Le Tour de France Femmes s’est achevé le 31 juillet, au sommet de la Super Planche des Belles Filles. Bien que le tracé soit plus court et le nombre de participants plus restreint, tant au niveau des cyclistes que de la caravane, l’épreuve a nécessité la mise en place d’un dispositif de sécurisation conséquent. La gendarmerie était également présente au sein de la caravane, pour diffuser des messages de prévention et de prudence tout au long de l’itinéraire. Retour en images sur les deux dernières étapes.
2022 a marqué le retour du Tour de France féminin sur les routes de l’Hexagone. Une semaine après s’être élancées sur les Champs-Élysées, à quelques heures du sprint final des hommes sur la même avenue, les coureuses ont franchi la ligne d’arrivée finale le 31 juillet, au sommet de la Super Planche des Belles Filles. Une dernière étape de montagne enlevée, comme celle de la veille, par la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten, vainqueur également du classement général du Tour.
Entre-temps, les sportives, venues du monde entier, auront effectué une boucle de quelque 1 029 kilomètres (quasiment le tiers de l’épreuve masculine), concentrée dans l’Est de la France. Tout au long de ces huit étapes, qui leur ont fait traverser quatre régions et pas moins de dix départements, en plus de Paris et de la plaque parisienne, le public était de nouveau au rendez-vous pour les soutenir dans l’effort, tant devant les écrans de télévision, avec plus de deux millions de téléspectateurs en moyenne selon les chiffres de France Télévisions, qu’au bord des routes, démontrant un véritable engouement pour l’épreuve.
Bien que le tracé soit plus court et le nombre de participants plus restreint, tant au niveau des cyclistes (144 contre 176) que de la caravane (une quarantaine de véhicules contre 170), l’épreuve a nécessité la mise en place d’un dispositif de sécurisation conséquent.
« L’affluence est un paramètre que nous ne maîtrisions pas lors de la préparation de notre manœuvre, même si la caravane attire toujours du monde, souligne le lieutenant-colonel Joël Scherer, officier de liaison sur les deux rendez-vous cyclistes et coordonnateur du dispositif gendarmerie. Il fallait aussi garder à l’esprit qu’avec une retransmission quotidienne en direct de 2 h 30, le Tour féminin pouvait être utilisé, à l’instar de l’épreuve masculine, comme une tribune médiatique pour faire valoir un certain nombre de revendications, d’autant plus que c’était une première, du moins un retour après de nombreuses années d’absence. Nous avons d’ailleurs eu quelques exemples sur les deux événements. »
Garde républicaine et EDSR : les anges bleus du Tour
Mais le format n’est pas la seule différence. En effet, l’épreuve féminine, comme la majorité des courses cyclistes sur route, jouissait d’un usage privatif exclusif temporaire de la chaussée pour l’échelon course, et d’une priorité de passage aux carrefours pour la caravane (le Tour hommes bénéficiant d’un usage privatif total, tant pour la course que pour la caravane).
« L’échelon course progresse dans une bulle privative mobile, mise en place par l’escadron moto de la Garde, avec des gendarmes, des policiers ou des bénévoles jalonneurs aux carrefours les plus sensibles, voire identifiés comme dangereux. C’est ce que l’on fait sur toutes les épreuves cyclistes, à l’instar du Paris-Nice et du Paris-Tours. La gendarmerie est rodée à l’exercice, et plus particulièrement l’escadron moto de la Garde, dont la présence sur le Tour depuis 1953 en garantit le bon déroulement », note l’officier.
Et pour apporter une touche plus féminine à son dispositif à l’occasion de cette épreuve, l’escadron moto de la Garde, qui sollicite traditionnellement le renfort des Escadrons départementaux de sécurité routière (EDSR) locaux, notamment pour ouvrir la voie à la caravane et assurer la fermeture de course, a intégré, pour toute la durée de l’épreuve, trois motocyclistes féminines issues des EDSR des Landes, de Meurthe-et-Moselle et du Finistère. Recrutées sur appel à volontaire, elles ont ainsi rejoint les deux motocyclistes féminines de la Garde engagées.
Mobilisation des groupements de gendarmerie et d’unités spécifiques
Outre les 31 personnels de l’escorte moto, le dispositif permanent accompagnant le Tour comprenait un peloton (16 militaires) de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) de Dole, à la main du commissaire général de la course. Présents également sur l’épreuve masculine, avec leur unité au complet cette fois, leur mission était d’assurer la sécurisation de l’unique départ et des quatre arrivées en zone gendarmerie, principalement sur la zone technique, les 400 derniers mètres et le fond de ligne, c’est-à-dire la zone située après la ligne d’arrivée, où se masse un grand nombre de personnes, parmi lesquelles photographes et journalistes qu’il faut parfois contenir pour préserver les sportives.
« Le reste du dispositif s’appuyait sur les locaux de l’étape, chargés de sanctuariser l’itinéraire, afin que le passage du Tour se déroule sans accroc. En plus des EDSR, les Groupements de gendarmerie départementale (GGD) ont ainsi mis à disposition un certain nombre de personnels, parmi lesquels des réservistes naturellement, pour assurer le jalonnement. Ils ont également mobilisé leurs Pelotons de surveillance et d’intervention (PSIG) sabre et leurs équipes cynophiles sur les zones de départ et d’arrivée en zone gendarmerie, comme à Lure ou encore à la Super Planche des Belles Filles, en mesure de réagir en cas d’attaque terroriste ou d’événement majeur. »
Sur la 7e étape, entre Sélestat, dans le Bas-Rhin (67) et Le Markstein, dans le Haut-Rhin (68), le GGD 68, impacté à 90 % par le Tour de France féminin, a ainsi engagé près de 200 militaires, d’active et de réserve, tout en assurant plus au sud du département la sécurisation du Tour d’Alsace, mobilisant dans le même temps 90 personnels. Outre la tenue des points sensibles ou dangereux, les gendarmes ont eu pour mission particulière d’empêcher les véhicules d’accéder à la zone d’arrivée une fois toutes les aires de stationnement occupées, au sommet comme dans la montée.
