Depuis 37 ans, les hommes du groupe de protection de la Gendarmerie de l’Armement (GARM) assurent la sécurité des hautes autorités de la Direction générale de l’Armement (DGA). Une fonction cruciale, exigeant résistance et capacité opérationnelle de haut niveau.

Le 25 janvier 1985, le général René Audran, directeur des affaires internationales de la Direction générale de l’Armement (DGA), est assassiné devant son domicile de La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines, par des membres du groupe armé d’extrême gauche Action directe. C’est alors que s’impose la nécessité d’assurer la protection de certaines autorités de la DGA. La mission, dans un premier temps confiée à différents services de police et de gendarmerie, sera finalement attribuée à la Gendarmerie de l’Armement (GARM), sur décision du délégué général pour l’Armement. Le 1er décembre 1986, le Groupe de protection (G.P.) de la GARM est ainsi créé.
Aujourd’hui constitué de dix-huit militaires triés sur le volet, et issus des différentes subdivisions d’arme de la gendarmerie nationale, le groupe de protection de la GARM a pour mission principale d’assurer la protection rapprochée et la sécurité des trois hautes personnalités de la DGA, que sont le délégué général pour l’Armement, le directeur adjoint, ainsi que le directeur du développement international.
« Nous accompagnons les hautes autorités de la DGA dans tous leurs déplacements, que ce soit sur la plaque parisienne, en province, en outre-mer, ou à l’étranger. Les gendarmes du groupe de protection peuvent également, à la demande de la DGA, prendre en charge la protection de délégations ou d’autorités étrangères sur le territoire français lors d’événements d’ampleur, à l’instar des grands salons de la Défense », explique le capitaine Tony B., à la tête du groupe de protection depuis maintenant trois ans.
Une circulaire portant sur la protection d’autorités par des militaires de la gendarmerie, publiée en 2021, définit trois niveaux de protection. Le deuxième niveau – protection intermédiaire – auquel se rattachent les missions du G.P. s’inscrit dans le cadre d’une menace diffuse ciblant l’autorité. « Il s’agit d’assurer de façon permanente sa protection physique au cours de ses déplacements et sur les emprises, en exécutant simultanément des missions de recueil ou d’appui lorsque cela est nécessaire et – le cas échéant – de l’évacuer », précise le texte.

Une préparation minutieuse

C’est depuis le siège de la gendarmerie de l’Armement, implanté sur le site du Fort de Montrouge, à Arcueil, dans le Val-de-Marne, que le capitaine Tony B. dirige une équipe de dix-sept personnes. Épaulé par deux adjoints, il organise les missions de A à Z. « Dès réception des plannings hebdomadaires des trois autorités, qui me parviennent quelques jours en amont, je me charge de l’affectation des ressources, en cohérence avec la nature de la mission et le nombre de sites visités au cours de celle-ci, lesquels déterminent le niveau de risque. Selon la mission, il m’est également possible de compléter le dispositif en sollicitant des renforts sur place, tels que des motocyclistes d’autres unités de gendarmerie », précise t-il. Lui aussi participe aux missions opérationnelles, aux côtés de ses hommes. Pour cet ancien commandant de Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG), l’intérêt du poste réside pour partie dans sa dimension transversale. « Nous travaillons en lien avec une multitude d’intervenants, issus d’horizons variés, dans un rayon géographique très étendu. Ces conditions diffèrent de celles rencontrées en gendarmerie classique. »
Capitale, la phase préparatoire de la mission représente environ 75 % du temps global. Dans un premier temps, le groupe procède à une analyse sur plan. Un ou plusieurs membres du G.P. sont ensuite projetés sur place pour effectuer une reconnaissance des lieux et un recueil d’informations. « L’objectif est de sécuriser le site ainsi que ses abords durant la visite de l’autorité, en lien avec nos interlocuteurs. Nous identifions les flux, les parcours, l’organisation des espaces, la position des différents intervenants ou encore l’emplacement du poste de secours… Nous déterminons dans les moindres détails le déroulé de la visite afin que le jour J, tout se déroule de manière parfaitement fluide. Chaque déplacement fait l’objet d’un travail préparatoire méticuleux. Rien ne doit être laissé au hasard », explique le chef du groupe.
Les déplacements à l’étranger, quant à eux, requièrent une logistique complexe, et des actions sont menées en coopération avec des intervenants pluriels, de statut militaire ou civil. « Dès que nous prenons connaissance du programme, nous nous rapprochons de l’attaché de défense de l’ambassade de France du pays dans lequel nous nous rendons, afin de nous coordonner. Le port d’arme est également soumis à autorisation préalable auprès du pays concerné. La gestion du transport peut s’avérer problématique, dès lors que nous empruntons la voie aérienne civile. » Autant de points décisifs à gérer, dans un délai généralement très contraint. Chacun des dix-huit militaires du groupe de protection est habilité à intervenir à n’importe quelle étape de la mission, de la préparation à l’exécution, quel que soit le terrain d’intervention.

