 23 heures, soit 2 h 30 après l’alerte, les véhicules du « Groupe » de Satory arrivent sur les lieux. À leur bord, 18 militaires de la Force intervention (F.I), trois négociateurs, dont un coordinateur, un chien d’assaut, un chien de détection d’explosifs, un militaire spécialisé en neutralisation, enlèvement et détection d’explosif et un militaire des moyens spéciaux. Rien n’est laissé au hasard. La situation est analysée dans les moindres détails, l’objectif étant de mener une action en sécurité pour l’ensemble des personnes présentes sur site. La maison barricadée et piégée, la mise en danger de l’enfant et la dangerosité du père sont autant d’éléments qui permettent de déterminer le volume de militaires et les compétences à engager ce soir-là. La diversité des hautes technicités détenues par le GIGN lui permet en effet de prendre en compte, de façon autonome, l’ensemble des risques en présence.
Dès leur arrivée, les membres du « Groupe » mettent en place les moyens techniques et humains d’acquisition de renseignements autour du domicile. Il est 3 h 50 quand ils disposent des éléments nécessaires leur permettant de localiser précisément le mis en cause et son fils à l’intérieur du domicile.
Les négociations n’ayant pas abouti et les conditions d’intervention étant favorables, la décision de conduire un assaut est prise. En discrétion, les militaires composant la F.I mettent en place une colonne d’assaut et procèdent à l’effraction du domicile à l’aide d’explosifs, afin d’y pénétrer. La priorité est la mise en sécurité de l’enfant, qu’ils évacuent depuis la fenêtre du premier étage, puis ils interpellent l’individu avant qu’il ne puisse incendier sa maison préalablement aspergée d’essence.
Mais l’intervention ne se termine pas là. Au vu de la situation, les membres du « Groupe » doivent s’assurer que les lieux ne présentent plus de dangers. Le dépiégeur et l’équipe cynophile de recherche d’explosifs procèdent alors à la sécurisation du domicile et de ses abords.
Après l’intervention du GIGN, le couple est placé en garde à vue par les enquêteurs de la B.R de Saint-Dizier. L’enfant, quant à lui, est sain et sauf.
« Aucune intervention n’est anodine »
La situation de Joinville, dans la nuit du 7 au 8 janvier dernier, n’est pas sans rappeler la tragédie qui a touché l’Institution en fin d’année 2020, à Ambert. La complexité du contexte et la dangerosité de l’individu avaient en effet nécessité l’intervention des membres du GIGN, seuls formés pour faire face, en sécurité, à ce type de cas. Le général d’armée Christian Rodriguez l’a réaffirmé : « aucune intervention n’est anodine ». Une intervention sans risque en apparence, un contrôle routier, un concours de la force publique, une visite pour une enquête administrative… Chaque sollicitation peut dégénérer, mettant en danger la vie des gendarmes.
Source: gendinfo.fr