Six individus, appartenant à une organisation criminelle franco-brésilienne tentant de s’implanter en Guyane, ont été écroués, à la suite d’une opération judiciaire déclenchée vendredi 3 février, avec la mobilisation d’un important dispositif de gendarmerie. Un coup d’arrêt porté à cette organisation criminelle, préparé très en amont par un travail d’observation et d’acquisition de renseignements.
En gendarmerie comme en pêche, lorsqu’on attrape des gros poissons, on parle d’un beau coup de filet ! En permettant, à la suite d’une opération judiciaire de grande ampleur lancée vendredi 3 février, l’incarcération de six dangereux malfaiteurs, la gendarmerie a porté un coup important à une organisation criminelle franco-brésilienne. « Nous avons eu ceux que l’on visait, le noyau dur », souligne le général Jean-Christophe Sintive, commandant de la gendarmerie de la Guyane.
Tout a commencé au début de l’année 2022, par des renseignements concordants, provenant notamment de la police fédérale brésilienne et du Centre de coopération policière (CCP) de Saint-Georges, confirmant l’implantation en Guyane d’une organisation criminelle franco-brésilienne extrêmement violente. « Nous avons tout de suite saisi l’importance de comprendre ce phénomène inquiétant, poursuit le général Sintive, et d’anticiper le pouvoir de nuisance d’une telle organisation qui agit sur tout le spectre de la délinquance : vols à main armée, enlèvements avec séquestration, contrebande, trafic d’armes, de stupéfiants… Tout ce qui peut rapporter de l’argent. Un groupe dont l’ambition est de prendre le pouvoir sur la criminalité en Guyane, en recrutant énormément, parfois de force. »
Pour les 24 gendarmes de la Section de recherches (S.R.) de Cayenne, qui ne manquent déjà pas de travail avec, à titre d’exemples, 37 homicides et 460 vols à main armée rien qu’en 2022, ce surcroît d’activité risquait de s’avérer délicat à gérer. « Or il fallait impérativement agir vite, avant que le phénomène ne prenne trop d’ampleur, tuer dans l’œuf leurs velléités de prendre la main, et éviter à tout prix que leur organisation ne devienne tentaculaire », insiste le commandant de la gendarmerie de la Guyane.
Raison pour laquelle une task force de police judiciaire a été mise en place, avec le renfort de militaires de la Force observation recherche (FOR) du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), pendant sept semaines en octobre et novembre, puis d’un Groupe d’observation et de surveillance (GOS) début janvier, ainsi que par sept enquêteurs d’unités de recherches de métropole. « Leur apport a été fondamental, comme l’a aussi été celui du Service central de renseignement criminel (SCRC) pendant tout le mois de novembre », note le général Sintive.
Sur la base des renseignements acquis par cette surveillance technique et physique, le procureur de la République décide l’ouverture d’une information judiciaire pour association de malfaiteurs. « C’est un cas un peu particulier, reconnaît l’officier de gendarmerie. Nous avions déjà de nombreux faits constatés, mais ils ne sont pas à l’origine du dossier. Le procureur a estimé qu’il y avait suffisamment d’éléments concordants pour procéder à une intervention. »
Toujours dans l’optique de prendre de vitesse les criminels, une opération judiciaire de grande ampleur est programmée le vendredi 3 février. Objectif ? Interpeller quasi-simultanément toutes les cibles sur huit sites. Une opération hors normes, engageant plus de 200 gendarmes, dont l’antenne GIGN de Guyane, le peloton d’intervention de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 22/1 de Dugny, tout juste arrivé sur place, des gendarmes mobiles des six autres escadrons engagés en Guyane, des équipes cynophiles, tous les enquêteurs de la task force, ainsi que des officiers de police judiciaire des compagnies de gendarmerie de Kourou, Matoury et Saint-Laurent-du-Maroni.
Au total, quatorze personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Six hommes, cinq Brésiliens et un Français, ont été mis en examen et écroués, dont le chef présumé. « C’est incontestablement un coup porté à leur organisation, mais le travail n’est pas terminé », prévient le général Sintive.
Source: gendinfo.fr