Près de 3 200 membres des forces de sécurité intérieure – essentiellement des gendarmes -, ont été mobilisés ce week-end à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, pour faire face à une nouvelle manifestation interdite par la préfète des Deux-Sèvres. Ce samedi 25 mars, celle-ci a rassemblé entre 6 000 et 8 000 opposants au projet de « bassines », parmi lesquels plus d’un millier d’individus extrêmement violents et organisés, à l’origine de nombreuses actions brutales dirigées contre les gendarmes. Le dispositif a été maintenu cette nuit et ce dimanche pour faire face à d’éventuels nouveaux troubles. Le bilan communiqué par le procureur de la République de Niort ce dimanche 26 mars à 18 heures, fait état de 47 gendarmes blessés.

 

Cinq mois après un week-end émaillé de heurts violents entre les opposants au projet de création de réserves de substitution pour l’irrigation agricole (ou bassines) et les forces de l’ordre, 3 200 membres des forces de sécurité intérieure – essentiellement des gendarmes -, ont été mobilisés ce week-end à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, pour faire face à une nouvelle manifestation.

Interdit par la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, ce rassemblement a vu converger sur le site des centaines d’opposants au projet dès vendredi.

Plus d’un millier de militants radicaux, extrêmement violents et organisés

Afin de faire respecter l’état de droit, et dans un souci de protéger les personnes et les biens, la gendarmerie a déployé un dispositif adapté et renforcé. Au plus fort de la manifestation, près de 3 000 gendarmes, dont vingt escadrons de gendarmerie mobile, des cavaliers de la garde républicaine et des moyens spécialisés, à l’instar des forces aériennes de gendarmerie, ont ainsi été engagés pour assurer la sécurité et l’ordre publics sur cette zone de plusieurs hectares.

En amont de la manifestation, de nombreuses opérations de contrôle ont permis de procéder à d’importantes saisies « d’objets constituant des armes ou des armes par destination », a précisé la préfète des Deux-Sèvres lors d’un point-presse vendredi. Les gendarmes ont ainsi confisqué des boules de pétanque, des frondes, des lance-pierres, des objets contondants, des produits incendiaires, des couteaux, des haches…

Samedi 25 mars, les autorités dénombraient entre 6 000 et 8 000 manifestants sur le site de Sainte-Soline, dont plus d’un millier de militants radicaux, extrêmement violents et organisés, qui ont rapidement cherché à en découdre avec les forces de l’ordre.

Après avoir déjà essuyé quelques actions coup de poing la veille, les gendarmes ont été pris à partie dès samedi matin, par des groupes d’individus encagoulés, équipés et armés, déterminés à rejoindre le chantier de construction de la bassine. Le niveau de violence est monté en puissance jusqu’en milieu d’après-midi. Tandis qu’ils tenaient la position, les militaires ont été la cible de jets nourris de projectiles divers, parmi lesquels des mortiers, des chandelles romaines ou encore des cocktails Molotov… Après deux heures d’affrontement de haute intensité, un calme relatif est revenu sur le site de Sainte-Soline et ses alentours vers 14 h 20. Un deuxième affrontement d’une grande intensité s’est produit vers 16 heures.

« Un déferlement de violence intolérable »

La Première ministre a dénoncé « un déferlement de violence intolérable ». Dans un point de situation effectué en milieu de journée, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin est lui aussi revenu sur « l’extrême violence qui a touché les gendarmes dans le département des Deux-Sèvres », où « malgré l’interdiction de manifestation, des milliers de personnes se sont rendues sur site, dont plus d’un millier de personnes extrêmement radicalisées, extrêmement violentes, parmi eux des black blocks (…), qui s’en prennent aux gendarmes physiquement. (…) Aujourd’hui, devant les images de l’extrême violence que subissent les gendarmes de la République, je veux leur apporter mon soutien total, absolu, leur dire que nous sommes à leurs côtés et que ce déchaînement de violence est absolument inexcusable. »

Après avoir fait état du bilan provisoire à mi-journée du côté des forces de l’ordre et des manifestants, le ministre a également déploré les actions violentes contre « les gendarmes qui ont procédé aux évacuations des manifestants blessés, (qui) ont pour partie d’entre eux été parfois pris à partie par les éléments les plus radicaux, empêchant aussi les opérations de secours et complexifiant l’arrivée des médecins sur le site. » Des actes « absolument inqualifiables » pour Gérald Darmanin, qui « ont retardé les secours. » Le ministre a également annoncé l’interpellation, hier à la mi-journée, d’une quinzaine d’individus.

