L’équipe de France de cyclisme sur piste compte dans ses rangs deux Sportifs de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G), les maréchaux des logis Melvin Landerneau et Timmy Gillion, tous deux en lice pour les Jeux Olympiques de Paris. Rencontre à l’heure de l’entraînement, au vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Jeudi 25 janvier, 10 heures, vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Sur les lattes en bois de pin de Sibérie, les vélos noirs filent à plus de 60 km/h, semblant presque léviter. Peut-on parler de vélos d’ailleurs pour décrire ces bijoux de technologie, coûtant près de 10 000 euros ? Pesant un peu moins de 7 kilogrammes, soit le poids minimum fixé par l’Union cycliste internationale, ces deux-roues sont profilés comme des avions de chasse, équipés de pignons fixes obligeant à pédaler en permanence, et bien sûr dépourvus de freins, parce que ça ne sert à rien !

À tour de rôle, les membres des équipes masculine et féminine de vitesse du Pôle France se succèdent sur la piste ovale, au son des « allez ! allez ! » de Grégory Baugé, entraîneur principal du sprint, dont la voix résonne sous la charpente du vaisseau amiral de la Fédération française de cyclisme. Surnommé « le tigre », neuf fois champion du Monde et quadruple médaillé olympique, il a été nommé à ce poste le 1er décembre 2022, avec pour mission de faire monter les pistards français sur les podiums olympiques. Les entraînements et les compétitions de ces premiers mois de l’année doivent lui permettre de choisir ceux qui revêtiront le dossard bleu aux J.O.

« Quand je termine, je suis mal ! »

Champion d’Europe et vice-champion du Monde du kilomètre en 2022, Melvin Landerneau est, à 26 ans, l’un des hommes forts de l’équipe de France de vitesse. Il est aussi gendarme, plus exactement Sportif de haut niveau de la Défense – gendarmerie (SHND-G). Au sortir d’un bon championnat d’Europe, où il a récolté le bronze sur l’épreuve du kilomètre, Melvin est en forme et en confiance. « C’est de bon augure pour la suite, et ça vient récompenser le travail effectué », glisse-t-il. Melvin enchaîne les séances de long sprint avec des petits braquets. « L’acide lactique monte assez vite, on met moins de puissance, mais les jambes tournent plus vite. Ce ne sont pas forcément les séances d’entraînement que je préfère, mais ça permet de travailler la vélocité et la résistance à l’effort. Et le travail fourni pendant l’hiver sera essentiel pour obtenir des résultats en été. »

Son camarade Timmy Gillion, égalementSHND-G depuis l’an dernier, est soumis au même régime ce matin. « Janvier-février, c’est la période habituelle pour faire ces séances lactiques. Je pousse l’effort pour aller dans des zones où je n’ai pas forcément l’habitude d’aller. Et quand je termine, je suis mal ! » À 21 ans, Timmy est le dernier arrivé dans l’équipe Élite, avec laquelle il a déjà été deux fois vice-champion d’Europe, en 2021 à Granges, en Suisse, et en 2022 à Munich, en Allemagne. Il ne fait pas forcément partie des favoris pour la qualification pour les Jeux Olympiques de Paris, mais aura de bonnes chances de participer à ceux de Los Angeles en 2028. Mais ça ne l’empêche pas de se donner à fond et de jouer crânement sa chance. « Contrairement aux autres, je ne serai pas engagé sur les deux épreuves de coupe du Monde qui approchent, mais ce n’est pas pour autant que je vais me tourner les pouces ! C’est le moment de montrer ma valeur. Les Jeux, c’est très important évidemment, et on a tous envie d’y être, mais l’accomplissement pour moi, c’est déjà d’être en équipe de France, et en plus en tant que représentant de la gendarmerie ! Il y aura d’autres compétitions après les J.O., à commencer par les championnats du Monde de cyclisme sur piste (NDLR : du 16 au 20 octobre 2024, dans la banlieue de Copenhague, au Danemark). »

« Un sport mécanique de haute précision »

Six jours sur sept, les membres de l’équipe de France s’entraînent donc dans ce vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui accueillera les épreuves de cyclisme sur piste des J.O., du 5 au 11 août. Un avantage ? « Ce n’est pas ma piste préférée, mais oui, ça va nous permettre d’avoir un peu plus de repères que les autres, de connaître les bons endroits pour accélérer, les braquets à utiliser », estime Timmy.

Rien n’est laissé au hasard. Chaque entraînement est filmé, et des capteurs de puissance sur les machines transmettent des centaines de données à la seconde. Tout est enregistré, compilé, analysé… « Le cyclisme sur piste est un sport mécanique de haute précision, souffle Melvin en descendant de sa monture. Ça se joue à des détails, pour gagner quelques millièmes de secondes. Nos vélos sont adaptés, réglés, en fonction des profils, des aptitudes, des forces et des faiblesses de chacun. »

Il n’y aura que trois qualifiés chez les hommes, plus un remplaçant qui ne participera qu’en cas de pépin d’un titulaire. Nos deux gendarmes à vélo sont donc en concurrence, et seul l’un d’eux, dans le meilleur des cas, défendra les couleurs de la France. « On a besoin de cette émulation pour progresser, explique Melvin. On travaille tous ensemble, et ça se passe très bien. On a la chance de pratiquer une discipline dont le seul juge est un chronomètre. Il n’y a pas de place pour le favoritisme. Ceux qui roulent le plus vite iront aux Jeux Olympiques. »

Source: gendinfo.fr