En Haute-Saône, les militaires du groupement de gendarmerie départementale lancent la première brigade 4.0. Une convention de partenariat a été signée ce mercredi entre l’État, la gendarmerie et les élus locaux. L’événement s’est déroulé en présence du ministre de l’Intérieur, qui a profité de l’occasion pour lancer le chantier d’une autre caserne dans le département.

Créer 200 brigades de gendarmerie en milieu rural. C’est l’annonce faite par Emmanuel Macron, lors d’un discours prononcé lundi, dans l’ancien hôpital Saint-Roch de Nice. Si les modalités de ce chantier colossal n’ont pas encore été précisées, la première pierre, elle, a été posée ce mercredi.

Plus précisément dans la commune de Champagney, en Haute-Saône. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, accompagné du directeur général de la gendarmerie nationale, le général d’armée Christian Rodriguez, a donné le premier coup de truelle de la future brigade de gendarmerie. Elle comprendra des locaux de service et, surtout, 19 logements.

« Cela faisait 20 ans que les gendarmes attendaient cela », s’est exprimé le ministre, arguant que cette caserne « va améliorer les conditions de travail et de vie des militaires du secteur et de leurs familles. » Pour Gérald Darmanin, la construction de cette structure est « un symbole des moyens que l’on met pour la gendarmerie », faisant directement référence aux annonces du président de la République.

La brigade 4.0

En effet, dans son discours, le chef de l’État a indiqué que ces futures brigades « pourront (aussi) prendre la forme de nouveaux types d’implantations, avec des expérimentations qui vont être lancées dans plusieurs départements. »

La Haute-Saône, justement, figure parmi ces départements où des expériences sont déjà en cours. C’était d’ailleurs le second objet du déplacement du ministre. Car si la livraison de la future caserne de Champagney est une excellente nouvelle, elle entraîne la dissolution de celle de Mélisey, une commune distante de 15 kilomètres. Une décision qui avait été entérinée en 2014.

Pour les gendarmes comme pour le ministre, pas question d’abandonner une commune au profit d’une autre. C’est d’ailleurs la volonté d’Emmanuel Macron, à savoir de rapprocher « les forces de l’ordre de la population dans des territoires où l’empreinte des services publics est faible. » Et pour cela, les militaires ont trouvé une alternative : « On a donc proposé aux élus d’expérimenter à Mélisey un nouveau type de brigade, c’est-à-dire une brigade sans caserne », annonce le colonel Thierry Crampé, commandant du groupement de gendarmerie de Haute-Saône.

Une permanence intégrée aux services administratifs du quotidien

L’idée des gendarmes, validée par les élus territoriaux, est de mettre en place un accueil dans les locaux de la maison « France services », une structure visant à accompagner les citoyens dans leurs démarches administratives. Cette permanence serait effectuée à raison de « trois fois par semaine et un samedi par mois », précise l’officier. En parallèle, « des réservistes de la commune patrouilleraient sur Mélisey et ses environs. » Le commandant du groupement spécifie même « qu’en dehors des horaires d’accueil, les plaintes seraient prises au domicile des victimes. »

L’idée a su séduire, au point que le ministre, le DGGN et les élus de la communauté de communes des 1 000 étangs ont signé hier, une convention de partenariat pour la mise en place de cette expérimentation. « Mélisey constitue un laboratoire départemental qui pourrait permettre d’étendre le dispositif ailleurs si l’expérimentation s’avère concluante », spécifie le colonel Crampé.

Une idée vouée à se multiplier ?

C’est aussi l’occasion pour le commandant de groupement « de prouver qu’une caserne est parfois un symbole désuet et coûteux qui peut être dépassé par endroits. » Pour lui, la fermeture de la brigade de Mélisey n’en est pas une. C’est plutôt « une transformation des pratiques et du fonctionnement. »

C’est aussi l’une des solutions trouvées par les militaires pour avoir « plus de bleu sur le terrain », comme le voulait Emmanuel Macron. Une solution approuvée par Gérald Darmanin ; le ministre juge que cette initiative permet de « renforcer la présence sur le terrain des gendarmes sur tout le territoire et le contact avec la population et les élus. »

L’expérimentation menée à Mélisey risque donc de faire des émules. « D’ici un à deux ans, le maillage pourrait être fortement resserré en Haute-Saône, avec d’autres dispositifs de ce type, estime le colonel Crampé. Je suis bien sûr convaincu qu’il s’agit d’un outil pragmatique pour démultiplier la présence de la gendarmerie en Haute-Saône. »

Source: gendinfo.fr