Enfin, durant toute l’épreuve, les antennes GIGN de Reims et de Dijon ont également été placées en réserve d’intervention, en mesure d’agir en cas d’événement le nécessitant.
Une dernière étape sur voie privatisée
Un dispositif répliqué à chaque étape, à l’exception de la 8e et dernière, le 31 juillet, entre Lure et la Super Planche des Belles filles, pour laquelle le Conseil départemental et les organisateurs du Tour ont opté pour la privatisation de l’axe, nécessitant la mise en place d’un jalonnement densifié dans les trois départements traversés (Haute-Saône, Vosges et Territoire de Belfort), afin de tenir et de sécuriser toutes les zones sensibles : carrefours, ronds-points, cols, traversées de villages et autres zones d’affluence… « Cela a naturellement nécessité l’engagement d’un plus grand nombre de gendarmes, entre 450 et 500 sur l’itinéraire, en plus du dispositif permanent, alors que la bulle permet, à l’inverse, d’économiser les forces, précise le LCL Scherer. Pour cette étape, qui s’est déroulée en zone gendarmerie du départ à l’arrivée, nous avons donc sollicité une compagnie d’élève gendarmes de l’école de Montluçon pour renforcer les effectifs permanents et ceux des trois groupements concernés, auxquels se sont ajoutés quatre binômes de l’Unité opérationnelle franco-allemande (UOFA). Mais la Super Planche des Belles Filles est un rendez-vous régulier du Tour, les groupements sont rodés. »
Même mission pour la caravane gendarmerie : la prévention
À l’instar de son grand frère, la Boucle féminine était précédée d’une caravane publicitaire au format resserré, elle-même encadrée par trois motocyclistes de la Garde, garant de sa progression.
La gendarmerie était naturellement présente au sein de cette caravane, avec deux véhicules et un détachement de huit personnels, dont deux – le logisticien et l’animateur – précédemment engagés sur le Tour hommes.
Au regard de l’absence de privatisation des axes le long de son itinéraire, le mode de fonctionnement de la caravane a dû être repensé. Les partenaires présents ne pouvaient ainsi distribuer leurs objets promotionnels qu’à l’arrêt, sur des zones préétablies et sécurisées, et pour une durée limitée à 10 minutes maximum. « Les directives étaient directement transmises par le directeur de la caravane, qui nous indiquait aussi l’affluence sur les points de distribution, afin de gérer au mieux nos stocks d’objets sur l’étape, explique la lieutenante Meriam, de l’EGM de Saint-Étienne-les-Remiremont, chef du détachement. Les temps d’arrêt s’adaptaient au rythme de la course derrière nous. Ils ne duraient parfois que cinq minutes. Au moment du départ, nous relayions le top donné par ASO, en suscitant l’attention grâce à notre deux-tons et en demandant aux spectateurs, par la voix de notre animateur, de rejoindre les bas-côtés. »
Pour les gendarmes de la caravane, la mission était la même : diffuser des messages de prévention et de prudence tout au long de l’itinéraire, afin d’assurer la protection des cyclistes et des spectateurs… Sans oublier bien sûr de saluer leurs camarades mobilisés sur le dispositif de sécurisation de l’épreuve. « La sécurité routière est véritablement un enjeu primordial sur ce type d’événement, d’autant plus quand l’axe n’est pas privatisé. Notre dispositif de sécurité autant que le détachement de la caravane gendarmerie ont pour objectif d’y répondre », insiste le LCL Scherer.
Mais là encore avec quelques différences, comme le remarque Alex, la voix de la caravane : « Il fallait aussi orienter les spectateurs, parfois frustrés par l’absence de distribution le long de la route, vers les zones désignées. »
Contre toute attente, ce nouveau mode de fonctionnement a été l’occasion de créer une plus grande proximité avec les spectateurs. Lors de ces arrêts prolongés, les gendarmes ont en effet pu prendre le temps d’aller à la rencontre des gens, d’échanger avec eux et même de poser pour une petite photo, donnant lieu à de beaux souvenirs.
« Les spectateurs nous ont très souvent témoigné leur soutien lors notre passage. Certains étaient surpris, mais franchement heureux de nous voir. On nous a souvent demandé si nous étions de vrais gendarmes, se souvient la lieutenante Meriam, avant de raconter une anecdote survenue sur la 6e étape. « Quand nous sommes descendus pour distribuer nos goodies et dispenser nos conseils, une dame âgée est venue vers moi et m’a prise dans ses bras en me remerciant, c’était très émouvant. » Et la GND Mélanie de confirmer : « Nous avons eu un bel accueil tout au long du parcours. Les gens venaient vers nous, ils étaient vraiment contents de nous voir et de discuter, dans un autre contexte que celui dans lequel ils ont l’habitude de nous rencontrer. »
Se déroulant sur route fermée, la dernière étape a même permis de concilier une distribution dynamique et des arrêts dans certaines zones d’affluence, pour le plus grand bonheur des spectateurs venus en grand nombre, mais aussi des caravaniers, heureux de multiplier ces moments de contacts privilégiés.
Source: gendinfo.fr