Le projet de loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 a été présenté au Conseil des ministres du 4 avril 2023. Dans ses voeux aux armées prononcés le 20 janvier 2023 , le chef de l’État avait annoncé une forte augmentation du budget de la défense dans un contexte de guerre en Ukraine.
De la nécessité d’une politique de défense à la remontée en puissance
Depuis l’avènement de la Vᵉ République, la France a élaboré une politique de défense, d’abord nationale, mais inscrite dans le contexte de la Guerre froide et de la création de l’OTAN. Aujourd’hui, la défense et la sécurité nationale s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie de remontée en puissance.
Le président de la République est le chef des armées. Il préside le conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN), qui se réunit régulièrement depuis 2016.
Le service militaire a été suspendu depuis 1997, mais « l’appel sous les drapeaux » peut être rétabli si la défense de la nation le justifie.
Vers le renforcement de l’effort de défense
Renforcement de la dissuasion nucléaire et du renseignement militaire, investissements dans les défenses cyber, sol-air, spatiale et maritime, nouveaux armements, objectif de 105 000 réservistes… Le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 prévoit 413 milliards d’euros de dépenses sur sept ans afin de « transformer » les armées.
Outre le renouvellement des capacités opérationnelles, le ministère des armées a entrepris un effort de modernisation. Cette modernisation participe de la réforme de l’État et vise notamment à dégager des marges de manœuvre budgétaires pour adapter les capacités militaires, notamment les équipements, garantir les normes d’activités et d’entraînement et poursuivre l’amélioration de la condition du personnel civil et militaire.
Le ministère des armées travaille avec 10 grands groupes, 4 000 PME et ETI et 200 000 personnes. Près de 27 000 entreprises sont partenaires du ministère des armées.
Protéger la France et l’Europe : dissuasion nucléaire, autonomie stratégique, lutte contre le terrorisme, renseignement et cybersécurité
Au cours des décennies, la France a fondé sa politique de défense et de sécurité entre autres sur la dissuasion nucléaire (Livre blanc sur la défense nationale de 1972) et la notion d’autonomie stratégique (Livre blanc sur la défense de 1994), élaborée vis-à-vis de l’OTAN. Les menaces identifiées dans le Livre blanc de 2008 se sont amplifiées :
- terrorisme ;
- cybermenaces ;
- prolifération nucléaire ;
- pandémies.
Dans un tel contexte, l’objectif d’une souveraineté maîtrisée concerne les domaines critiques de la dissuasion, l’accès à l’espace, la capacité d’entrer en premier mais aussi le renseignement.
La dégradation du contexte géostratégique a entraîné l’émergence d’une idée d’autonomie stratégique européenne et doit conduire prendre en compte le retour de la notion de guerre à haute intensité, comme en Ukraine.
Opérations extérieures de la France et menaces maritimes dans un contexte géostratégique dégradé
Les opérations extérieures (OPEX) sont devenues une composante structurelle de l’activité opérationnelle des armées françaises, qui ont été engagées dans plus de 100 opérations à l’extérieur du territoire national depuis 1995.
Grâce à son domaine maritime de plus de 10,2 millions de km², le deuxième dans le monde, la France est présente dans tous les espaces stratégiques. Les enjeux liés aux espaces maritimes sont amenés à prendre de l’importance dans les années à venir : sécurisation des principaux axes maritimes, montée en puissance de flottes de guerre extra-européennes, compétition pour la délimitation des espaces maritimes…
Parmi les nouveaux espaces de conflictualité, les espaces aéromaritimes et les grands fonds marins doivent être pris en compte dans les efforts d’adaptation de la France à un contexte géopolitique considérablement dégradé.
Livres blancs et revues stratégiques
Le Livre blanc sur la défense de 1972 a posé les principes de la politique de défense de la France ainsi que les bases de la stratégie de dissuasion nucléaire.
Depuis les années 1990, il est habituel de faire précéder la LPM par un exercice prospectif sous la forme d’un Livre blanc (1994, 2008, 2013) ou d’une Revue stratégique (2017, 2022). Ces textes définissent l’ambition pour les six ou sept ans à venir ou des notions directrices, comme l’autonomie stratégique en 1994.
La pandémie de Covid-19 et un contexte international complexe on rendu nécessaire en 2021 une actualisation stratégique de la revue de 2017.
Le retour d’une guerre de haute intensité sur le territoire européen, en Ukraine, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, confirme les orientations adoptées précédemment et réaffirmées dans la Revue stratégique de 2022.
Le cybersespace étant « un champ de bataille à part entière« , une première Revue stratégique de cyberdéfense a été élaborée en 2018.
Source: vie-publique.fr