Les 64 compagnies républicaines de sécurité (CRS) et les 116 escadrons de gendarmes mobiles (EGM) constituent une réserve nationale déployable sur tout le territoire français pour des missions de maintien de l’ordre ou de sécurisation. Le point sur ces unités avec les dernières observations de la Cour des comptes.
La Cour des comptes a publié, le 3 avril 2024, des observations sur « les forces mobiles » en France depuis 2017. Le document de la Cour des comptes révèle des défaillances dans leur gestion et avance des pistes pour y remédier.
Des missions de plus en plus complexes et diverses
En 2022, la France compte 11 164 CRS et 12 502 gendarmes mobiles, des effectifs stables depuis dix ans.
Dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) lancée en 2008, les réductions d’effectifs au ministère de l’intérieur se sont concentrées sur les unités de force mobile (UFM). Aujourd’hui, la fréquence des épisodes de maintien de l’ordre soutenus, leur intensification, leur extension à l’ensemble du territoire et la radicalisation de certaines franges protestataires accentuent la nécessité de disposer en nombre des forces spécialement formées à la gestion de ces mouvements.
Les UFM font l’objet d’un emploi intense, avec des pics d’activité (gilets jaunes en 2018-2019, réforme des retraites au premier semestre 2023, émeutes urbaines en juin 2023…). Elles assurent aussi des missions permanentes parfois éloignées de leurs compétences spécifiques (gardes statiques, lutte contre l’immigration clandestine…).
Or, le schéma national du maintien de l’ordre (2021) :
- prévoit des outils permettant d’améliorer les relations entre les forces de sécurité et les organisateurs de manifestation et de favoriser une désescalade ;
- encadre l’usage des armes de force intermédiaire (lanceurs de balles de défense…) ;
- vise à mieux prendre en compte la présence de journalistes lors des missions.
Cependant, les règles d’emploi et de répartition des forces mobiles n’ont pas changé. L’unité de coordination des forces mobiles (UCFM) analyse les demandes transmises par les préfets de zone de défense et de sécurité et propose les affectations quotidiennes au ministre de l’intérieur. Mais, le faible effectif et les moyens numériques vieillissants de l’UCFM limitent sa capacité à répondre aux besoins réels.
Une gestion à optimiser et des moyens à préserver
La carte des casernements permanents n’est plus adaptée aux besoins territoriaux d’emploi des forces mobiles, ce qui induit de forts coûts de déplacements. Sur leur lieu de mission, les unités sont hébergées en hôtel ou dans des cantonnements de passage, peu nombreux et situés hors des zones d’exercice des missions.
La formation des UFM les maintient à niveau face à une menace en constante évolution. Mais, leur suremploi oblige à renoncer ou à écourter des formations.
Le plan de relance de 2020 a permis à la gendarmerie d’engager le renouvellement de son parc de blindés (programme Centaure). Des doutes entourent toutefois l’adéquation de ces blindés, plus lourds et coûteux que les précédents, à leur usage réel.
La Cour recommande :
- d’actualiser les conditions d’emploi des UFM pour accroître leur mobilité et leur réactivité;
- de renforcer l’effectif de l’UCFM et de moderniser son équipement ;
- de n’affecter les forces mobiles à des opérations annexes qu’en cas de mission prioritaire;
- d’établir un plan de réallocation des cantonnements ;
- de poursuivre la mutualisation des entraînements entre CRS et gendarmes mobiles.
Source: vie-publique.fr