Un séisme d’une magnitude de 6,8 a touché de plein fouet le Maroc le 8 septembre dernier, faisant plusieurs milliers de victimes. Affecté là-bas comme Attaché de sécurité intérieure adjoint (ASIA), le chef d’escadron Erwan Moysan revient sur cette catastrophe et le rôle joué par le Service de sécurité intérieure (SSI) de l’ambassade de France dans la réponse apportée aux résidents et aux touristes français sur place.
Ce vendredi 8 septembre, il est 23 h 11, et le match de rugby France/Nouvelle-Zélande vient de se terminer lorsqu’une secousse d’une force sans nom traverse toute une partie du Maroc. « J’étais chez des amis à Rabat, soit à deux heures d’avion de l’épicentre. L’onde était tellement intense que les gens sont sortis en panique de leurs habitations et se sont regroupés dehors », décrit le chef d’escadron Erwan Moysan, affecté depuis deux ans au Service de sécurité intérieure (SSI) en qualité d’Attaché de sécurité intérieure adjoint (ASIA). « J’ai aussitôt appelé les consuls généraux des villes susceptibles d’être les plus impactées (NDLR : la France dispose de six consulats au Maroc). Celui de Marrakech m’a expliqué que sa résidence était partiellement fissurée et qu’une partie duplafond avait commencé à s’effondrer. » L’officier réalise alors l’ampleur de la catastrophe que vient de subir le Maroc. Pour mémoire, le dernier tremblement de terre, survenu en 2004, a fait plus de 600 morts à Al Hoceïma, et le dernier séisme aussi violent dans le pays remonte à 1960 et a fait plus de 12 000 victimes.
Une cellule pour gérer la crise
« Le Maroc est confronté à une jonction des plaques tectoniques au nord et à d’énormes failles au niveau de l’Atlas. C’est l’une de ces failles qui s’est rompue, provoquant un séisme impossible à détecter en amont », explique le chef d’escadron. Celui-ci connaît bien le continent africain, puisqu’il y a passé une partie de son enfance et y est retourné pour des opérations extérieures, notamment en Afghanistan et en Centrafrique. Grâce à ces missions à l’international, il a pu acquérir de solides compétences en gestion de crise, renforcées par ses différents postes en gendarmerie mobile et départementale. Des qualités qui vont lui servir ce soir-là. « Nous sommes formés pour gérer les crises, c’est un retour aux fondamentaux. Dans un premier temps, j’affine le renseignement et je rends compte à mes autorités. Rapidement, l’Ambassadeur décide d’ouvrirune ligne téléphonique d’urgence et la mise en place d’une cellule de crisepour localiser les Français, assurer la prise en charge médicale et psychologique des victimes et organiser si besoin leur rapatriement,en lien avec le Centre de crise et de soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. »
Les premières informations confirment que l’épicentre du séisme se trouve à Al Haouz, dans le Haut Atlas. « C’est une région appréciée des randonneurs, notamment pour gravir le mont Toubkal, et c’est situé à la croisée de trois villes touristiques majeures : Marrakech, avec sa Médina, Taroudant et Ouarzazate. » Dès lors, les services de l’ambassade s’attendent à ce qu’il y ait des touristes parmi les victimes. « Grâce aux recoupements entre les voyageurs inscrits sur le fil d’Ariane et les derniers vols en provenance de France, nous savons qu’environ 15 000 Français se trouvent aux alentours de l’épicentre. Les consulats générauxsont submergés d’appels de victimes, mais aussi de familles en France sans nouvelle de leurs proches. »Il faut dire que les Français affectionnent particulièrement le Maroc, puisqu’ils sont plus de 100 000 à s’y être installés et plus de trois millions à visiter le pays chaque année.
La participation active du SSI
Dans les premiers jours qui suivent le séisme, les personnels du SSI, chargés notamment de la sécurité des Français au Maroc, sont à pied d’œuvre. « Le pic de la crise va durer 72 heures, et nous travaillonssans discontinuer les 36 premières heures. Nous avons avant tout le souci de bien nous coordonner et d’assurer la remontée de l’information, en coopération constante avec les forces de sécurité marocaines, avec qui nous entretenons des liens étroits. Chacunapporte son expertise (NDLR : le SSI est formé de personnels de la police et de la gendarmerie nationales, de la sécurité civile et de plusieurs spécialistes coopérants) et se révèle force de propositions auprès de l’Ambassadeur, pour le déblaiement, la recherche des personnes disparues, le secours aux victimes ou encore leur médicalisation. »