Sur la base d’une enquête déclarative menée depuis les années 1990, Santé publique France présente les évolutions de la consommation d’alcool en France. Malgré une baisse sur la longue durée, des actions de prévention demeurent nécessaires, avec une vigilance particulière concernant les profils à risque parmi les consommateurs.

Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 23 janvier 2024, Santé Publique France publie une étude sur « la consommation d’alcool des adultes en France en 2021, évolutions récentes et tendances de long terme. » Sur une longue durée, l’étude observe les évolutions suivantes :

  • sur les trente dernières années, le nombre de buveurs quotidiens a été divisé par trois, celui des buveurs hebdomadaires par 1,6 ;
  • mesurée depuis vingt ans, l’alcoolisation ponctuelle importante (API), proche du binge drinking) est un phénomène bien installé.

Pourtant, malgré cette tendance globale à la baisse, principalement du fait de la diminution progressive de la consommation de vin, « la consommation d’alcool reste très élevée en France. »

Les consommations déclarées

Entre 2010 et 2021, le nombre moyen de jours de consommation par an a baissé de 103 à 92 jours, pour 2,2 verres en 2021. Les 18-24 ans consomment le plus mais avec une fréquence moindre (3,2 verres par jour, 64,3 jours par an) ; les 65-75 ans consomment moins mais plus souvent (1,6 verre par jour, 123,7 jours par an).

Les 10% des 18-75 ans les plus consommateurs « consomment à eux seuls 54% de l’alcool consommé. »

39% des adultes ont une consommation hebdomadaire, une proportion qui s’établissait à 62,6% en 2000. La consommation quotidienne concerne 8% des adultes, en baisse par rapport à 2017 (10%). Cette proportion est de 12,6% chez les hommes, contre 3,8% pour les femmes.

Les consommations hebdomadaire et quotidienne diminuent chez les hommes de plus de 55 ans, et les femmes de plus 45 ans.

Les alcoolisations ponctuelles importantes

La fréquence des API est de 35,4% dans l’année, 16,5% chaque mois, 4,7% chaque semaine.

À cet égard, on observe une stabilité des API chez les hommes depuis 2005, tandis que chez les femmes, la prévalence des API est en hausse, au cours d’une année (+4,6% d’API) ou hebdomadairement, en particulier dans la tranche d’âge 35-44 ans. L’étude note un rapprochement du comportement des femmes de celui des hommes vis-à-vis de l’alcool, en convergence avec un certain nombre d’évolutions sociétales, ainsi qu’avec un « marketing agressif visant le public féminin. »

Parmi les 18-24 ans, 11,4% des hommes et 5,1% des femmes connaissent des API hebdomadaires.

Disparités sur le territoire

La consommation d’alcool (18-75 ans) au niveau régional se caractérise par:

  • une fréquence de la consommation quotidienne élevée en Nouvelle-Aquitaine (10,2%) et Occitanie (11%), la moyenne nationale étant à 8% ;
  • une part de consommateurs ayant des API mensuellement de 21,6% en Bretagne et 22,6% en Pays de la Loire, la moyenne nationale étant à 16,5%.

Un coût social élevé

Le coût social de la consommation d’alcool est évalué à plus de 100 milliards d’euros en 2019 en France. Or, « la France n’est pas dotée d’un plan national de lutte contre les dommages liés à l’alcool« , bien que chercheurs et experts « rappellent la nécessité d’adopter des mesures » pour limiter l’accessibilité de l’alcool et l’importance de la publicité, ou pour informer sur les risques.

Source: vie-publique.fr