Du 10 au 12 mai, dans le Finistère, huit gendarmes blessés et les élèves de la 4e compagnie de l’école de gendarmerie de Châteaulin ont participé à un défi social RBS (Reconstruction des Blessés par le Sport). Au programme : char à voile, run & bike, canoë. Récit et témoignages de blessés.

Contre toute attente, le soleil a renvoyé les cumulus et les nimbus à leurs études de latin. L’immense plage de Pentrez miroite comme une feuille d’aluminium, tandis que la mer se retire dans la baie de Douarnenez, pour agrandir encore le terrain de jeu des chars à voile du club, pour l’heure rangés en épi, vent debout. Un vent qui termine sa petite grasse matinée et se lève d’un coup, transformant en quelques minutes la carte postale en avis de tempête. Les joies de la Bretagne. Pour les huit blessés de la gendarmerie et les élèves de l’école de Châteaulin, l’activité s’annonce sportive…

Un double objectif

Pour la première fois, un défi social RBS (Reconstruction des Blessés par le Sport) se déroule au sein d’une école de gendarmerie. Le lieutenant Franck Martineau, chargé de projets RBS du Bureau de l’action sociale (BAS) de la Direction générale de la gendarmerie nationale, explique : « L’organisation de ce défi social répond à un double objectif : la reconstruction des blessés de notre institution et la sensibilisation des élèves gendarmes aux risques qu’ils peuvent encourir dans les prochains jours, les prochaines semaines, lorsqu’ils seront affectés au sein de leur unité opérationnelle. »

Pour le général Christian Devy, commandant de l’école de Châteaulin, « ces témoignages permettent aux élèves de comprendre concrètement ce que signifie le fait d’être blessé, mais aussi de savoir que l’institution sera toujours là pour eux, pour les aider et les accompagner dans ces circonstances. » La colonelle Sophie Merceron, commandant la division de la formation de l’école, estime qu’il s’agit « d’un moment important pour comprendre les risques du métier, mais aussi constater qu’à force de courage et d’abnégation, il est possible de surmonter une blessure grave. »

Le maréchal des logis-chef (MDC) Stéphane, moniteur d’EPMS (Entraînement Physique Militaire et Sportif) de l’école et référent Sport-Blessés du Commandement des écoles de la gendarmerie nationale (CEGN), confirme : « Pour les élèves, rien ne vaut la parole des blessés. Raison pour laquelle nous voudrions généraliser ces défis sociaux deux fois par an, dans deux écoles différentes. »

Une rondache commémorative

Afin de faciliter ces rencontres et ces échanges, les activités sportives se déroulent en binôme, un élève de la 4e compagnie de l’E.G. accompagnant chaque gendarme. Une rondache commémorative a d’ailleurs été créée par les élèves pour l’occasion, représentant un phénix, symbole des blessés, et un griffon, emblème de la compagnie. La compagnie a également lancé une opération « bracelets solidaires ».

Le sport joue un rôle essentiel dans la reconstruction physique et psychologique des blessés de la gendarmerie. « Ce défi s’inscrit dans un parcours cohérent, qui comprend différentes étapes : les challenges interarmées Ad Victoriam, les stages équitation adaptée, les Rencontres Militaires Blessures et Sports (RMBS) et les stages Ad Refectio, qui ont lieu deux fois par an, pendant les vacances scolaires, sur un site de la fondation Maison de la Gendarmerie, et qui incluent les familles », rappelle le lieutenant Martineau.

Sur la plage de Pentrez, l’épreuve de char à voile touche à sa fin. Leur parcours bouclé, les participants rentrent un à un au club pour se réchauffer autour d’un café, trempés, rincés, ensablés, mais un large sourire aux lèvres.

Trois heures plus tard, en début d’après-midi, la pluie a cessé et le soleil perce la canopée du bois du Nevet, près de Locronan. Au programme : run & bike, un parcours d’orientation en VTT et en course à pied, toujours en binôme. « Le dénivelé est à la fin, alors ne vous emballez pas trop au début, parce que ça va taper fort », prévient le MDC Stéphane.

Il ne pleut plus certes, mais le terrain est gras comme un kouign amann et, effectivement, la pente est sévère en bout de tracé. Les duos finissent tant bien que mal, souffle court et muscles durs. L’effort a joué son rôle : entre les gendarmes blessés et les élèves, il n’y a plus de barrière. Les échanges se poursuivent dans une ambiance bon enfant, autour d’un en-cas bien mérité. Tous devraient bien dormir ce soir, et c’est une bonne chose, car ce n’est pas fini…

Le lendemain, départ de l’école à 7 heures pour rejoindre l’ancien moulin à marée de Landévennec, point de départ de l’activité canoë dans un méandre de l’Aulne, le fleuve côtier qui se jette dans la rade de Brest. L’endroit est fascinant. On y trouve le cimetière des navires de la Marine nationale, au mouillage dans l’attente de leur démantèlement : des chasseurs de mines, des patrouilleurs, une frégate anti-sous-marine et l’aviso Lieutenant de vaisseau Lavallée.

Le bulletin météo n’est guère réjouissant, mais la motivation reste au beau fixe. Toujours en binôme, les participants souquent ferme sur le plan d’eau, à la recherche des balises placées entre les navires et sur les bouées par le MDC Stéphane. Quand un esquif chavire dans l’eau à 13°, ce dernier n’hésite pas à plonger du Zodiac pour prêter main-forte aux naufragés. La fin du parcours est rude là encore, à contre-courant. De retour sur le plancher des vaches, griffons et phénix se réunissent une dernière fois pour pousser le cri de guerre de la 4e compagnie.

À noter : Les organisateurs du défi social RBS tiennent à remercier leurs partenaires : la mutuelle santé Unéo, le Département blessés, militaires et sports (DBMS) du Centre national des sports de la Défense (CNSD), le club de char à voile de Pentrez, le club de canoë de Châteaulin, le club sportif et de loisirs de la gendarmerie de Ty Vougeret et Sport Ouest Équipement.

Source: gendinfo.fr