Au cœur du Jura, le lac de Vouglans, avec son eau vert émeraude, fait figure de destination exotique. En période estivale, près de 20 000 personnes s’y retrouvent chaque jour. Une affluence qui s’accompagne de son lot d’incivilités et de délinquance. Pour y faire face, quatre gendarmes y assurent une présence continue tout au long de l’été.

Avec ses 35 km de long, le lac de Vouglans se place comme le 3e plus grand lac de retenue de France. Formé à la suite de la construction du barrage de Vouglans, en 1963, il représente pas moins de 605 millions de m³ d’eau, un volume suffisant pour submerger la place Bellecour de Lyon sous plusieurs mètres si l’édifice venait à rompre !

Mais le site ne se contente pas d’être une simple réponse à un besoin énergétique. Chaque été, il fait le bonheur des petits et des grands grâce aux nombreuses activités qu’il offre. Sports nautiques, via ferrata, randonnées sur les 82 km de sentiers ou encore spéléologie… Un véritable terrain de jeu XXL ! Mais comme tout lieu touristique, le lac de Vouglans n’échappe pas aux incivilités et aux problématiques liées à l’affluence estivale. Pour assurer la sécurité et la tranquillité des vacanciers, le Groupement de gendarmerie départementale du Jura (GGD 39) met en place un poste provisoire composé de quatre militaires.

Un poste provisoire atypique

Cela fait désormais 25 étés que, sur les bords du lac, les militaires sont présents. Autrefois d’active et de réserve, depuis 2020, seuls ces derniers assurent désormais le détachement à Surchauffant. Un poste adapté aux circonstances, puisque, parmi les quatre réservistes, deux ont la compétence nautique, leur permettant ainsi de procéder à des contrôles de navigation à bord d’une embarcation. « Ce n’est pas commun d’être réserviste et pilote nautique. On est très peu en France à le faire », explique l’adjudant de réserve Laurent, en charge des patrouilles sur le plan d’eau.

Au sein du GGD 39, onze réservistes ont en effet suivi la formation Pilote d’embarcation gendarmerie 1er degré (PEG1). Après une formation de cinq jours, ces militaires de réserve sont désormais habilités à naviguer sur les zones côtières et fluviales.

Vérifications d’usage, manœuvres et conduite, les réservistes procèdent, en toute autonomie, à leurs patrouilles aquatiques et maîtrisent la législation et la réglementation relatives à la navigation. Avec l’action complémentaire de deux autres réservistes, en charge de la surveillance aux abords du lac, aucun secteur du site de Vouglans n’échappe à la vigilance des militaires. Sur l’eau comme à terre, leur présence est constante et ils sont en mesure d’intervenir rapidement en cas d’événement.

© SIRPA – V.MARTIN

 

Contrôler la navigation sur le lac

« Surveillance, prévention et répression si nécessaire ». Voilà les missions des nautiques, comme le décrit l’adjudant de réserve Laurent. En période estivale, les problématiques se multiplient sur le lac et la présence des gendarmes y est incontournable. Plusieurs types de population, chacune avec son activité de prédilection, s’y côtoient. Un Règlement particulier de police de la navigation (RPPN) régit donc les conditions d’utilisation du plan d’eau, déterminant trois zones principales : pour la pêche, pour le motonautisme et le ski nautique et, enfin, pour les sports nautiques, tels que le kayak, la voile ou encore l’aviron. Le non-respect de cette délimitation est susceptible de poser des problèmes de sécurité et augmente le risque d’accident sur le lac.

« La principale problématique du lac est qu’il y a beaucoup de monde pour peu de place ; la zone de vitesse est de 7 km. Comme ça va très vite, les gens n’ont pas toujours tendance à faire attention et ça peut être dangereux », indique l’adjudant. Le respect du RPPN est donc primordial et les gendarmes y veillent quotidiennement. Par ailleurs, il n’est pas rare de tomber sur des plaisanciers qui n’ont pas le matériel de sécurité requis à bord. En 2020, les militaires du poste ont en effet relevé par moins de 140 infractions nautiques.

La pédagogie avant tout !

Ce jour-là, les gendarmes ont de la chance, le beau temps est de retour sur le lac. En milieu de matinée, les embarcations sont déjà de sortie. À bord de leur Valiant, ils procèdent au contrôle d’un plaisancier. Ce dernier connaît bien les lieux, puisqu’il y vient depuis 1976 ! L’occasion pour les réservistes d’échanger sur l’évolution de la fréquentation du lac. Car les contrôles sont également un moyen d’établir un contact avec la population et de la sensibiliser aux risques. « Vos gilets de sauvetage doivent être en conformité avec les normes européennes et donc porter la mention « CE ». Quant à l’écope, n’importe quel récipient peut faire l’affaire, le but étant de pouvoir vider l’eau en cas de submersion. C’est nécessaire d’avoir tout ça, car on ne sait jamais ce qu’il peut arriver », explique l’adjudant Laurent. Sur le lac, le rapport avec la population est plutôt bon. « Notre but est d’être pédagogues, de faire de la prévention et de sensibiliser les plaisanciers à la nécessité d’avoir le matériel obligatoire à bord. »

Préserver la tranquillité aux abords du lac

Les vacances sur le site du lac de Vouglans ne sont pas réservées à ceux qui ont le pied marin ! À pied, à vélo, suspendus à plusieurs mètres de hauteur ou étendus sur leur serviette, les touristes sont nombreux aux abords. Afin d’assurer leur sécurité, la présence des gendarmes est constante. « Le lac de Vouglans est très vaste, donc on se déplace de point d’intérêt en point d’intérêt, généralement là où sont les touristes : les trois plages, les points de mise à l’eau des embarcations, les points de vue, les campings…, explique le lieutenant Mathieu, chef de poste. On prend également contact avec la population pour les guider ou leur donner des renseignements. Ils ont besoin de voir que la gendarmerie est présente sur ces zones touristiques. Ils sont sereins lorsqu’ils nous voient. »

Comme sur l’eau, les problématiques à terre sont multiples. Le lac de Vouglans n’échappe pas aux problèmes majeurs de toute zone touristique : stationnement illégal, incivilités, atteintes aux biens et aux personnes… Mais sur ce site naturel, la préservation de l’environnement est également un réel enjeu face à une pression touristique de plus en plus forte. « On essaie de prévenir les infractions liées aux feux de forêt ou aux dépôts dans le milieu naturel », explique le chef de poste. À ce titre, des services de surveillance et de prévention avec l’Office national des forêts et l’Office français de la biodiversité sont organisés au cours de l’été, renforçant ainsi la collaboration entre les différents services de l’État. Un format de patrouille que pratiquent d’ailleurs régulièrement les unités du GGD 39, afin de préserver le riche écosystème du département.

Source: gendinfo.fr