Discrétion et technicité

Discrétion oblige, c’est en tenue civile que s’effectue la protection d’autorité. Seul un insigne de boutonnière permet aux militaires du groupe de protection d’être reconnus par les membres de la DGA, ainsi que par les services de gendarmerie et de police. Peu imposant, le matériel des gendarmes du groupe de protection se résume à certains équipements spécifiques de défense (armes, mallette pare-balles…). Le dispositif humain, dont le dimensionnement varie selon la mission, s’articule autour de l’officier de sécurité se trouvant au plus près de la personnalité tout au long du déplacement. « Il s’agit de l’élément central. Autour de lui se déploient et gravitent les autres acteurs du dispositif. L’un d’eux est chargé de coordonner la mission. Tous sont reliés par contact radio. Les déplacements s’effectuent pour la plupart en voiture ou à moto banalisée, explique le capitaine Tony B. Notre approche conjugue discrétion et technicité. Il est avant tout question d’anticipation, d’adaptabilité, de coordination ou de placement, et non d’une démonstration de force. En cela, notre posture se distingue des modèles américain et anglo-saxon. Un point d’autant plus important que nous intervenons fréquemment dans un cadre civil. » À l’inverse des unités d’intervention, dont l’action consiste à neutraliser le danger en allant à son contact, le groupe de protection s’en éloigne afin de mettre l’autorité en sécurité. Sa mission s’inscrit dans un partenariat avec l’autorité protégée, également partie prenante de sa sécurité, sans oublier la prise en compte de son entourage proche.

Un large éventail de compétences physiques et techniques

Résistance physique, sang-froid, facultés d’adaptation, autonomie ou encore diplomatie sont des compétences indispensables pour intégrer le groupe de protection des hautes autorités de la DGA.
Recrutés sur appel à volontaires parmi les sous-officiers de gendarmerie expérimentés, les candidats sont testés durant trois jours sur des critères à la fois physiques et techniques. Les épreuves sont conduites par les militaires du groupe de protection.
« Les hommes sont évalués en milieu terrestre et aquatique. Nous examinons leur combativité, leur capacité de réaction, leur aptitude au tir, mais également leur niveau linguistique ou leurs compétences en secourisme. Des exercices de mise en situation nous permettent de balayer les principaux critères. Des entretiens avec une psychologue, ainsi qu’avec les membres du groupe de protection viennent compléter les tests de sélection, révèle le capitaine Tony B. Nous privilégions un format court, mais cadencé, de façon à mesurer la résistance des candidats. Ce point est essentiel dans le cadre de certaines de nos missions, notamment lors des déplacements à l’international. La sélection des candidats s’inscrit dans une démarche collégiale, à laquelle chaque membre du groupe de protection est invité à prendre part. »
Une fois sélectionnée, la nouvelle recrue est affectée à l’unité. Elle suit alors un socle de formations obligatoires : formation PITN (Protection Intermédiaire sur le Territoire National) auprès du GIGN, conducteur d’autorité, Explosive ordnance reconnaissance (EOR), sûreté et secourisme. Des formations complémentaires pourront également lui être proposées par la suite (permis moto, ORFA, protection du secret…).
Afin de maintenir leur pleine capacité opérationnelle, les membres du groupe de protection sont soumis à un entraînement régulier dans chacun des domaines de compétences requis, auquel s’ajoutent des exercices dynamiques en situation dégradée, ainsi que des recyclages fréquents visant la revalidation de leurs savoirs opérationnels.

Source: gendinfo.fr