Conducteurs de véhicules, cadres commerciaux, aides à domicile… Des difficultés de recrutement et un déficit potentiel de main-d’œuvre dessineront d’ici à 2030 une carte de France des régions, reflet de leurs spécificités économiques et démographiques. Les régions de l’Ouest et du Sud seront particulièrement touchées.

Les régions allant de la façade atlantique jusqu’au bassin méditerranéen devraient connaître d’ici à 2030 un déficit de main-d’œuvre. Les départs à la retraite des baby-boomers seraient comblés partiellement par les jeunes débutant en emploi dans certaines régions (Île-de-France et Hauts-de-France).

Outre des dynamiques régionales différentes, les difficultés seraient particulièrement marquées dans les métiers où la part des seniors est élevée (conducteurs de véhicules) ou très dynamiques en termes d’emploi (cadres commerciaux et technico-commerciaux).

C’est ce que la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et France Stratégie relèvent dans un rapport sur les perspectives de recrutement en région en 2030 publié le 24 janvier 2023. Ce rapport fait suite à un autre rapport sur les métiers en 2030, qui présentait les métiers les plus créateurs d’emploi au niveau national d’ici à 2030.

Des déficits de main-d’œuvre moins marqués dans les régions intérieures et au Nord-Est

Au niveau national, 5% des besoins de recrutement ne seraient pas pourvus spontanément par les jeunes entrant sur le marché du travail d’ici à 2030.

Au niveau régional, les taux de départ en fin de carrière seraient assez homogènes (entre 26% et 31%). C’est le niveau de postes potentiellement non pourvus qui diverge entre régions.

Si les régions de l’Ouest et du Sud sont dynamiques en termes d’emploi et attractives pour des professionnels provenant d’autres territoires, moins de jeunes y débutent qu’en moyenne nationale.

Les déséquilibres sont moins marqués dans les régions intérieures moins densément peuplées ainsi que dans le Grand Est et les Hauts-de-France en raison de créations d’emploi plus faibles que la moyenne nationale.

Par ailleurs, l’Île-de-France se distingue par :

  • une très forte attractivité pour les jeunes ;
  • les départs nombreux de ses actifs vers les régions atlantiques et méditerranéennes.

Dans le Sud-Ouest et en Auvergne-Rhône-Alpes, entre 6% et 9% des postes à pourvoir d’ici à 2030 pourraient ne pas être comblés par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants du fait d’une dynamique de l’emploi plus forte qu’au niveau national.

L’arrivée d’actifs en emploi venus d’autres territoires serait particulièrement marquée en Bretagne, en Corse, en Nouvelle-Aquitaine, en Pays de la Loire et en Occitanie (4% à 6% des emplois).

Des disparités régionales selon les métiers

Le déficit potentiel de main-d’œuvre à l’horizon 2030 concernerait plus particulièrement certains métiers :

  • sur tout le territoire (agents d’entretien, employés de maisons, aides à domicile), du fait de la faible attractivité pour les jeunes ;
  • ou seulement dans certaines régions (ingénieurs en informatique, sur la façade atlantique et en Occitanie).

Pour d’autres métiers (maraîchers, viticulteurs…), la forte hétérogénéité serait due à des spécificités régionales :

  • dans les deux premières régions agricoles de France (Nouvelle-Aquitaine et Bretagne) ;
  • dans les régions viticoles de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand-Est.

Source: vie-publique.fr