« Je veux ici redire mon soutien total, non seulement à la préfète des Deux-Sèvres, mais également à l’ensemble des gendarmes, des policiers, des agents de préfecture, des pompiers, des médecins, qui sont sur le site, qui subissent des violences que rien n’excuse », a insisté le ministre de l’Intérieur.

47 blessés dans les rangs de la gendarmerie

Toute la nuit, les gendarmes ont maintenu un dispositif de contrôle de zone et poursuivi les actions de sécurisation des axes routiers. Ce matin, après avoir effectué un ratissage de la zone de heurts pour ramasser les déchets et projectiles, les gendarmes se préparaient pour une nouvelle journée de mobilisation, multipliant notamment les opérations de contrôle et les patrouilles en amont.

Au lendemain de cette première journée particulièrement violente, et tandis que le dispositif était donc maintenu pour faire face à d’éventuelles nouvelles actions, la préfète Emmanuelle Dubéea également salué ce matin, dans un tweet, « l’engagement des gendarmes et des policiers, qui, hier, ont fait face à des individus très violents ».

Le bilan provisoire de cette journée, communiqué par le Parquet, faisait état de 29 blessés parmi les gendarmes, dont deux en urgence absolue, sans que leur pronostic vital soit engagé. Ce dimanche 26 mars, à 18 heures, dans un communiqué de presse, le procureur de la République de Niort indique que « 18 gendarmes supplémentaires ont dû recevoir des soins pour des traumatismes sonores, portant à 47 le nombre de militaires blessés. Les deux gendarmes qui avaient été accueillis en urgence absolue sont désormais en urgence relative. » Il indique par ailleurs que « le bilan des manifestants blessés n’a pas évolué » (7 blessés dont 3 en urgence absolue). Plusieurs véhicules de gendarmerie ont par ailleurs été détruits par les flammes. Pour mémoire, en octobre dernier, 61 gendarmes avaient été blessés, dont 22 sérieusement lors de la manifestation interdite organisée sur ce même site.

Ce dimanche soir, le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, s’est rendu sur le site de Sainte-Soline, où il a rejoint le général de division Samuel Dubuis, commandant la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine, afin de féliciter les gendarmes pour leur sang-froid, leur rigueur et leur professionnalisme lors de cette opération, et leur adresser son soutien, particulièrement aux gendarmes blessés lors de ces affrontements d’une rare intensité. Un contexte difficile que le directeur général a notamment pu évoquer lors de ses échanges avec les militaires présents.

Plusieurs enquêtes ouvertes à la suite de la manifestation

Toujours dans le communiqué diffusé ce dimanche soir, le procureur de la République indique par ailleurs que plusieurs enquêtes ont été ouvertes à la suite de la manifestation qui s’est déroulée à Sainte-Soline ce 25 mars, pour : « organisation de manifestation interdite sur la voie publique ; violences sur militaires de la gendarmerie nationale aggravées ; destruction de biens par moyen dangereux pour les personnes commise en raison de la qualité de personne dépositaire de l’autorité publique de son propriétaire ; fabrication non autorisée d’engin explosif ou incendiaire ; participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations ; et recherche des causes des blessures graves pour les personnes civiles blessées en urgence absolue ».

Il rappelle par ailleurs que onze personnes ont été placées en garde à vue à la suite de contrôles réalisés sur réquisition du parquet de Niort. Dix d’entre elles se sont vu remettre une convocation en justice, la onzième étant encore entendue. Un douzième individu a également été placé en garde à vue hier soir pour des faits de refus d’obtempérer.

Enfin, le communiqué indique que trois autres personnes ont été interpellées ce dimanche. L’une d’elles est entendue par les gendarmes « pour trafic de stupéfiants, toujours dans le cadre des contrôles opérés sur réquisition », et les deux autres « pour participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations pour des actions commises à l’occasion de la manifestation d’hier ».

Source: gendinfo.fr